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Décès « brutal » du président de la FNSEA Xavier Beulin

Paris (AFP) – A quelques jours de l’ouverture du Salon de l’Agriculture, la FNSEA a annoncé dimanche le « décès brutal » à 58 ans de son médiatique patron Xavier Beulin, qui était à la tête du principal syndicat agricole français depuis 2010. 

La FNSEA et le groupe agro-alimentaire Avril qu’il dirigeait n’ont pas donné de détails sur les circonstances de sa disparition.

« Engagé depuis l’âge de 17 ans pour l’agriculture, Xavier Beulin a donné au syndicalisme et aux filières agricoles des lettres de noblesse et un élan incomparable », a déclaré la FNSEA, en déplorant « une immense perte ».

Xavier Beulin « a donné tout ce qu’il avait pour les idées d’un syndicalisme ouvert et indépendant », a souligné le syndicat, dont il avait pris la tête en décembre 2010.

De très nombreuses réactions ont rapidement suivi l’annonce du décès de M. Beulin.

Il s’agit d' »une perte majeure pour la France », a commenté le président François Hollande.

« Xavier Beulin était convaincu du rôle majeur de la recherche et de l’innovation. Et il avait investi les organisations dont il avait la charge dans la préparation de la Conférence sur le climat qui a débouché sur les accords de Paris de décembre 2015 », a souligné le chef de l’Etat.

De son côté, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a salué « un pilier du mouvement syndical agricole », dont il respectait l' »engagement syndical et son engagement pour l’agriculture en général ». « Avec lui, au-delà de nos différences, j’ai toujours travaillé à trouver des solutions pour soutenir une agriculture qui traverse des moments difficiles », a souligné le ministre.

M. Beulin s’était notamment illustré pendant l’été 2015 en tentant de canaliser les fortes mobilisations d’agriculteurs, en colère contre la chute des prix du lait, du porc et l’effondrement de leurs revenus. Chahuté, il était resté stoïque. « C’est Le Foll (ministre de l’Agriculture, ndlr) qui aurait dû être à ma place », avait-il glissé sous les sifflets de jeunes agriculteurs.

Dans le domaine politique, les réactions ont été très nombreuses dont notamment celles de François Fillon, Manuel Valls, François Bayrou, Jean-Christophe Cambadélis, Christian Jacob, Christian Estrosi, Cécile Duflot, Xavier Bertrand. D’autres membres du gouvernement se sont également exprimés, à l’instar de Ségolène Royal et Myriam El Khomri.

– « un grand chef d’entreprise » –

Dans le monde économique, le patron du groupe Carrefour Georges Plassat, a salué « un interlocuteur exigeant » et « un visionnaire passionné ».

Céréalier dans la Beauce, parallèlement à ses fonctions à la tête du principal syndical agricole, M. Beulin présidait le groupe Avril, un géant de l’industrie agro-alimentaire dans les filières des huiles et des protéines, connu notamment pour ses marques Lesieur, Puget et Matines.

Il était critiqué pour sa double casquette d’homme d’affaires et de syndicaliste.

Le groupe Avril a salué, dans son communiqué, « son énergie, son charisme et sa vision qui ont permis l’émergence de ce qui est aujourd’hui un champion français ». L’entreprise a adressé « ses pensées à sa femme Laurence et ses enfants. »

M. Beulin a « oeuvré sans relâche au développement de l’agriculture française, toujours dans l’intérêt général, comme en témoigne son parcours syndical », a souligné le groupe Avril.

« Un grand chef d’entreprise », a déclaré le Premier ministre Bernard Cazeneuve, rappelant que M. Beulin défendait l’idée que ses activités « concourraient toutes les deux à construire l’agriculture de demain ».

En 2015, Avril avait réalisé un chiffre d’affaires de 6,1 milliards d’euros et employait 7.200 personnes réparties dans 21 pays.

Le groupe est structuré en une filière allant de la graine aux produits élaborés. A côté du volet industriel qui s’étend aussi aux biocarburants, Avril est aussi un acteur financier du secteur, à travers Sofiprotéol, une société de financement et d’investissement.

Autodidacte, Xavier Beulin avait dû reprendre l’exploitation familiale en 1976, à l’âge de 17 ans, au décès de son père alors qu’il était encore en terminale et n’avait pas pu passer son Bac.

« Par son histoire personnelle, Xavier Beulin était en lui-même une leçon de courage et un exemple de réussite », a commenté M. Le Foll.

© AFP/Archives LOIC VENANCE
Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, le 10 août 2016 à Sulniac