ACTUS LOCALESCOMMUNESPOLITIQUE

Croisière : Rapa craint d’être « noyée par les touristes »

©Aranui

En 2026, Rapa verra débarquer un nouveau cargo mixte sur la ligne des Australes, ce qui doublera la capacité de fret, mais aussi de transport de passagers. Dans le même temps, Aranui Cruises prévoit de mettre en service son Aranoa, qui s’est vu accorder une licence pour au moins 16 rotations annuelles. « Sans nous demander notre avis », regrette le tavana de Rapa, qui craint pour le mode de vie de son île. Il espère aborder le sujet avec le gouvernement mais aussi le PDG d’Aranui Cruises pendant la visite gouvernementale, en cette fin de semaine.

Lire aussi : Centrale hybride, eau potable, concasseur, complexe sportif… La liste de course de Rapa

Le tavana de Rapa, Tuanainai Narii, s’apprête à accueillir une partie du gouvernement ce jeudi, pour un peu moins de deux jours de visite. L’occasion de présenter les projets de sa commune. Mais aussi de manifester l’inquiétude de sa population, face à un important afflux touristique attendu pour 2026. Dépourvue d’aéroport, l’île de Rapa est connectée au reste du pays par le Tuha’a Pae IV, cargo mixte dédié à la desserte des Australes depuis 2012. Un bateau qui doit être remplacé, en 2026 par l’innovant Na Hiro e Pae. Il permettra notamment à la Société de navigation des Australes de doubler sa capacité de fret, mais aussi de transport de passagers, passant de 98 places maximum à 199.

Une bonne nouvelle pour la population, puisqu’actuellement, « lorsque le bateau transporte du gaz et de l’essence, le nombre de passagers maximum baisse de 98 à 25 » rappelle Tuanainai Narii. « Ça impacte vraiment le transport de passagers ». L’arrivée programmée d’une nouvelle goélette plus importante était donc vue comme une façon de « résoudre difficilement ce problème de transport ».

Pour autant, la question reste épineuse sur Rapa. Puisque l’effet inverse pourrait se faire ressentir, là aussi en 2026, avec le lancement d’une nouvelle desserte par un autre bateau, l’Aranoa, que la SAS Aranui Cruises fait construire en ce moment même dans des chantiers chinois. Celle-ci a obtenu, début 2023, une licence d’exploitation pour desservir les Australes au moins 16 fois par an, avec jusqu’à 200 passagers à son bord.  « Il y a une vraie volonté des habitants et des autorités de faire découvrir leurs îles, leur culture », expliquait, fin 2023, le PDG Philippe Wong.

« Pas plus de deux voyages par an » sinon « adieu le mode de vie communautaire »

Comme le racontent nos confrères de TNTV dans un sujet publié ce mercredi, la population de Raivavae semble en effet impatiente d’accueillir ce flux de touristes. À Rapa en revanche, cette programmation inquiète. « Le précédent gouvernement a accordé la licence sans même nous demander notre avis », dénonce tavana Tuanainai Narii au micro de Radio 1. Celui-ci précise avoir lui-même consulté sa population : « et elle répond ceci, pas plus de deux voyages par an, sinon nous allons être noyés par les touristes ». Le maire a déjà évoqué le sujet avec Moetai Brotherson, et rencontré Philippe Wong, à qui il a déjà « dit toute (sa) réticence » et celle de l’influent Conseil de sages, le Toohitu.

« Entre 16, voire 22 voyages par an », reprend le maire, « ça fait beaucoup trop, ça fait beaucoup trop.. Par rapport à notre tranquillité, notre façon de vivre… Ça va complètement bouleverser notre mode de vie, tu pourras dire adieu à la vie communautaire ».

D’après l’élu, d’autres maires des communes des Australes, « bien contents lorsqu’on a annoncé ça », seraient en train « de commencer à reculer », face au nombre de touristes estimé. « Aux Australes Nord, cela pourrait faire 400 visiteurs par mois, uniquement avec 50% de remplissage.. »

Un conseil des ministres… et une discussion avec Aranui Cruise

« Tout se fera dans la discussion, tout sera modulable », notait le patron de Aranui Cruises fin 2023, au sujet de la particulière Rapa. Les deux hommes ont justement à nouveau échangé ce mercredi et devraient se revoir durant la visite gouvernementale, qui arrivera à Rapa via… l’Aranui. « Nous sommes bien d’accord qu’il faut se mettre autour d’une table et en parler en présence du gouvernement, il va falloir qu’on trouve un créneau », martèle Tuanainai Narii.

Article précedent

Santé : des préavis de grève déposés à Taaone et Paofai

Article suivant

Les Tiki Toa remportent l’OFC Beach Soccer Nations Cup et se qualifient pour la coupe du monde

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Croisière : Rapa craint d’être « noyée par les touristes »