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Débat pour la présidentielle : front anti-Macron ou barrage à l’extrême droite ?


Lors du premier débat polynésien de l’entre-deux-tours, ce mardi en direct sur Radio1, Éric Minardi et Teva Rohfritsch ont chacun tenté de convaincre les milliers de Polynésiens abstentionnistes et les électeurs de candidats éliminés au premier tour. Pour le représentant local de Marine Le Pen, c’est avant tout « les souffrances » de la politique Covid et « les magouilles de droite et de gauche » qui servent de thèmes de ralliement. Pour le sénateur Tapura, soutien d’Emmanuel Macron, c’est « l’instabilité«  politique de la candidate du Rassemblement national et « l’isolement » qu’elle veut pour la France qui doit faire « réfléchir » les électeurs.

Un peu plus de 24 000 suffrages pour Emmanuel Macron, un peu moins de 12 000 pour Marine Le Pen… mais surtout 170 000 Polynésiens qui se sont abstenus ou ont voté pour un autre candidat. Les résultats du premier tour du weekend dernier ont ouvert la chasse au report de voix. Et sans surprise, Éric Minardi et Teva Rohfritsch ont multiplié les appels aux électeurs indécis sur le plateau de Radio1 ce midi. Les propositions adressées à la Polynésie, déjà développées lors du premier tour, sont toujours sur la table, mais l’heure est surtout au feu concentré sur l’adversaire unique.

« Vous avez oublié ce qui s’est passé pendant deux ans ? »

« Ainsi, le président du Te Nati / Rassemblement National Polynésie appelle à un front anti-Macron, du côté des électeurs d’Éric Zemmour Nicolas Dupont-Aignan ou de Valérie Pécresse, bien sûr. Mais aussi des soutiens du Tavini, qui maintient son appel à l’abstention et de Jean-Luc Mélenchon, qui a pourtant demandé à ses partisans de « ne donner aucune voix à Mme Le Pen ». « Ils ne vont pas suivre », assure Éric Minardi qui accuse le leader des Insoumis d’être prêt à « aller chercher une bonne soupe chez Emmanuel Macron ». L’appel est plus largement adressé « à tous ceux qui étaient dans les collectifs » anti-masque, anti-confinement, anti-obligation vaccinale ou anti-pass : n’oubliez pas « ce qui s’est passé pendant deux ans, les souffrances, les gens qui ont perdu leur emploi », lance-t-il, assurant que sa candidate ne remettra pas en place les restrictions, même en cas de nouvelle vague de Covid.


« Nous avons besoin de constance, et nous avons besoin d’un patron »

« Trop facile de revenir en arrière, avec le rétroviseur, sur une pandémie mondiale qui nous a touchés de plein fouet », rétorque Teva Rohfritsch. Pour l’ancien vice-président, « Emmanuel Macron a été présent, auprès des entreprises, auprès des emplois, auprès des Polynésiens » alors que Marine Le Pen a, elle, manqué de  « cohérence ». « Elle a été à un moment contre le vaccin Arn, puis pour l’obligation de vaccination des soignants, puis pour les vaccins russes et chinois, affirme-t-il. Nous avons besoin de constance et nous avons besoin d’un patron à la tête de la France, particulièrement maintenant ».

À l’appel à faire barrage au président sortant, Éric Minardi ajoute un appel à faire barrage au Tapura : « Voter Macron, c’est voter Fritch », lance-t-il. « Si c’était le cas, alors voter Marine le Pen, ça serait voter pour Éric Minardi comme président de la Polynésie. J’appelle les électeurs à bien réfléchir », rétorque Teva Rohfritsch.

Débat autour de la notion d’extrême-droite

À cette proposition d’union anti-Macron  s’oppose donc le « barrage à l’extrême-droite », auquel ont appelé plusieurs partis et personnalités politiques à gauche comme à droite, de même que certaines organisations syndicales ou associatives. Cette étiquette d’extrême-droite est très fréquemment utilisée dans le débat médiatique ou les analyses politiques, mais fermement rejetée par Éric Minardi. « Datée », et « éculée », comme le montrent selon lui les résultats de toutes les dernières élections, elle n’aurait selon l’entrepreneur pour seul but de renvoyer les électeurs à l’idée de « racisme ou de nazisme ». Marine Le Pen serait d’après lui « nationaliste » ou « souverainiste », et présenterait même certaines idées « de gauche » en matière économique et sociale.

Pour Teva Rohfritsch, au contraire, il existe des différences profondes entre les idées de l’ex-Front National et celles de son candidat. « Lorsque Mme Le Pen, comme M. Zemmour son allié défendent la théorie du grand remplacement et qui veulent inscrire dans la constitution une certaine forme de l’identité française. C’est quoi l’identité française, comment nous [La Polynésie, ndr] serons considérés ? développe le sénateur. Emmanuel Macron, lui ,est humaniste et respectera toutes les sensibilités en Polynésie comme ailleurs ».

Ukraine : « Marine Le Pen ne propose rien d’autre que l’isolement de la France »

Autre exemple donné par l’élu Tapura : « Nous sommes partisans par exemple d’une Europe forte, et le conflit en Ukraine démontre bien la nécessité d’une solidarité plus forte et d’une Europe de la défense comme l’avait souhaité Emmanuel Macron avant que ce conflit n’éclate », précise-t-il, accusant là encore Marine Le Pen, sur le sujet du conflit ukrainien comme sur d’autres, d’avoir été « instable ». Dans le camp du chef de l’État sortant, les accusations pleuvent à l’égard de Marine Le Pen sur sa « complaisance » envers Vladimir Poutine. En 2017, elle avait contesté dans une interview à la BBC que la Russie pouvait représenter un danger militaire pour l’Europe et déclarait que les grandes lignes politiques qu’elle défend, sur l’immigration notamment, « était celles qui était défendues par M. Trump ou par M. Poutine ». Elle avait en outre rencontré le président russe cette même année, comme l’a rappelé Teva Rohfritsch. « On reçoit Vladimir Poutine à Versailles, on prend des bains de soleil à Brégançon, mais on reproche à Marine le Pen de lui avoir serré la main », répond, en substance Éric Minardi, qui note « qu’elle a serré la main aussi au Premier ministre polonais », opposé à Vladimir Poutine et que personne n’est « responsable des erreurs des gens à qui on serre la main ».

Emmanuel Macron, lui, est attaqué sur son manque de résultats sur les dossiers russes et ukrainiens, malgré beaucoup de communication et d’affichage en la matière. « Toutes les négociations se tiennent ailleurs », et Emmanuel Macron, de même que la France « a été humiliée » quand il a été reçu à Moscou, tacle Éric Minardi. Le RN critique en outre « l’alignement systématique » du président sortant sur la position de l’Otan, dont Marine le Pen veut a minima sortir du commandement intégré. « Il a tenté jusqu’au dernier moment de prôner la paix, répond Teva Rohfritsch. Mme Le Pen semble obsédée par les positions de Macron mais ne propose rien d’autre que l’isolement de la France ».

Les deux débatteurs ont aussi pu s’écharper sur les affaires : la très récente affaire McKinsey – un cabinet de conseil réputé proche d’Emmanuel Macron et qui est aujourd’hui accusé de blanchiment de fraude fiscale  – d’un côté, et de l’autre la plus ancienne affaire des assistants parlementaires du Front National – pour laquelle Marine le Pen et plusieurs élus RN sont toujours mis en examen.

Deux appels aux électeurs en fin de débat

« Nous, nous avons un programme pour la Polynésie, il est où le vôtre ? » interroge Éric Minardi :

« Un choix entre deux positionnements de la France, un choix entre deux République différentes », pointe Teva Rohfritsch : 

 

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