Paris (AFP) – L’explosion d’un drone piégé du groupe État islamique (EI) le 2 octobre à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, a tué deux combattants kurdes et blessé deux commandos français, selon des sources américaines et françaises.
Des sources françaises proches du dossier ont confirmé que deux soldats français avaient été blessés dans cette explosion.
Le quotidien Le Monde indique pour sa part que l’un d’entre eux serait dans un état très grave, entre la vie et la mort.
A Washington, un responsable américain de la Défense a confirmé la mort de deux combattants kurdes peshmergas, mais s’est refusé à donner toute information sur le sort des soldats français.
C’est la première fois que le groupe EI parvient à tuer avec un petit drone, selon les responsables de la Défense américains.
Selon l’un d’eux, s’exprimant sous couvert d’anonymat, le drone piégé était un « avion construit en polystyrène », du type de ceux en vente dans les magasins de modèles réduits.
L’explosif était apparemment « dans la batterie » et l’explosion semble avoir été déclenchée par un « minuteur », et non par une commande à distance.
L’avion a été ramassé sur le sol par des combattants peshmergas, puis ramené au camp. L’appareil a explosé alors que les peshmergas étaient en train de le photographier, selon le responsable américain.
L’engin a-t-il été abattu ou est-il tombé au sol pour une autre raison ? « Ce n’est pas clair » pour l’instant, selon le responsable américain interrogé.
Selon le colonel John Dorrian, un porte-parole militaire de la coalition, l’utilisation de petits drones par le groupe EI n’est pas nouveau.
Les jihadistes les utilisent de manière « assez commune » pour la surveillance, et il les ont également utilisés avec des « munitions », a-t-il indiqué.
– « Pas d’impact stratégique » –
Consciente du risque qu’ils représentent, la coalition et notamment l’armée américaine ont déployé des systèmes de protection spécifiques contre cette menace, capables « d’identifier, de suivre et d’éliminer » ces petits appareils, a-t-il dit, sans vouloir détailler plus.
Les armes anti-drones déployées sont « cinétiques » (frappant physiquement le drone avec un projectile) ou recourent à d’autres techniques comme le brouillage ou le piratage, a précisé de son côté le responsable américain.
Selon le colonel Dorrian, ces petits drones, ne représentent pas « une menace existentielle », et « n’ont pas d’impact stratégique ».
« L’EI peut bien les utiliser, mais à la fin les Irakiens libèreront Mossoul », a-t-il dit.
Les petits drones commerciaux, que l’on peut acheter en ligne, ne peuvent pas porter suffisamment d’explosifs pour représenter une menace réellement significative sur le plan militaire, a estimé de son côté le responsable américain.
La coalition internationale anti-EI, à laquelle participe la France, se prépare à lancer une offensive d’envergure pour déloger les jihadistes de Mossoul, à 85 km à l’ouest d’Erbil, et en reprendre le contrôle d’ici la fin de l’année.
Mossoul, deuxième ville d’Irak, est tombée en juin 2014 aux mains de l’EI.
Côté français, près d’un demi-millier de soldats se trouvent déjà en Irak: ils apportent un appui d’artillerie, conseillent les peshmergas au nord ou forment des unités d’élite irakiennes à Bagdad.
Les États-Unis comptent de leur côté 4.600 militaires dans le pays, et le président Baccara Obama a récemment donné son feu vert à l’envoi de 600 soldats supplémentaires en vue de la bataille de Mossoul.
© AFP/Archives SAFIN HAMED
Des combattants kurdes peshmergas, le 5 mai 2016 à Erbil.