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Délibéré le 22 janvier dans l’affaire Air Moorea

© Grégory Boissy

Le dernier jour d’audience du procès Air Moorea a été consacré, jeudi, aux plaidoiries de la défense. Les avocats des huit prévenus ont plaidé la relaxe, estimant que l’instruction et le procès n’avaient pas permis d’établir de certitude quant à la cause de l’accident. L’affaire a été mise en délibéré au 22 janvier.

Les avocats des huit prévenus de l’affaire du crash d’Air Moorea se sont succédé au quatorzième et dernier jour de l’audience du tribunal correctionnel de Papeete, jeudi. Principal argument présenté par la défense : « Aucune hypothèse ne peut être retenue comme cause de l’accident ». Selon les avocats, la « confusion » et l’absence de « certitude » sur l’origine du crash sèment un doute qui doit profiter aux prévenus.

Plusieurs avocats ont insisté sur les nombreuses contradictions entre les experts et les témoins lors de ce procès. « On a bien vu les divergences de vues entre le BEA et les experts judiciaires », a rappelé Me François Mestre, l’avocat de l’ancien responsable du bureau d’étude et documentation, Stéphane Loisel. « Lorsqu’il y a une expertise, une certitude en ressort. Deux expertises, c’est la confrontation. Trois, c’est la confusion », s’est exclamée Me Caroline Derache, l’avocate de l’ancien responsable du GSAC, Andriamanonjinsoa Ratzimbasafy.

La « douleur » des prévenus

L’ensemble des avocats de la défense ont également insisté sur la « douleur » ressentie par leurs clients. « Ils ne sont pas insensibles », a expliqué Me Mestre. « Ils ont dû vivre avec ce poids, on ne peut pas dire qu’ils ont vécu sereinement pendant ces onze longues années d’errements judiciaires. »

« On les a traités de meurtriers, d’incompétents… Ces mots, ils les ont acceptés mais cela laisse des traces indélébiles », a déclaré Me Gilles Jourdainne, l’avocat de l’ancien directeur technique d’Air Moorea, Jacques Gobin.

Le système judiciaire remis en cause

Autre ligne directrice de la défense, la critique du procès pénal dont l’organisation vise nécessairement à « trouver des coupables ». « Cela envoie un message désastreux aux familles », a estimé l’avocat de l’ancien directeur du SEAC, Guy Yeung, Me Courrégé Foreman. « Cela les convainc qu’on va trouver des coupables, que leurs proches sont morts car quelqu’un n’a pas fait son travail ».

Selon lui, l’affaireAir Moorea s’est orientée trop rapidement vers l’idée qu’il existait un ou des responsables. « On passe des années comme cela à habituer les familles à l’idée qu’on va leur livrer la tête d’un coupable. »

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Pour Me Foreman, les familles des victimes devront faire leur deuil, même sans condamnation. « Les victimes ont besoin de savoir ce qui s’est passé et de connaître la vérité, même si cela reste un mystère. Il y a des accidents qui restent non résolus. »

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Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 22 janvier prochain.