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De jeunes talents pour célébrer les 40 ans de l’enseignement du chinois en Polynésie

La jeune association Taoli, qui rassemble, entre autres, les enseignants de mandarin du fenua, organisait la finale de son concours de talent, ce dimanche à Papeete. L’événement, qui devrait se répéter chaque année, visait à mettre en valeur la langue et la culture chinoise, mais surtout les jeunes Polynésiens qui choisissent d’étudier le mandarin. En 1980, lors de l’ouverture des premières classes, ils se comptaient sur les doigts de la main, ils sont désormais plus de 1400. 

40 ans et un développement fulgurant. En août 1980 la première classe de chinois dans un établissement scolaire de Polynésie ouvrait au lycée Paul-Gauguin, sous l’impulsion du Haut-commissaire Paul Cousseran. Lucie Guilloux, fraîchement diplômée de l’Institut nationale des langues et civilisations orientales, assurait alors l’enseignement auprès de « 4 ou 5 élèves »… Aujourd’hui ce sont plus de 1400 jeunes qui suivent des cours de chinois en Polynésie, du collège au post-bac. « Et ça peut continuer à se développer », insiste son mari Abner Guilloux, qui a été nommé président de Taoli. L’association a été créée voilà moins d’un an, en vue, justement de célébrer cet anniversaire. Mais le collectif, qui regroupe entre autres la quinzaine d’enseignants en chinois actifs au fenua, a des objectifs plus larges : mettre à l’honneur l’apprentissage de la langue, et tout faire pour s’assurer la qualité des enseignements en Polynésie.

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Les étudiants en chinois explorent non seulement une langue, mais aussi une culture. Avec ce concours de talent, organisé dans la grande salle de l’association philantropique chinoise de Papeete, il s’agissait donc de leur offrir un espace d’expression. Chants en mandarin, danses en costumes, avec soies et éventails, sketch sur les difficultés de prononciations du chinois, morceau de erhu, ce violon « millénaire » à deux cordes, ou encore démonstration de nunchaku… Les collégiens et lycéens, pour beaucoup passionnés par la culture de l’empire du milieu, se mettent en scène avec plaisir. Et le jury de professeurs et de connaisseurs attribue les récompenses. Le concours a été très généreusement doté par le consul de Chine en Polynésie, visiblement ravi par les prestations de ces jeunes sinophiles, mais surtout par des entreprises locales, gérées, pour beaucoup, par des membres de la communauté chinoise polynésienne.

Lucie Guilloux, rappelle toutefois que les étudiants en chinois viennent de « tous les horizons ». Pour l’enseignante, retraitée mais toujours très active, cette matinée était justement là pour montrer que la langue était un outil vers d’autres formes d’expression.

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Carrière, culture, voyage… Pourquoi étudier le chinois ?
Dans l’assistance, d’anciens élèves tentent de convaincre les plus jeunes de l’intérêt de choisir le chinois en deuxième ou troisième langue. Pour Ryan Sienne, jeune étudiant au mandarin impeccable et coprésentateur de l’événement, cet apprentissage ouvre des opportunités de voyage, mais peut surtout être un très bon investissement d’avenir.

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Étudier le chinois pour s’assurer une carrière ? « Ça n’est pas aussi simple », tempère Abner Guilloux. Mais à l’entendre, il ne fait aucun doute que la case mandarin est un « plus » sur un CV, en Polynésie comme ailleurs.

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Membre du jury du concours, Catherine Batsch, inspectrice pédagogique régional de langue, met, elle en avant, « l’ouverture d’esprit » que confère les études linguistiques et culturelles.

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Tommy Yeung, joueur de erhu et grand gagnant du concours dans la catégorie lycée semble partager tous ces arguments. Il y ajoute une raison plus personnelle : « Ma mère vient de Taïwan et c’est un moyen pour moi d’apprendre à communiquer avec ma famille », note-t-il. Avis aux amateurs, « c’est une langue très intéressante, avec une écriture qui est très belle », explique le jeune homme, qui pratique depuis la quatrième. « Mais ça reste une langue difficile : il faut être motivé pour l’étudier… Et surtout persévérer ».