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Des nouvelles restrictions de rassemblement… Et bientôt le couvre-feu ?

Dans une allocution commune, ce matin, le Haut-commissaire Dominique Sorain et le vice-président Tearii Alpha ont annoncé le maintien et le renforcement des mesures de lutte contre le Covid-19. En ligne de mire, les rassemblements, plus que jamais restreints. Aucune limitation des déplacements vers les îles n’est en revanche mise en place. Quant au couvre-feu, les autorités y semblent favorables, à condition que Paris leur fournisse une base juridique solide. 

Un mois après sa dernière intervention sur le Covid, le Haut-commissaire faisait une nouvelle fois face à la presse ce vendredi matin. Cette fois sans Édouard Fritch, toujours isolé pour cause de Covid, et remplacé par son vice-président Tearii Alpha. Le temps est gris, le ton est grave, et les indicateurs sont au rouge : les dépistages menés par l’institut Malardé et la filière Covid de l’hôpital de Taaone, plus chargée que jamais, ne laissent aucun doute sur « l’accélération de la contamination ». Elle est même « vertigineuse » répète Tearii Alpha, pour qui une partie de la population « n’a pas pris conscience » du risque. Les occasions lors desquelles les gestes barrières ne sont pas appliqués sont « trop nombreuses » complète le Haut-commissaire, même s’il reconnait que les mesures de prévention sont « globalement respectées ». Interrogés sur l’exemplarité des élus ou le rôle du scrutin sénatorial dans la propagation du virus, les deux responsables ont appelé à se concentrer sur l’alerte épidémique plutôt que sur la « polémique ». Leur objectif affiché : « éviter un reconfinement général » et la « saturation de l’offre de soin ».

Rassemblements festifs et sportifs très restreints…

Cette prise de parole officielle, la première depuis le 18 septembre sur la situation épidémique, ainsi que l’adaptation de la stratégie sanitaire, était très attendue. D’autant que le passage en niveau d’alerte 4 de Tahiti et Moorea, déclaré en catimini mercredi soir, n’a emporté que peu de conséquences en dehors de l’hôpital. L’arrêté mettant en place les mesures actuelles de lutte contre l’épidémie arrivait qui plus est à échéance jeudi 15 octobre. Déclaration préalable des rassemblements, fermeture des discothèques, port du masque dans certaines zones… Ces mesures ont été maintenues, et complétées. La prochaine version de l’arrêté, qui devrait être publiée en début de semaine prochaine et durer jusqu’au 25 novembre, devrait prévoir l’interdiction de tous les rassemblements festifs familiaux ou amicaux, dans les établissements recevant du public. Plus de mariages, baptêmes, baby shower, soirées étudiantes, évènements musicaux, mais aussi combats de coqs et bingo, identifiés comme des clusters fréquents. Dominique Sorain a aussi annoncé l’interdiction des rassemblements de plus de 6 personnes sur la voie publique. Les modalités juridiques de cette mesures restent à préciser. Elles dépendront des décrets d’application sur l’état d’urgence national, à paraître, et qui doivent permettre de « renforcer les capacités d’action » du Haussariat.

Les écoles et les entreprises moins concernées

Le sport connaîtra lui aussi son lot de restrictions avec des demi-jauges lors des entraînements en salle (4 m2 minimum par pratiquant) et des compétitions à huis clos. Renforcement de la prévention, aussi, dans la restauration et les bars, où, en plus de l’interdiction de la consommation debout, les masques et la distanciation, les tables devront désormais être limitées à 6 personnes. À noter aussi la limitation des foires et salons ou la fermeture des snacks dans les ferries, le renforcement des mesures sanitaires pendant les cultes et l’organisation des veillées funéraires par petits groupes de 10 personnes. En revanche, la stratégie mise en place fenua, comme celle décidée à Paris, ménage les rassemblements professionnels et scolaires, qui ne seront pas interdits. De nombreuses contamination ont pourtant eu lieu dans les entreprises. « J’appelle les dirigeants de ces établissements à leur responsabilité pour faire respecter les gestes barrières, dans les espaces communs, lors de réunions ou de moments de pauses », a simplement précisé le Haussaire.

Le couvre-feu, si possible

Beaucoup s’attendaient – ou redoutaient – des mesures plus strictes. Et notamment des interdictions de déplacement depuis Tahiti et Moorea vers les autres îles, relativement préservées par l’épidémie malgré des cas à Raiatea, Takaroa, Nuku Hiva ou Rurutu. Mais le Haut-commissaire s’est refusé à « séparer le territoire de la Polynésie ». Le responsable ne s’est en revanche pas montré opposé à l’idée de la réinstauration d’un couvre-feu. « Je sais que cette disposition est souhaitée par de nombreux élus et habitants du fenua parce qu’elle permet de limiter les rassemblements la nuit » a expliqué Dominique Sorain. Édouard Fritch avait déjà loué cette mesure plusieurs fois par le passé. Encore faudra-t-il que Paris fournisse des bases juridiques solides : le décret relatif à l’état d’urgence sanitaire national, qui doit prévoir un couvre-feu dans 9 des agglomérations les plus importantes de métropole, est attendu de pied ferme. Une réunion avec les tavana est prévue lundi. La question du couvre-feu sera sur la table, mais « d’autres mesures » seront aussi discutées et annoncées dans le courant de la semaine prochaine.

Et dans la sphère privée ?

Depuis la fin du mois d’août, les rassemblements informels de 10 personnes sont interdit. Cette mesure, qui devrait être prolongée concerne les lieux publics, tels que les plages, parcs et motu, mais pas la sphère privée. Malgré certaines tournures de phrases qui pourraient le laisser entendre il est impossible, ou du moins périlleux, juridiquement, d’interdire les rassemblements familiaux ou amicaux chez les particuliers, pourtant à l’origine de nombre de clusters. Dominique Sorain s’en remet donc surtout à la « vigilance » et au bon sens de chacun, appelant à « appliquer les mêmes règles dans le cercle privé » que sur la voie publique. « En famille, entre amis, nous ne sommes pas à l’abri de transmettre le virus à notre insu, insiste le responsable. Nous devons garder à l’esprit que le virus continue à circuler et ne s’arrêt pas à notre porte »

 

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