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Cyclones : décembre et janvier « à surveiller »


Avec le retour du phénomène El Niño, Météo France entrevoit un risque cyclonique « plus élevé que ces dernières années » dans la saison chaude à venir, et notamment pendant ses premiers mois. Les précipitations, elles aussi, seront au rendez-vous et les risques de crues et d’inondations aussi, avec cette fois un pic prévu entre février et avril.

C’est un exercice traditionnel mais toujours périlleux : évaluer, avant la saison chaude, les grandes tendances climatiques des six mois à venir et les risques qui y sont associés. À Météo France, on le précise d’emblée : impossible, à cette échelle de temps, de prédire la couleur du ciel ou la hauteur du thermomètre chaque jour sur chaque île du fenua. La question centrale reste donc la même chaque année : quel est le risque de passage d’un cyclone au fenua ? Très faible l’année dernière, il le sera un peu moins entre novembre et avril. La faute, comme souvent, à un phénomène du Pacifique dont les répercussions climatiques se font sentir tout autour de la planète : El Niño.

Les caprices d’El Niño

L’enfant terrible du climat océanien a été identifié dès le XIXe siècle par des marins péruviens. Mais malgré tout ce temps et son omniprésence dans les discussions populaires sur la météo, peu de gens peuvent réellement expliquer à quoi correspond vraiment El Niño. « Ce que ça veut dire, c’est que le réservoir d’eau chaude de l’Ouest du Pacifique se déplace vers le centre de la région, précise la climatologue Victoire Laurent, qui cite l’affaiblissement des alizés comme le principal moteur de ce mouvement. Et ça veut dire qu’il y aura un réservoir plus important qui sera disponible pendant la saison pour la formation des nuages qui peuvent évoluer en dépression et ensuite en cyclone. »

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Cette « anomalie climatique » peut s’installer pendant plusieurs saisons, disparaître pendant quelques années, s’alterner avec un phénomène inverse, La Niña, qui amène au contraire davantage d’eau froide des côtes américaines vers les centres du Pacifique…. Mais les différentes phases de cette oscillation seraient d’après les spécialistes « de plus en plus difficiles à prévoir » du fait notamment des perturbations induites par le réchauffement climatique. « Les premières fois qu’on avait fait des conférences saisonnières, on était assez sûr de nous : c’est 1982 -1983, 1997 -1998… On était sûrs de nos messages. Et puis on a pris une claque en 2015 – 2016 avec un El Niño déjà atypique, qui a causé des dépressions. On voit aujourd’hui que tout le monde est plus prudent, plus humble, reprend la spécialiste. Mais ce qui nous rassure cette année c’est qu’on n’est pas tout seul dans ces prévisions. »

« Il suffit d’un seul cyclone… »

D’autres centres d’observations de la région sont en effet arrivés à la même conclusion : le phénomène de déplacement des masses chaudes a débuté depuis le mois de juin. Reste à savoir ce que cette mécanique peut induire : certaines institutions, européennes, notamment, ne prévoient pas de hausse particulières du nombre de dépressions à l’échelle du Pacifique Sud. Mais en croisant les modèles et les méthodes, Météo France a tout de même relevé le niveau de risque cyclonique pour la Polynésie française. De « faible » l’année dernière, il est considéré pour la saison 2023. – 2024 comme « modéré » dans la Société, aux Australes et sur une partie des Tuamotu. Le risque d’apparition d’un « phénomène nommé » dans la zone – une dépression tropicale modérée, forte, ou un cyclone puissant – serait d’environ 50%, voire davantage en décembre et janvier, « mois à surveiller particulièrement » :

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Victoire Laurent le rappelle : la Polynésie, qui connait 3 à 4 fois moins de dépressions importante que l’Ouest du Pacifique et notamment la Nouvelle-Calédonie, est plutôt préservée du risque cyclonique. Le dernier vrai cyclone ayant causé des dégâts au fenua remonte à 2010, avec Oli. « Mais il suffit d’un seul cyclone, une seule dépression qui touche une seule île, et ça peut être une saison mémorable par rapport aux dégâts qui peuvent être engendrés, rappelle la météorologue, il faut toujours se tenir prêt ».

Ça va faire « Mal » ? 

Si les cyclones sont rares, les précipitations, elles, font des dégâts tous les ans. Les crues de novembre 2022 à Papeno’o ou les inondations de janvier sur la côte Ouest et du 1er mai à Teahupo’o l’ont durement rappelé la saison passée. Là aussi, impossible de deviner qui aura les pieds dans l’eau et surtout quand il faudra guetter les rivières. Mais une chose est sûr, il y aura de l’eau cette année. « On aura plus de pluie, notamment sur la deuxième partie de la saison, reprend la spécialiste, qui explique que la zone de convergence du Pacifique Sud devrait se déplacer plus au nord et à l’est de sa position normale. Sur la première partie, de novembre à janvier, on va peut-être avoir des précipitations proches de la normale, voire déficitaires. Mais dans l’ensemble la pluviométrie sur la saison devait être plutôt au-dessus des normales. »

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Pas besoin de dépressions « nommées » pour causer des épisodes pluvieux dangereux, mais les phénomènes forts restent tout de même les plus dangereuses. Après Lola, premier cyclone de l’année qui a balayé le Vanuatu et soufflé sur la Calédonie et la Nouvelle-Zélande il y a quelques jours, le centre météorologique de Fidji prévoit pour le prochain épisode un nom de mauvais augure : « Mal », qui sera suivi de « Nat ».