Il vient tout juste de fêter ses 15 ans et semble déjà bien lancé. Matahiarii Tauziet a quitté son atoll de Rangiroa il y a trois mois pour entrer au lycée militaire de Saint-Cyr, en France. Fier de son parcours, il espère inspirer d’autres jeunes des Tuamotu. Son « courage et sa persévérance » sont salués par le haut-commissaire, qui l’a reçu, ce jeudi, à Papeete.
Matahiarii Tauziet impressionne d’abord par sa taille, puis c’est sa détermination qui épate. En octobre dernier, il a quitté Rangiroa pour poursuivre ses études au lycée militaire de Saint-Cyr, dans les Yvelines. Une école « prestigieuse, qui ouvre les portes des meilleures universités », explique-t-il. Matahiarii Tauziet, qui a toujours aimé « apprendre et étudier, surtout les matières scientifiques », sait déjà ce qu’il veut faire plus tard.
C’est un autre élève brillant des Tuamotu qui lui a donné l’idée de rejoindre les bancs du lycée de Saint-Cyr, il y a trois ans. Matahiarii Tauziet se prépare donc depuis plusieurs mois, mais son intégration a bien failli capoter à cause d’un dossier perdu. Le vice-recteur et les services du haut-commissariat sont alors intervenus pour l’aider et il a pu entrer en seconde à Saint-Cyr. Le haut-commissaire, René Bidal, souligne que « pour être admis dans ce lycée, il faut avoir un dossier scolaire particulièrement brillant, parce qu’il y a énormément de demandes et très peu d’admissions ». Il ajoute que c’est « très rare d’accéder à un lycée de niveau d’excellence et d’exigence quand on vient de Rangiroa ».
La tête sur les épaules, Matahiarii Tauziet se rend compte du chemin qu’il a déjà parcouru.
Le jeune lycéen de Saint-Cyr espère être un exemple pour ses camarades de Rangiroa. Pendant ses vacances au fenua, il a tenté de pousser ceux qui « adorent le sport et qui ont un bon niveau scolaire » à postuler, mais ils « ne veulent pas s’éloigner de leur famille », explique-t-il. Sa mère, Sandra Mauri, peut en témoigner, l’éloignement n’est pas toujours facile à gérer.
La famille peut se préparer à d’autres séparations. « J’ai une nièce qui est intéressée aussi par le lycée de Saint-Cyr, je pense que mon fils va être un exemple et qu’il y aura une suite », sourit Sandra Mauri.