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Des fûts d’hydrocarbures saisis à bord de l’épave du Corsaire

Le Corsaire a coulé le 9 octobre 2022 alors qu’il était amarré au dock flottant jouxtant le pont de Motu Uta. Il repose sur le fond, entre 7 et 38 mètres de profondeur, avec des fûts, des déchets à son bord et des cales qui n’ont pas été dépolluées.

Des plongeurs de la gendarmerie ont mené des investigations sur l’épave du Corsaire, qui gît depuis octobre 2022 au fond du port de Papeete, près du pont de Motu uta. Une perquisition à 30 mètres de fond – une première en France – qui ont abouti à la saisie d’une dizaine de fûts d’hydrocarbures. Des « prélèvements » – beaucoup d’autres sont encore à bord – qui doivent alimenter une enquête déjà ouverte sur des faits d’atteinte à l’environnement.

Lire aussi : Le port « passe à l’action sur les vieux bateaux… Mais le Corsaire reste au fond de l’eau

C’est l’intervention la plus spectaculaire parmi les 89 opérations environnementales menées la semaine dernière par la gendarmerie. La brigade nautique et l’Oclaesp – Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique, installé depuis septembre 2022 au fenua – ont mené des investigations la semaine dernière sur l’épave du Corsaire. Des investigations en profondeur puisque le navire, ancienne navette d’Aremiti, avait coulé en octobre 2022 dans le port de Papeete après y avoir été immobilisé pendant une quinzaine d’années. Le Corsaire est toujours posé à un peu plus de 30 mètres de fond, tout près du pont de Motu uta, entouré de barrières de surface anti-pollution puisque plusieurs « fuites » d’hydrocarbures avaient été constatées, notamment en mars 2023. Elles avaient motivé l’ouverture par le parquet, voilà quelques mois, d’une enquête préliminaire pour atteinte à l’environnement. Et c’est dans ce cadre que sont intervenus les cinq plongeurs spécialisés dans les « opérations de criminalistique en milieu subaquatique. » « Conduire une perquisition par 35 mètres de fond, ça demande une haute technicité, à la fois en matière de plongée et de police judiciaire, note le commandant de la gendarmerie en Polynésie, le colonel Grégoire Demézon, et donc c’est le croisement de ces compétences qu’on a mises en œuvre pour conduire cette opération. »

Les plongeurs de la gendarmerie en pleine action de perquisition et de saisie la semaine dernière. ©Gendarmerie PF

12 bidons de 20 litres et 6 fûts de 200 litres « prélevés »

Une opération qui a porté ses fruits : 12 bidons de 20 litres et 6 fûts de 200 litres d’hydrocarbures ont été « saisis » et remontés à la surface par les gendarmes. Beaucoup d’autres sont toujours à bord. Des « prélèvements » qui doivent maintenant être analysés « pour savoir exactement quel type de matières ont été stockées à bord de ce bateau » et définir quelles règles ont été, au passage, violées. « C’est un développement important pour l’enquête, précise la procureure de la République Solène Belaouar. Et l’enquête n’est pas terminée, puisqu’on va s’attacher à déterminer les responsabilités. »

Un travail qui sera toujours mené sous le régime de l’enquête préliminaire – l’ouverture d’une information judiciaire n’est pas « à ce stade » envisagée – et qui pourrait être complexe vu l’historique du Corsaire. Le groupe Degage, et plus précisément sa filiale ad hoc Copropriété Maritime Corsaire, en était historiquement le propriétaire, raison pour laquelle il avait été mis en demeure par le port de retirer l’épave fin 2022. Mais la société, gérée par Eugène Degage, explique avoir vendu le navire à l’entreprise Tahiti Cruises de Francky Wong dès 2018. Une cession qui n’a pas fait l’objet des déclarations adéquates comme l’avait rappelé  le tribunal administratif en mai dernier. Alors que le port a renoncé à mener lui-même les opérations de renflouement  – un appel d’offres pour la dépollution du bateau devrait toutefois être lancé cette année – la question des responsabilités financières de ces opérations est désormais dans les mains de la cour d’appel administrative de Paris. S’ajoute donc celle de la responsabilité pénale des hydrocarbures stockés à bord.

Un agent de l’Oclaesp inspectant un des fûts de 200 Litres retirés de l’épave du Corsaire. ©Gendarmerie PF

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1 Commentaire

  1. natua tomorrow
    21 février 2024 à 5h30 — Répondre

    Une solution a été proposée par des spécialistes locaux adossés par des experts métropolitains , cette société avait en son temps prévenu le ministre en charge de l’environnement , Heiura les verts des risques sérieux pour l’environnement . Et détail qui vaut son pesant de ARATITA , le spécialiste choisi par le Port pour mettre en oeuvre le protocole de renflouement et dépollution n’a aucune compétence en matière de travaus sous marins ….

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