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Dérive et descente aux enfers d’un gendarme

Il avait tout pour lui. Une belle prestance, une famille modèle et un job au-dessus de tout soupçon. Gendarme. Pourtant il a basculé de l’autre côté de la barrière. Celle des consommateurs d’ice qui traficotent pour payer moins cher leur dose. Il a été condamné à trois ans ferme et à l’interdiction d’exercer dans la fonction publique.

Stanley P., 30 ans, portait plutôt bien l’uniforme. Une belle prestance musculeuse associée à une belle « gueule » que l’on n’hésiterait pas à mettre sur des affiches de recrutement pour la gendarmerie. Il s’investit dans son boulot, est bien noté et très apprécié par ses supérieurs. Dans le privé, il est le chef d’une famille modèle. Outre ses responsabilités familiales, il s’investit aussi dans une association sportive de va’a. Un hyper actif.

Le cours de sa vie est bien réglé. Un long fleuve tranquille. Mais un fleuve qui va se transformer en torrent boueux emportant tout ce qu’il a édifié au long de sa vie.

Le début de la fin

Suite à quelques déboires, il fait un burn-out. Un coup de blues qui le mène un soir dans un bar de nuit qui a fait parler de lui pour avoir abrité prostitution de mineures, parties fines à l’étage, sans oublier le trafic et la consommation de stups.

Voyant son état dépressif, l’une de ses connaissances lui propose de tirer une bouffée d’ice. Lui qui ne s’était jamais adonné aux paradis artificiels, prend alors une grande claque. Il découvre un produit qui reboosterait un mort et qui fait voler en éclats toutes ses idées noires.

Fort de cette première expérience et des sensations procurées, il se met à en consommer, et pas qu’un peu. Mais comme beaucoup, il se heurte au coût prohibitif de cette drogue.

Il rentre alors en contact avec un dealer qui lui assure de lui procurer de la drogue à un prix défiant toute concurrence. 70 000 Fcfp le gramme, soit la moitié de sa valeur marchande dans la rue.

La transaction se fait, mais la qualité de la drogue n’est pas à la hauteur de ses espérances. Il s’est fait pigeonner. Il retrouve son dealer et celui-ci lui assure que c’était un accident, et moyennant la même somme il lui promet que cette fois, ça va être de la bombe. La bombe s’avèrera être un pétard mouillé. Il s’est encore fait rouler.

Cette fois, c’est l’heure des représailles. Il charge un individu bien connu de la justice, Ismael M., lui aussi dans l’ice, de retrouver le dealer et de le lui amener. En échange s’il apprend qu’Ismael est dans le collimateur de ses collègues, il lui fera savoir et aussi l’informera sur d’éventuelles descentes de police. Un indic dans les forces de police, c’est le nirvana pour un dealer.

En parallèle, le gendarme charge ses deux frères de lui mettre la main sur le dealer. Ce qui sera fait. L’indélicat sera séquestré et malmené pendant près d’une heure, à l’aide, ironie de l’histoire, de l’arsenal défensif dont dispose la gendarmerie.

Le retour de bâton

Ce qu’il n’avait pas vu venir, c’est qu’Ismael M. faisait l’objet d’une enquête en cours sur une grosse affaire d’ice. Interpellé, et aussi énervé par le fait que Stanley ne l’ait pas prévenu, il balancera tranquillement entre deux dépositions que chez les forces de l’ordre, il y avait du ménage à faire. Interloqués, les gendarmes essaient d’en savoir plus et présentent à Ismael un trombinoscope. Celui-ci pointera du doigt, parmi plus de 300 photos, le portrait de Stanley. S’ensuit alors une enquête qui aboutira à la présentation de Stanley et de ses deux frères devant la justice.

Ce mardi, la sentence est tombée. « Un militaire accomplit son devoir avec discipline, honneur et probité. Vous avez failli à vos obligations. Vous avez taché l’uniforme. Ainsi, après en avoir délibéré le tribunal vous condamne à cinq ans de prison dont deux avec sursis avec l’interdiction d’exercer dans la fonction publique et votre maintien en détention. »

Au moment de partir entre deux de ses anciens collègues, sa belle prestance s’est envolée et dans son regard on devinait le cheminement de ses pensées. À cause d’un moment de déprime et la drogue, il a tout perdu. Sa famille, son travail et l’estime de soi.

Quant à ses frères, l’un a été condamné à six mois avec sursis, l’autre qui a pris part au trafic et qui a eu un rôle actif dans le passage à tabac du dealer a été condamné à 36 mois dont 18 avec sursis assorti d’un mandat de dépôt.

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