Peu d’annonces ce mercredi au point presse du ministre de la Santé, mais des précisions par rapport aux annonces faites lundi. Une nouveauté en revanche, l’arrivée prochaine d’une équipe de 6 personnes envoyées par Santé Publique France, qui va venir renforcer les effectifs du bureau de veille sanitaire pour une mission de 4 à 6 semaines.
Après les annonces faites lundi par le haut-commissaire Dominique Sorain, la Polynésie est actuellement entre le stade 2 et le stade 3. Un diagnostic confirmé par le Dr Raynal, qui admet que la Polynésie est, du fait de la circulation active du virus et du nombre croissant d’hospitalisations, « à la limite d’être obligée (…) de passer dans un niveau 3 » de l’alerte sanitaire. Un niveau 3, rappelle-t-il, qui signifierait des restrictions supplémentaires, notamment en termes de déplacements.
« Il n’est pas du tout question d’un confinement général, néanmoins il n’est pas impossible que dans certains endroits, pour éviter une dissémination importante du virus, nous ayons à prendre des mesures ciblées sur des quartiers, en coordination avec les tavana. » Une nouvelle fois, le ministre de la Santé donc a rappelé l’importance de respecter les mesures barrières, « y compris dans le milieu familial » pour protéger les personnes âgées ou à risques.
Le CHPF suffisamment préparé, dit le ministre
Le ministre s’est refusé à donner plus de détails sur les 9 personnes actuellement hospitalisées, dont 3 sont en service de réanimation sans qu’on sache si elles sont sous respirateur ou pas. Il a simplement précisé que jusqu’ici « les séjours en réanimation ont été relativement brefs, entre 3 et 8 jours ». Et concernant le niveau de préparation du CHPF, Jacques Raynal énumère : 20 lits de réanimation « totalement armés », une quarantaine de lits supplémentaires qui peuvent l’être, deux commandes supplémentaires de tanks d’oxygène faites en Nouvelle-Zélande, dont l’une doit arriver « bientôt » et l’autre dans un mois et demi, et une commande de 2,5 millions de masques « en instance d’arrivée » comme l’avait annoncé Édouard Fritch lundi.
Des renforts matériels et humains en provenance de métropole
« (…) Le haut-commissaire et le président du Pays ont souhaité alerter Santé Publique France pour obtenir une aide à la fois en moyens humains, mais également en moyens matériels. Si on avait un incident sur une machine, on risquerait de se trouver en difficulté pour faire les tests. » Le ministre a ainsi expliqué que le CHPF dispose d’une machine GeneXpert qui peut « techniquer » 50 tests par jour (le reste de sa capacité est pour l’instant réservé aux autres pathologies), l’ILM dispose d’une machine similaire d’une capacité quotidienne de 200 tests, et le laboratoire de biologie médicale de la clinique Paofai peut réaliser une quinzaine de tests par jour. S’il juge ces capacités suffisantes pour le moment, Jacques Raynal indique que des commandes ont déjà été faites, et que le Pays a demandé à Paris d’accélérer la livraison de matériel supplémentaire.
Six réservistes sanitaires en provenance de métropole vont bientôt se joindre au PC de crise, réduit aujourd’hui à une quarantaine de personnes, issues uniquement des personnels de la Santé et de l’Arass. Ces renforts consistent en un chercheur épidémiologiste, un médecin épidémiologiste, et 4 infirmières qui seront capables de réaliser des enquêtes autour des cas. Des renforts bienvenus, admet le Dr Pierrick Adam du Bureau de veille sanitaire.
Dans un communiqué, le Haut-commissariat confirme l’arrivée de cette équipe d’ici la fin de la semaine, pour une mission de 4 à 6 semaines.
Revoir la stratégie des auto-tests ?
Ces nouveaux arrivants (qui seront soumis à l’isolement à leur arrivée, assure le ministre) seront aussi chargés d’évaluer la stratégie des tests : les 13 488 auto-tests réalisés à ce jour n’ont pas détectés beaucoup de cas positifs. « On se rend compte que ça n’a pas un intérêt majeur, donc on est en train de revoir cette stratégie (…) de les réorienter de façon différente ».
« 5 ou 6 » enfants détectés positifs dans les écoles
Sur le sujet des écoles, Jacques Raynal a précisé que si les enfants de moins de 11 ans ne sont pas soumis à l’obligation de port du masque, tous les intervenants adultes dans toutes les écoles y sont tenus. En réponse à l’incompréhension qui semble régner dans l’opinion publique, il a rappelé que l’interdiction de rassemblements de plus de 10 personnes ne s’applique pas aux établissements scolaires, où les mesures préventives sont la distanciation et le port du masque. « Sur le plan scientifique, les études montrent qu’il y a peu de transmission virale qui se fasse par les enfants. Le risque est moins important. » Les cas détectés dans les écoles sont majoritairement des adultes, a-t-il précisé : « de mémoire, c’est 5 ou 6 enfants, mais qui n’ont pas été contaminés à l’école. » La stratégie de fermeture ciblée de classes reste donc de mise.
L’hydroxychloroquine ? « Arrêtez avec ça », répond le Dr Raynal
« J’ai répondu à une représentante de l’assemblée, j’ai répondu à un collectif, a rappelé Jacques Raynal. Lisez, lisez, lisez ce que se passe. Il y a des savants qui parlent, et puis il y a des savants qui étudient de façon scientifique. Toutes les études nous disent qu’il n’y a aucun intérêt démontré de l’association hydroxychloroquine et azithromycine, et au contraire, on a même eu des aggravations du fait des effets secondaires. » Il recommande à ce titre la lecture d’un des derniers articles de la revue Prescrire, dont il assure l’indépendance.