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Déchets : Fenua Ma temporise sur son marché à huit milliards de francs

Enviropol emploie plus d’une cinquantaine de personnes pour faire fonctionner le CRT (photo), le CET et le transport de déchets. ©C.R.

Le syndicat mixte a déclaré sans suite l’appel d’offres qui visait à attribuer pour huit ans la gestion du CET de Paihoro, celle du CRT de Motu Uta et le transport des déchets à Tahiti et Moorea. Enviropol, qui assure cette prestation depuis plus de 20 ans, était le seul candidat, mais les représentants communaux ont trouvé l’offre trop coûteuse. Le marché actuel, estimé à près d’un milliard de francs par an, va donc être renouvelé pour un voire deux ans, le temps de revoir le cahier des charges, d’attendre la réponse du Pays sur l’avenir de la compétence déchets… Et surtout d’étudier la possibilité de mise en régie de certaines missions.

Trois lots, un seul candidat, pas de lauréat. C’est le bilan de l’appel d’offres lancé en mai dernier par Fenua Ma, syndicat mixte missionné par une douzaine de communes de Tahiti et Moorea – toutes, sauf Faa’a – pour traiter leurs déchets. L’idée était de trouver, pour les huit ans à venir, le prestataire en charge du Centre d’enfouissement technique (CET) de Paihoro, où finissent les déchets ménagers de quelques 190 000 habitants en plus de ceux de nombreuses entreprises, l’exploitant du Centre de recyclage et de transfert (CRT) de Motu Uta, où sont triés et conditionnés les déchets qui peuvent être exportés. Ainsi que l’entreprise qui assurera le transport de ces déchets entre les deux sites et depuis les quais de transferts de Moorea ou Punaruu. Trois activités qui sont assurées, depuis les débuts de Fenua Ma et même du temps de son ancêtre la Sep, par la même entreprise : Enviropol.

« Près de 100 millions de francs » de plus

Fin 2017, la société privée, qui fait partie du même groupe que la TSP et Technival, s’était vu confier les trois lots du marché pour sept ans, avec un montant alors estimé à 880 millions de francs par an. Sauf que les coûts sont évolutifs : ils dépendent du tonnage transporté et traité, bien sûr, mais ils sont aussi revalorisés automatiquement suivant des indices officiels d’inflation, de hausse des salaires et de certaines charges externes… Le même marché frise ces dernières années le milliard de francs. D’après Fenua Ma, l’offre d’Enviropol était encore en hausse de « près de 100 millions de francs » lors de l’ouverture des plis courant septembre. L’entreprise justifie avant tout cette majoration par les nouvelles « prestations supplémentaires obligatoires » fixées par le cahier des charges : le futur exploitant de Paihoro devait notamment récupérer et valoriser le biogaz produits au CET et profiter de l’énergie produite pour réduire la production de boues sur le site. Hormis ces nouvelles missions, le candidat chiffre l’augmentation ses tarifs à « seulement 3,48% ».

Reste que pour le comité syndical de Fenua ma, la note – 8 milliards de francs minimum sur la période de base du contrat – est trop salée. Fin septembre, les représentants des communes – et du Pays, qui est aussi adhérent au syndicat mixte – ont voté pour la déclaration sans suite du marché, sans négociations. « On était un peu prisonnier du fait d’avoir un candidat unique » commente le président du comité, Jules Ienfa. Et pourtant, les agents d’Enviropol sont toujours à l’œuvre à Motu Uta ou Paihoro, les camions de l’entreprises poursuivent leur ballet, et devraient continuer à le faire pendant quelques temps. D’abord parce que le marché passé fin 2017 court jusqu’à fin janvier. Mais surtout parce qu’il prévoit deux possibles reconductions d’un an.

Un voire deux ans de répit

Fenua Ma devrait activer cette option, pour maintenir Enviropol aux commandes au moins jusqu’à janvier 2026 et ainsi « garantir le service ». D’ici là, la direction a été chargée par le comité syndical de revoir la copie de son appel d’offres. « On s’est donné six mois pour étudier des modifications du cahier des charges qui permettrait de limiter la hausse des coûts, commente le directeur général Benoît Layrle. Et on va aussi étudier la possibilité de minimiser les missions qui sont sous-traitées ». « L’idée est de faire une étude sur ce coûterait une reprise en régie de certaines activités, complète Jules Ienfa. Il n’y a pas vraiment d’avis des municipalités sur ce sujet ». Mais il semble y avoir des questions sur le coût d’une telle opération. Le laps de temps supplémentaire doit en outre permettre de « lever des incertitudes sur la reprise de la compétence déchet par le Pays ». Le gouvernement a, là aussi, commandé une étude sur le sujet, dont la livraison n’est pas officiellement datée. Un groupe de travail a aussi commencé à travailler sur ce transfert de compétence et ses implications.

Le syndicat, bien entendu, espère aussi qu’Enviropol va profiter de ce report pour « retravailler » son offre, qui sera forcément différente si le cahier des charges évolue. Le bras de fer est bien sûr compliqué lorsqu’un seul candidat se présente sur le marché, mais Fenua Ma ne désespère pas de faire jouer la concurrence : des spécialistes extérieurs des déchets avaient déjà candidaté par le passé. Y compris en 2017, quand un groupe métropolitain avait déposé une offre, finalement écartée pour raisons administratives. « Cette année, on n’a eu qu’une seule offre, mais plusieurs retraits de dossiers », note Jules Ienfa.

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