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Dans le Sud de Tahiti, les ambitions à faire « converger » des communes et du Pays


Le gouvernement et la communauté de communes Tereheamanu mènent tous deux de grandes réflexions sur le développement de la Presqu’île et du Sud de l’île. Du côté du ministère des Grands Travaux, l’étude pour un « schéma d’agglomération » de Taravao est en cours pour accélérer le développement économique de la zone et décongestionner Papeete. Côté « comcom », les premières expertises tombent sur un « projet de territoire » axé sur la « résilience » et les « atouts de la ruralité ». Deux visions et deux chantiers que Tearii Alpha et Jordy Chan veulent coordonner pour aboutir à un document commun dès 2025.
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Un petit point d’étape dans une grande réflexion, hier au siège de la communauté de communes Tereheamanu. Cette « comcom » qui rassemble Taiarapu Est et Ouest, Teva i uta, Papara et Hitiaa o te ra, affiche, depuis sa création en 2021, l’ambition de fixer une nouvelle voie de développement pour le Sud de Tahiti. En septembre 2022, un premier « diagnostic de territoire » avait d’ailleurs été présenté, mais il s’agissait d’aller plus loin, en mettant sur pied un réel « projet de territoire » qui poserait sur le papier la « vision commune, partagée, concertée » du développement de cette zone, qui regroupe 70% des terres de Tahiti, mais seulement 30% de ses habitants et 20% des emplois.

« Résilience » et « atouts de la ruralité »

Pour construire cette feuille de route, le président de la communauté, Tearii Alpha, a fait appel au Cerema, un établissement public national spécialisé dans l’accompagnement des collectivités. Ses experts achevaient mardi, par une restitution au siège de la « comcom », une première mission de trois semaines pendant lesquelles ils ont été à la rencontre d’acteurs institutionnels, économiques, associatifs de la zone. De quoi poser les bases d’un développement « concerté » et surtout « différent » du Sud de Tahiti, qui « ne se calquera pas sur celui de Papeete », comme l’appuie l’ancien vice-président et tavana de Teva i Uta.

Car plutôt qu’une urbanisation effrénée les communes de la zone veulent « préserver leurs espaces naturels », « jouer sur les atouts de la ruralité », « ne pas aller à contre-courant de ce qu’est Tereheamanu ». « Bien sûr, il faut créer un cœur de ville à Taravao, mais il faut aussi profiter de cette verdure, de cette nature, de cette culture pour organiser un développement harmonieux et équilibré, insiste Tearii Alpha. Pour ça, comme on l’a dit au président Brotherson récemment, il ne faut pas seulement construire des infrastructure, mais aussi créer du lien social, de la formation, de la transversalité avec l’habitat, avec le mode de vie, avec la jeunesse, avec les loisirs… ».

Leitmotiv de ce projet de territoire : la « résilience ». « La résilience économique, c’est celle qui est attendue par beaucoup de familles ; la résilience sociale, il faut aussi que nos territoires, nos communes ne s’écroulent pas socialement ; la résilience énergétique, vous l’avez vu avec les fermes solaires qui sont en train de se créer dans cette partie de l’île et il y a déjà l’hydroélectricité, donc il faut aller au bout de cette transition énergétique, liste le tavana. La résilience alimentaire, aussi : si on veut faire du faa’apu à Tahiti, nous pensons que c’est essentiellement avec cette partie de l’île qu’il faut travailler… Et puis non seulement planter, mais faire de l’agro-transformation, et chercher à consommer ce que l’on a transformé ».

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Tout un programme, qu’il reste à étayer, ordonner, « coconstruire » en impliquant « tout le monde », comme l’appuie le président de la « comcom » citant, entre autres, les institutions, agriculteurs, les organismes scientifiques ou de formation, les confessions religieuses ou les prestataires touristiques. L’étude du Cerema est loin d’être terminée, puisque des experts doivent traiter les données et témoignages recueillis depuis la métropole, avant de revenir en avril pour une autre mission. Plusieurs webinaires et réunions sont prévus d’ici là et le rendu final de l’étude n’est pas attendu avant octobre 2025.

Du Sage au PGA, « il manque un échelon »

À cette grande réflexion s’ajoute une autre, lancée en début d’année par le gouvernement, lui aussi très enclin à accélérer le développement du Sud, et notamment celui du « pôle de convergence » de Taravao – Afaahiti. Le ministère des Grands Travaux et G2P ont en effet commandé une étude sur la réalisation d’un schéma d’agglomération de Tereheamanu, et sur « l’adaptation des règles du PGA des communes du Sud de Tahiti ». « Ce travail a pour objectif de dresser une vision à 10-15 ans de ce que le Pays souhaiterait développer sur la Presqu’île, et également de mieux organiser ce territoire en créant un zonage qui permettra de répartir l’habitat, l’activité économique, tertiaire, secondaire et primaire », explique Jordy Chan. Pour le ministre, chargé de travailler au « rééquilibrage » l’activité à Tahiti, il « manquait un échelon », un « niveau de vision » entre le Sage – le Schéma d’aménagement général de la Polynésie, « peu précis » sur la Presqu’île – et les PGA communaux.

Cet échelon c’est donc le schéma d’agglomération sur lequel travaillent déjà des cabinets privés, avec un « dernier livrable » prévu en juin prochain. « Là où l’étude lancée par Tereheamanu sur la façon de rendre le territoire plus résilient, en accord avec la préservation de la nature et la préservation de la culture locale, celle du Pays est plus technique, même si elle prend aussi en compte l’intérêt local. Et on a la chance que ces études se passent dans un pas de temps similaire, qui nous permettra de les coordonner pour qu’elles se complètent ».

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Des études qui se complètent et des « équipes techniques qui vont travailler ensemble ces prochains mois » comme le pointe Tearii Alpha. « Les vues vont converger, il n’y pas d’autres choix, insiste le maire de Teva I Uta. Et c’est tout l’intérêt de créer ce va’a hiva, cette organisation de démocratie participative, c’est d’éviter les projets non concertés. C’est dans cette optique que nous avancerons main dans la main avec le Pays et l’État, et puis bien sûr avec toutes les forces vives et la population du Sud de Tahiti ».

Reste à savoir si le passage des discussions « d’objectifs » et de « visions » à celles des projets concrets, qui peuvent diviser au sein de la population et des élus, se fera sans heurts. Premier test à venir : le projet de voie rapide Papara – Faratea, qui pourrait aussi servir de rocade à Taravao, et sur lequel le gouvernement vient de relancer des études de faisabilité. À Tereheamanu, plusieurs élus n’y sont pas favorables… Dont Tearii Alpha.