ACTUS LOCALESENVIRONNEMENTFAITS DIVERSJUSTICE Déchets, tortues, car-bass… la gendarmerie fait « Place nette » dans l’environnement Charlie Réné 2024-02-20 20 Fév 2024 Charlie Réné Parmi les opérations menées, des enquêtes sur des dépôts de déchets sauvages, des visites de navires abandonnés pour poursuivre les propriétaires, ou des l’interception d’une carapace de tortue qu’un habitant de Punaauia voulait exporter… Photos Gendarmerie PF En une semaine, la gendarmerie a mené pas moins de 89 opérations de contrôle et d’investigation sur des faits de pollution, d’atteinte aux espèces protégées ou à la santé publique. Une mission « Place nette » qui s’inscrit dans la préparation nationale des JO, et qui a permis, outre la centaine de contraventions établies, d’initier 46 enquêtes et d’en poursuivre 11 autres. Elle a même donné lieu à des gardes à vue pour trafic de viande de tortue, et des saisies de véhicules pour agression sonore. Lire aussi : Des fûts d’hydrocarbure saisies à bord de l’épave du Corsaire En décembre dernier, la gendarmerie lançait l’opération « Tempête », qui visait, au travers d’une mission d’ampleur de plusieurs jours et sur tout le pays, à « déstabiliser les réseaux » d’import et de distribution de stupéfiants. Même concept la semaine dernière avec l’opération « Place nette », toujours dans le cadre du plan « zéro délinquance » lancé par Paris dans toutes les collectivités concernés par les JO. Mais avec une cible bien différente : les délinquants environnementaux. Ce qui n’a pas empêché la gendarmerie de sortir, encore une fois, les grands moyens : 60 à 90 militaires déployés chaque jour pendant plus d’une semaine, des moyens nautiques, terrestres et aériens, des spécialistes de la cybersurveillance, des équipes cynophiles, le nouveau réseau d’enquêteurs environnementaux entièrement mobilisé… Et bien sûr l’Oclaesp, Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique, installé depuis septembre 2022 dans le Pacifique avec un centre d’opération basé à Tahiti. La Polynésie est le seul territoire à ce jour où la gendarmerie a concentré son action sur cette thématique environnementale. « C’est normal parce que nous sommes peut-être le plus beau », sourit le haut-commissaire Éric Spitz qui décrit une opération lancée « sur tous les fronts » environnementaux. Déchets médicaux aux Tuamotu, viande de tortue à Bora Bora, car-bass sauvage à Hitiaa, pollution au mouillage à Moorea Les gendarmes ont ainsi enquêté sur une série de dépôts illégaux de déchets, de sites d’abandons d’épaves de voiture, sur d’anciennes fermes perlières non dépolluées, et même sur un cas d’incinération et d’enfouissement illégal de déchets médicaux, derrière un dispensaire des Tuamotu. Les militaires ont contrôlé près de 500 véhicules au titre des infractions liées aux nuisances sonores – qui dérivent souvent en agressions physiques et verbales – notamment sur des sites de car-bass sauvages à Hitiaa ou Bora Bora. Des contrôles ont aussi été menés avec les douanes à Bora Bora, où plus de 6,4 kilos de viande de tortue ont été saisis, ou à Punaauia, où un individu tentait d’exporter une carapace vieille de 30 ans vers la métropole. Plusieurs épaves de navires ont aussi été contrôlées à Tahiti – dont celle du Corsaire, qui a fait l’objet d’une perquisition en eau profonde – de même que des navires au mouillage à Moorea, dont deux ont été verbalisés pour pollution. S’ajoutent des contrôles sur des rejets polluants d’un élevage porcin, des « cyber-patrouilles » contre les trafic d’espèces protégés, une opération auprès des touristes de Tetiaroa, un ramassage avec Mama Natura et des lycéens à Arue, au cours duquel des balises de dépôts pétroliers ont été retrouvées… « On ne peut pas gâcher ce territoire qui vit essentiellement du tourisme en portant atteinte à notre environnement, reprend Éric Spitz. Il s’agit donc, via des opérations de police administrative et de police judiciaire, non plus de sensibiliser les gens au risque d’atteinte à l’environnement, mais bien de les sanctionner et ça s’est traduit par un certain nombre de gardes à vue et de procédures judiciaires qui se prolongeront dans les prochaines semaines. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/02/ENVIRONNEMENT-1-HC.wav Une quarantaine d’enquêtes ouvertes pour « découvrir des complicités, des ramifications » Et des procédures, il y en a. Et pas seulement les 99 contraventions établies, la dizaine de véhicules immobilisés, les 35 000 euros d’avoirs criminels saisis, la soixantaine de délits déjà constatés, avec 66 mises en cause, dont 5 gardes à vue (dans l’enquête sur la viande de tortue). « Cette opération a été le point de départ d’un certain nombre d’enquêtes, qui vont s’inscrire dans le temps et se poursuivre dans les mois à venir, précise la procureur de la République Solène Belaouar, qui parle de 47 nouvelle enquêtes initiées et 11 autres qui ont été poursuivies. Elles vont permettre probablement de découvrir des complicités, des ramifications. Il faut avoir à l’esprit que le bilan qui est donné aujourd’hui, c’est un bilan provisoire, un bilan immédiat… Mais ces enquêtes ont vocation à être poursuivies dans le temps. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/02/ENVIRONNEMENT-2-procureure.wav Du travail pour la justice, donc, mais aussi, encore, pour les gendarmes. Car d’après le colonel Grégoire Demezon, « Place nette » n’était pas une opération isolée. « On aura dans les semaines et les mois qui viennent d’autres opérations anti-délinquance dans la perspective des Jeux Olympiques, explique le commandant de la gendarmerie en Polynésie. Et comme l’a dit le haut-commissaire, les opérations de lutte contre les infractions environnementales ont vocation à durer dans le temps », bien au-delà des JO de juillet et août prochain. La sensibilisation « ne suffit plus », confirme le Pays Cette opération a beau avoir été menée par l’État, plusieurs services et établissements du Pays, dont la DPAM, la Diren et le Port autonome y ont participé, et Éliane Tevahitua souscrit parfaitement à sa logique répressive. Raison pour laquelle la vice-présidente en charge de l’Environnement était présente aux côtés du haut-commissaire ce mardi lors d’une présentation des résultats de « Place nette » doublée d’une visite du site de Fenua ma. « Je suis vraiment contente de cette initiative parce que ça va vraiment dans le sens des efforts que nous comptons déployer en matière de protection de notre environnement, explique-t-elle. Nous, on n’a pas d’or, mais on a un très beau pays et c’est cela la valeur ajoutée de la Polynésie. » Les opérations de sensibilisation, le gouvernement veut les poursuivre, mais « ça se fera davantage dans les écoles ». « Il arrive un moment où les spots publicitaires et les annonces de prévention, ça ne suffit plus, ajoute la vice-présidente. On est obligé d’arriver au stade d’appliquer les sanctions qui sont prévues dans notre législation et qui n’ont jamais été mises en œuvre parce qu’on a toujours été un peu indulgent et qu’on a toujours cru que peut être les gens allaient changer leur comportement. On se rend bien compte que ça n’est pas le cas. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/02/ENVIRONNEMENT-3-eliane-tevahitua.wav Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)