A Takume, c’est la panique. Des élus de l’atoll accusent Paul Yu, perliculteur bien connu des Tuamotu, d’avoir transféré illégalement des nacres malades de l’atoll de Raroia vers celui de Takume, ont révélé lundi soir nos confrères de Tahiti Infos. Le perliculteur en question nie entièrement les faits.
Deux milles nacres ont-elles été transférées de Raroia vers Takume et déversées dans le lagon de l’atoll ? C’est le scénario catastrophe pour lequel la tavana déléguée de Raroia, Anna Flores, a rencontré lundi matin les conseillers du CESC à Tahiti. L’élue devait rencontrer dans l’après-midi la directrice des Ressources marines, Hinano Teanotoga. Elle estime que ce transfert est scandaleux et ne compte pas en rester là.
De son côté, le conseiller maire de Takume, Bruno Faatoa, ne mâche ses mots. L’élu considère ce transfert comme étant un « crime ». Il assure que « la société de Paul Yu, basée à Raroia, a transféré illicitement des nacres dans le lagon de Takume sachant très bien qu’elles sont malades. Et les instances du Pays savent que ses nacres sont malades ». Bruno Faatoa affirme aussi qu’à Raroia, trois grandes sociétés perlicole sont implantées. Et ces dernières considèrent le lagon de Takume comme étant « une aubaine pour le collectage ». Mais le souci, selon Bruno Faatoa, c’est que « depuis deux à trois ans le collectage ne fonctionne plus très bien ». Et pour dénoncer ce « transfert de nacres illégal et ce risque de contagion du lagon de Takume », un courrier a été envoyé jeudi dernier au ministre de l’Economie bleue, Teva Rohfritsch, lui demandant de faire intervenir les services du Pays et le retrait de ces nacres. Depuis cette date, selon Bruno Faatoa, c’est la population même de Takume qui a retiré ces nacres de leur lagon.
Contacté, Paul Yu dément entièrement les faits et affirme qu’il sait qu’il n’a pas le droit de transférer des nacres de Raroia à Takume. Il reconnaît en revanche qu’il le fait dans le sens contraire, ce qui est autorisé. « C’est du n’importe quoi », lâche-t-il à propos de ces accusations.
La représentante désignée par le syndicat professionnel des producteurs de perles au titre employeurs au CESC, Aline Baldassari, se dit « choquée » si ces accusations sont fondées. Mais elle affirme qu’elle aimerait avoir plus de « preuves ». Elle considère Paul Yu comme étant « un très grand et un des meilleurs perliculteur il y a 30 ans » et indique qu’elle se rapprochera de lui pour en savoir plus. Par ailleurs, elle indique que sur les 18 atolls perlicole de la Polynésie, qui ne sont d’ailleurs pas tous producteurs, 4 sont déjà « malades » dont Takaroa, Takapoto, Raroia et Takume. Pour elle, la direction des Ressources marines doit se saisir du dossier le plus tôt possible.