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Croisière : « C’est aujourd’hui que se joue une grosse partie de la décennie »

Après deux années de pandémie « dramatique » pour le secteur et alors que les niveaux de réservations de 2022 sont encourageants, les professionnels de la croisière ne veulent pas laisser passer l’opportunité du rebond. Pour le Tahiti Cruise Club, il faut que la Polynésie profite de la recomposition de « l’échiquier » mondial pour attirer davantage d’activité.

Lire aussi : La compagnie Variety Cruise se lance sur le marché polynésien

Provoquer la relance plutôt que de l’attendre. C’est le message du Tahiti Cruise Club, association des professionnels et acteurs du secteur, qui tenait la semaine passée son assemblée générale. Pas de surprise sur le bilan des années 2020 et 2021, l’activité de croisière s’est effondrée : un nombre d’escales divisé par 3 à 5 suivant les îles, un nombre de passagers divisé par 10 sur l’ensemble du fenua, des retombées estimées à 2,1 milliards l’année passée contre 15,7 en 2019… La Polynésie, stratégie d’ouverture oblige, s’en sort « mieux que de nombreuses autres destinations » mais n’échappe pas au marasme mondial de l’industrie. Ce coup de frein représente « des conséquences dramatiques pour tout un écosystème d’activité, notamment dans les îles », détaille ainsi Stéphane Renard, coordinateur du cluster. Prestataires, transporteurs… Tous ceux qui avaient investi dans le matériel se sont retrouvés dans l’impossibilité de le rentabiliser, de le rembourser… Ils se sont mis en sommeil, mais ça a été extrêmement dur ».

© Tahiti Cruise Club

Mais plutôt que les chiffres du passé, ce sont ceux de l’avenir qui ont retenu l’attention des professionnels. Et ils sont plutôt source d’optimisme : avec 1 103 escales programmées, 2022 pourrait faire mieux que 2019, année pourtant record. Une reprise « vigoureuse », donc, mais aussi « confuse » pour le Tahiti Cruise Club. « On est encore soumis à des restrictions sur la mobilité, des risques d’épidémie dans un pays ou dans un autre ou chez certains opérateurs », reprend Stéphane Renard. Parmi ce millier d’escales, beaucoup ont donc un risque d’être annulées, pour cause de risque sanitaire ou parce que « les opérateurs n’arrivent pas à remplir leur navire ». Car la crise a laissé des traces sur les taux de remplissage, passés de près de 95% en 2019 à environ 60% cette année.

Seule certitude au vu de ces prévisions : la Polynésie continue d’attirer les paquebots. Il faut dire que beaucoup de marchés du Pacifique n’ont pas encore rouvert leur portes. Pour le Tahiti Cruise Club, il s’agit donc d’être « proactif » dès aujourd’hui. D’autant que la crise a redistribué les cartes du secteur : certaines compagnies font faillite, d’autres émergent ou se repositionnent – comme Variety Cruise, qui va faire son arrivée au fenua – et beaucoup d’équipes dirigeantes se sont renouvelées ces deux dernières années… « Il faut se faire connaître auprès des nouveaux décideurs, refaire ce lien avec le secteur, aller voir les compagnies qui se posent des questions sur la position de leur navire dans les années qui viennent », reprend Stéphane Renard.  Dans une industrie où les programmes sont souvent définis plusieurs années à l’avance, « c’est aujourd’hui qu’une grosse partie de la décennie se joue ». « Il faut que la Polynésie soit présente sur cet échiquier-là », martèle le coordinateur.

Le Tahiti Cruise Club compte donc bien être particulièrement visible, dans les prochains mois, dans les grands rendez-vous mondiaux de la croisière, et notamment au Seatrade de Miami fin avril. L‘occasion, bien sûr d’échanger avec des compagnies pas encore – ou plus – présentes au fenua. L’occasion surtout, d’encourager les armateurs à positionner des navires en « tête de ligne » en Polynésie. Ces navires qui, pour quelques mois ou plusieurs années, effectuent des rotations à l’intérieur de la Polynésie, restent la « priorité absolue » du cluster. « Pour chacun de ces bateaux, ce sont 6 ou 10 escales assurées, des avions internationaux remplis, de l’approvisionnement et de l’activité portuaire, des nuitées en hôtels, parfois des produits made in fenua à bord », reprend Stéphane Renard. Mais la compétition, sur le sujet est rude et mondiale. Plus que sur le relationnel, elle se fait sur les garanties techniques – le nouveau terminal de Papeete devrait pouvoir aider – logistiques, sanitaires, et sociales.

Au menu des discussions des professionnels du secteur figurait donc aussi « l’acceptabilité ». La croisière est un objet de débat permanent, notamment en ce qui concerne ses retombées environnementales. En dehors de la communication sur les retombées économiques et fiscales de la croisière, le Tahiti Cruise Club insiste sur la taille des bateaux réduite en Polynésie – 450 passagers en moyenne, loin de la moyenne nationale. Le témoin d’un « modèle choisi », pointe le cluster. « En matière d’équilibre, néanmoins, il serait souhaitable d’être plus offensif sur les navires de capacités entre 600 et 1 200 pax, dont les retombées sont plus adaptées pour certaines îles (notamment IDV et ISLV), même s’ils moins nombreux dans le monde », précise le collectif.

 

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