Le SWAC du CHPF est sur la dernière ligne droite. Le long tuyau qui puisera l’eau froide à 900 mètres de profondeur a été raccordé ce weekend au système de climatisation de l’hôpital. L’inauguration finale du SWAC est prévue pour le 1er décembre prochain après quatre semaines de tests.
Le Swac du centre hospitalier est entré dans la « phase terminale » de son installation, qui dure depuis plus de quatre mois. Vendredi soir, les équipes ont raccordé le « collecteur » de ce système de climatisation à l’eau de mer (ou Sea-Water Air Conditioning) au local technique de l’hôpital. Une opération technique, menée de nuit, et qui a impliqué, pendant quelques heures, de couper la climatisation dans certains services « essentiels » du CHPF. Les essais sur cette portion ont été concluants mais le Swac, qui doit pomper près d’un million de litres d’eau par heure, ne rentrera pas en opération avant début décembre. Le temps « d’ouvrir les vannes jusqu’au pied de l’hôpital », explique Yoann Hotellier, la tête de Luseo Pacific, en charge de cette partie du chantier. Et de mener une batterie de tests supplémentaires.
L’eau de mer, puisée à près de 5°C à 900 mètres de fond ne circulera bien sûr pas jusque dans les murs du Taaone. L’hôpital dispose de son propre système de refroidissement liquide, avec qui l’eau du Swac va avoir un échange thermique grâce à des plaques de titane, sans toutefois s’y mélanger. Elle est ensuite rejetée dans le lagon à une température plus tempéré d’environ 12°C, « sans avoir été polluée », comme le rappellent les responsables du projet.
Une question de « volonté politique »
Ce système est déjà expérimenté à l’hôtel Intercontinental de Bora Bora – où il attend toujours d’être réparé – et au Brando – où le système fait l’objet d’une étude poussée de l’UPF – mais le Swac du Taaone est, de loin, le plus grand de la Polynésie, et même le plus grand au monde. Quinze ans après sa première utilisation commerciale, pourquoi le système n’a-t-il pas convaincu à l’étranger ? « C’est une technologie qui est très simple », « qui marche » et qui est particulièrement pertinente dans les milieux insulaires, rappelle pourtant Yoann Hotellier. Mais elle demande « beaucoup de volonté politique ». Et pour cause : d’après le service de l’énergie, il faudra 10 à 15 ans pour amortir cet investissement de 3,7 milliards de francs, dont la durée de vie est estimée à une trentaine d’années.
Il doit théoriquement permettre d’économiser environ 300 millions de francs par an de facture d’électricité pour la climatisation du Taaone mais plus que sur l’intérêt financier, c’est sur l’intérêt écologique que communiquent les autorités. À lui seul, ce nouveau système de climatisation va permettre de baisser de 2% la consommation de l’électricité de Tahiti et donc mécaniquement relever la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. « C’est un peu comme ce qu’on voit à la Cop 26, il y a beaucoup de monde qui est d’accord pour réduire les émissions de gaz à effets de serre, mais sur la mise en oeuvre, il faut vouloir », reprend le spécialiste.