Les discussions « tripartites », rassemblant les autorités, les syndicats et le patronat, ont commencé, ce lundi après-midi à la présidence. Plusieurs organisations (CSIP, CSTP-FO, Otahi, O Oe To Oe Rima, et la Fédération de la manutention portuaire ainsi que FO enseignement) menacent de grève générale ce mardi 8 septembre. Ils demandent des avancées sur diverses questions sanitaires, économiques et sociales.
Dix jours après la signature d’un préavis de grève, les discussions de la dernière chance ont commencé, ce lundi à la présidence. Les autorités (État et Pays) ont déjà rencontré les syndicats d’une part et le patronat de l’autre, la semaine dernière. Sans avancée majeure. Mais l’idée est de trouver un terrain d’entente en rassemblant tout le monde. La réunion est dirigée par la ministre du Travail Nicole Bouteau, qui est accompagnée de Christelle Lehartel, Tea Frogier et Maiana Bambridge pour la Santé, et le secrétaire général du Haussariat Éric Requet.
Parmi les nombreux sujets en discussion, celui de la remise en place d’une quatorzaine obligatoire des voyageurs. Une demande constante du collectif depuis le début du mois d’août, auquel le gouvernement, a plusieurs fois adressé une fin de non-recevoir. D’autres mesures de durcissement des règles sanitaires (port du masque, gestion de l’épidémie dans l’enseignement, contrôles supplémentaires à l’aéroport de Faa’a…) pourraient être mises sur la table pour sortir de cette opposition. Côté économique et social, la mise en place d’une caisse chômage fait partie des revendications. Mais c’est surtout de la prise en charge des mesures d’isolement obligatoire, qui pose problème dans les entreprises et qui ne sont pas indemnisées par la CPS à moins d’un test positif, que les partenaires sociaux veulent débattre. Des revendications spécifiques à l’Éducation ont été formulées dans un autre préavis de grève. Malgré un refus net du gouvernement sur certains sujets, des points d’accord auraient été trouvé lors d’une réunion ce matin.
La « stratégie de l’immunité collective » ?
En préparation de ces discussions, les partenaires sociaux ont pu participer, ce matin, à une rencontre avec des professionnels de la santé, dont notamment les « réservistes » métropolitains. Une rencontre durant laquelle certains discours ont surpris les syndicats. Les réservistes auraient ainsi parlé d’une « stratégie de l’immunité collective », rapporte Patrick Galenon, parti avant la fin de la réunion. Ce qui implique de combattre l’épidémie pour éviter la saturation des hôpitaux, comme l’a encore souligné Jacques Raynal vendredi. Mais cette stratégie implique aussi, et le Pays s’est montré moins clair sur ce point, de laisser le virus circuler au fenua, afin qu’à terme, une large part de la population ait eu la maladie. « Si c’est ça la stratégie, il fallait nous le dire plus tôt ! » s’exclame le chef de file de la CSTP-FO qui dit vouloir « vérifier ces propos auprès du gouvernement ».
Autre étonnement : « ils nous expliquent que statistiquement, les arrivants de métropole ou d’ailleurs sont moins contaminants », reprend le syndicaliste. Il est vrai que les plus de 16 500 analyses menées sur les auto-prélèvements des voyageurs n’ont, d’après le ministère de la Santé, révélé qu’une vingtaine de cas, quand les 9 130 tests menés lors des enquêtes sanitaires en Polynésie ont identifié les près de 700 autres. « Mais les cas d’ici, ils viennent d’où ? interroge Patrick Galenon. Pour nous, c’est clair, c’est à l’aéroport qu’il arrêter le virus ». Enfin les autorités assureraient que l’importation des machines qui permettraient d’augmenter considérablement le rythme de test est impossible, du fait de la fermeture des vols vers la Nouvelle-Zélande. « On se moque de nous, reprend le porte-parole du collectif. On va chercher des dizaines de milliards de masques en Chine, mais on ne peut pas importer quelques machines ? ».
Protocole en préparation, mais demande d’autorisation de manifestation
Du côté du Pays, aucun commentaire officiel avant ces discussions, mais des propositions de protocole de fin de conflits auraient été préparées pour le préavis général et le préavis dans l’enseignement. Après une première réunion tripartite, une réunion avec les syndicats est prévue à 16 heures. Si ces deux préavis de grève sont loin de faire l’unanimité chez les salariés et les fonctionnaires, les syndicats semblent être prêts à aller au bout de leur action en cas d’échec des discussions. Des demandes sont d’ores et déjà sur la table pour des rassemblements et manifestations au départ de Paofai et Mamao ce mardi.