Radio1 Tahiti

De l’importance de se souvenir du débarquement de Provence

Des soldats américains accostent sur les plages de Cavalaire le 15 août 1944. © maxppp

L’AUTRE JOUR J – Vendredi marque le 70ème anniversaire de ce débarquement longtemps resté dans l’ombre de celui de Normandie.

Les 14 et 15 août 1944, 850 embarcations alliées accostaient sur les plages de Provence pour affronter l’armée allemande. L’opération Anvil-Dragoon a rencontré un franc succès mais elle a été un peu oubliée dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Europe 1 vous explique pourquoi cette opération militaire mérite toute sa place dans nos mémoires.

>> VIDÉO – Une occasion de réfléchir sur le passé.

La « France Libre » à l’honneur. Alors que le Jour J normand n’avait embarqué que 170 « frenchies », le débarquement de Provence met à l’honneur l’Armée Française Libre. Pourtant, son chef, le général de Gaulle n’était guère apprécié des Alliés. Ils ne le reconnaissaient pas comme le représentant de la France et le soupçonnaient de nourrir des projets peu démocratiques pour la France d’après guerre.

Dès la conférence de Téhéran, en novembre 1943, les Américains songent à un double débarquement en France : Normandie et Provence. Au départ sans Français. Mais ces derniers réussissent leur baptême du feu lors de la libération de l’Italie. Lors de la bataille du Garigliano en mai 1944, le Corps expéditionnaire français, envoyé en première ligne, perce avec succès les lignes allemandes et permettent aux Alliés de prendre la route de Rome. Les Américains voient désormais les Français d’un autre œil : ces gars-là sont capables de libérer leur pays.

Sur la plage de Pampelonne à Ramatuelle :

© maxppp

La solidarité africaine. Sur les 260.000 soldats de l’Armée Française Libre qui foulent à partir du 14 août 1944 le sable provençal, seulement 10% sont originaire de l’Hexagone. Ils sont constitués de militaires ayant répondu à l’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle.

Les 90% restants sont des soldats originaires d’Afrique du nord, principalement d’Algérie. Une moitié est composée de Français (les Pieds-Noirs) et une moitié sont des soldats d’origine maghrébine. Ils ne sont pas tous novices car une partie a déjà guerroyé lors des campagnes d’Afrique et en Italie.

© maxppp

Sur les plages de Cavalaire.

Un coup de maître. Le débarquement de Provence, c’est aussi un modèle de stratégie militaire. Car le choix du lieu n’est pas aisé : le Languedoc n’avait pas de grands ports, Marseille, Toulon ainsi que la rade d’Hyères sont trop bien défendus, le port de Sète était trop petit. Les Alliés retiennent donc une bande de terre entre Toulon et Cannes. Un choix par élimination qui se révèle payant. À cet endroit, le rapport de forces est favorable aux Alliés et va faire de ce débarquement un grand succès militaire. Quelques chiffres en témoignent.

L’armée allemande ? 400 avions, 36 chars, 50 embarcations, 80.000 soldats. L’armée alliée ? 3.000 avions, 500 chars, 850 embarcations, une première vague de 90.000 soldats (les suivantes en comportent 250.000 autres).

Les Alliés sont de plus très bien préparés car ils ont appris des erreurs du débarquement de Normandie. Les Allemands, eux, sont en position de faiblesse. Ils s’attendent à un débarquement mais jusqu’au dernier moment, ne savent pas où il va avoir lieu.

Revivez en vidéo le débarquement de Provence avec les images d’archives du service cinématographiques des armées


Cavalaire – 70ème Anniversaire du Débarquement… par kval3r

Deux semaines seulement pour libérer la Provence. Si le Nord de la France a été sauvé par le débarquement normand et le Sud-Ouest en partie par la Résistance, le Sud-Est a vu sa libération arriver de la Méditerranée. Après le débarquement, l’avancée des Alliés est rapide. Marseille et Toulon sont prises aux Allemands les 23 et 29 août avec 40 jours d’avance sur les plans. En l’espace de deux semaines seulement, toute la Provence est libérée.

En parallèle, les Alliés remontent la vallée du Rhône. Grenoble est prise le 22 août avec 83 jours d’avance sur la date prévue.

Revivez en vidéo la libération de Marseille avec les images d’archives du service cinématographiques des armées


Aout 1944 Debarquement en provence n°2 par Josepha_Coccinelle

Le débarquement de Provence libère… Paris. Le débarquement de Provence est un extraordinaire coup d’accélérateur. Si le débarquement de Normandie a donné un avantage aux Alliés, la victoire n’est pas acquise. Début août 1944, les Américains sont encore embourbés en Bretagne. Le débarquement de Provence ouvre un second front en France et permet de prendre l’armée allemande en tenaille.

Enfin, le débarquement de Provence a un effet psychologique sur les Français. La nouvelle de sa survenue provoque en partie le soulèvement populaire de Paris. Le 18 août, une grève générale éclate chez les ouvriers de la capitale et les premières barricades se lèvent. Preuve que si les Toulonnais et les Marseillais disent merci au débarquement de Provence, tous les Français peuvent aussi lui être reconnaissant.

>> LIRE AUSSI – Le rôle des hommes d’Eglise dans le débarquement.

Source : Europe1