ACTUS LOCALESÉDUCATION Dernière rentrée à Motu Uta pour le Centre des métiers de la mer Charlie Réné 2023-08-14 14 Août 2023 Charlie Réné Visité pour sa rentrée par le ministre des Ressources marines Taivini Teai, le Centre des métiers de la mer de Polynésie française va quitter avant la fin de l’année Motu uta pour Arue. Dans les anciens bâtiments de l’IRD, l’établissement veut développer sa carte de formation, doubler le nombre d’encadrants, proposer du travail sur simulateur et développer des cours à distance… Malgré les ambitions affichées par le Pays, la formation maritime bute toujours sur de nombreux défis : manque de formateurs, manque de places sur les bateaux pour des marins débutants, et parfois manque de vocations. Si certaines écoliers attendront mercredi pour retrouver les salles de classe, ceux du Centre des métiers de la mer de Polynésie française (CMMPF) étaient bien au rendez-vous ce lundi. Une journée de rentrée donc, pour cet établissement qui forme depuis plus de 50 ans les marins du fenua, et qui recevait ce matin un invité de marque : le ministre de l’Agriculture et des Ressources marines Taivini Teai. Le responsable était venu encourager, féliciter les élèves, prodiguer quelques conseils – sur l’attention, l’assiduité ou l’entraide entre étudiants, notamment – et au passage réaffirmer les ambitions de son gouvernement en matière de formation maritime. « C’est une priorité, on veut tripler le volume de pêche hauturière, développer également la pêche côtière et lagonaire, et ça passe immanquablement par les formations, explique-t-il. Avoir des marins, des mécanos, des capitaines qui soient formés, aguerris, sortir par tous les temps ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2023/08/FORMATION-MARITIME-1-priorite.wav Une priorité partagée par l’équipe de la précédente mandature, qui a lancé un projet de déménagement du CMMPF, logé depuis 1976 entre les douanes et la capitainerie, à Motu Uta, dans des bâtiments devenus trop exigus depuis bien longtemps. Tous les cours – y compris ceux qui étaient jusqu’à présent assurés, faute de salles, dans des locaux loués – doivent être rapatriés dans l’ancien bâtiment de l’IRD à Arue, en rénovation depuis 2019. Le déménagement dans ces locaux de 1 500 mètres carrés, qui comprennent un grand atelier, une salle informatique, et l’accès à un quai, était un temps annoncé pour octobre 2022 : il devrait finalement avoir lieu dans les dernières semaines de l’année 2023. Pas plus d’élèves, mais des formations plus diversifiées Un nouvel espace qui doit permettre au Centre des métiers de « développer sa carte de formations ». Le nombre d’élèves – environ 500 chaque année, dont une grosse moitié en mise à jour de qualification et l’autre en diplôme initial – ne sera pas « nécessairement » supérieur dès 2024, mais les apprentissages seront « plus diversifiés, plus adaptés ». Parmi les nouveautés attendues : la formation de mécanicien 3000 kW, qualification très recherchée, et qui implique aujourd’hui d’aller passer plusieurs années en métropole. Des nouveautés aussi du côté du matériel : le directeur de l’établissement devait prendre ce matin réception de nouveaux simulateurs de navigation, de manœuvre et de sécurité, du matériel à plus de 120 millions de francs qui permettra aux élèves de gagner en expérience concrète avant même d’embarquer. « On est aussi en train de développer la formation en distanciel sur certains modules ajoute Georges Mai. On l’a déjà testé l’année dernière, le problème, c’est le réseau qui n’est pas toujours efficace : les stagiaires ne sont pas forcément tous connectés ». Le déménagement est encore suspendu à l’obtention de la conformité après les rénovations de ces dernières années, et au passage de la commission de sécurité. « Mais on a l’intention d’être dans les nouveaux locaux dès le début d’année », précise le directeur. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2023/08/FORMATION-MARITIME-2-directeur.wav Le CMMPF prévoit, pour développer ses formations de doubler ses équipes pédagogiques : d’une dizaine de formateurs à l’heure actuelle, l’établissement compte en rassembler « 20 à 25 », pas tous à plein temps. Pas si facile. Car la réglementation en matière de formation maritime, au niveau national comme international, est très stricte : il est nécessaire d’avoir un titre professionnel particulier et de l’expérience en mer pour chaque module enseigné. Or les salaires des formateurs du CMMPF n’ont en général rien d’attrayant par rapport à ceux des officiers embarqués. Et le fonctionnement de la flotte de pêche et de commerce polynésienne – souvent un seul équipage par bateau – ne laisse pas aux professionnels beaucoup de temps à libérer. Certains pays utilisent beaucoup les officiers en retraite dans les salles de formation. Georges Mai discute actuellement avec les officiers du Ponant et du Paul Gauguin pour créer un « collectif de professionnels » qui pourrait s’organiser pour assurer des sessions. Pas assez de places sur les bateaux Contrairement à ce que pouvaient laisser penser déclarations de campagne pendant les territoriales – de part et d’autre de l’échiquier politique, d’ailleurs – la formation professionnelle ne bute donc pas uniquement sur les moyens et l’offre de formation publique. D’autant que le centre des métiers de la mer – ou un éventuel « campus » réunissant diverses institutions – fournit des apprentissages, des diplômes, mais pas de titres professionnels. Attribués par les autorités du Pays ou de l’État suivant les métiers, ils nécessitent entre autres une certaine expérience pratique. Et donc de pouvoir embarquer. « Beaucoup de bateaux sont réticents à prendre des marins inexpérimentés à leur bord », pointe un connaisseur du dossier, rappelant qu’un novice qui ne maitrise pas encore les gestes de bord et peut mal supporter les séjours en mer au long cours, peut coûter cher à une campagne de pêche ou une tournée dans les îles. Résultat : d’après une étude réalisée par les autorités, seuls 20% des formés sont toujours dans le secteur maritime quelques années après leur sortie de l’école. La discussion avec les professionnels est donc un passage obligé pour développer la filière. En attendant le gouvernement veut actionner tous les leviers pour faire naitre des vocations et les réaliser. Taivini Teai rappelle ainsi qu’il travaille avec Ronny Teriipaia sur le sujet. « Ça fait partie de nos échanges d’avoir une formation dès la troisième, j’en ai parlé également au niveau des Maisons familiales et rurales, d’allier non seulement les formations agricoles aux formations pêche lagonaire et côtière, détaille le ministre de l’Agriculture et du secteur primaire, et monter progressivement jusqu’à ces diplômes de capitaine, qui sont des diplômes ‘bac + +’ hautement valorisants. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2023/08/FORMATION-MARITIME-avec-leducation.wav Le ministre de l’Éducation s’était engagé, dans sa lettre de rentrée, à faire aboutir le campus des métiers de la mer, précisant qu’il « permettra de mettre en réseau tous les acteurs de la formation aux nombreux métiers de la mer : pêche et transformation, aquaculture, maintenance, animation touristique, plongée… ». 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