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Destruction du blockhaus de Tureia : Oscar Temaru revient à la charge

Le président du Tavini a de nouveau dénoncé, ce matin, les plans de destruction du blockhaus de Tureia, utilisé comme protection pendant la période des essais atmosphériques. Une façon pour l’État, « d’effacer la mémoire du nucléaire », a répété l’élu indépendantiste. L’État, qui organise une visite aux Tuamotu aujourd’hui, assure qu’aucune décision n’est prise mais explique que le bâtiment, largement délabré, « pose des problèmes de sécurité »

« Je leur ai dit : cette photo est déjà partie dans le monde entier ». Sur l’image brandie par Oscar Temaru, un bunker, construit dans les années 60 à Tureia, aujourd’hui dans un état de délabrement avancé. « C’est un centre de mémoire, et ils veulent le détruire » insiste le maire de Faa’a, bien décidé à mobiliser, dans les milieux anti-nucléaires, autour de ce sujet. Le bâtiment fait partie d’une série de bunkers qui ont été construits par l’armée, dans les années 60, sur les atolls les plus exposés aux essais nucléaires polynésiens. Tureia, à un peu plus d’une centaine de kilomètres de Moruroa, était en première ligne, et son blockhaus, un des deux qui avaient été prévus sur l’île, est aujourd’hui le dernier des Tuamotu. Dans les années 60 et 70, fonctionnaires, militaires, et population y ont été régulièrement rassemblés pour être protégés des tirs atmosphériques. Une preuve pour le Tavini, que l’État connaissait très bien le danger de ces explosions et un témoin de cette histoire que le parti bleu ciel veut tout faire pour ne pas oublier.

« Eux veulent effacer cette mémoire » reprend Oscar Temaru, qui avait déjà interpellé sur le sujet en décembre dernier. « Ils envoient aujourd’hui une délégation sur place pour mettre la pression sur cette petite population, dénonce le maire de Faa’a qui dit avoir déjà interpellé la tavana de Gambier au moment de la destruction d’autres bunker, il y a une quinzaine d’années. Je leur ai dit qu’il fallait que leurs enfants, petits-enfants, voient une jour où est ce qu’on a mis leurs grands-parents pendant les essais. Mais elle a dit « M. Flosse a dit que c’est pas joli et qu’il faut casser ». Hors de question que l’histoire se répète, pour le leader bleu ciel : « Il n’y a pas à le démolir, bien au contraire. L’État a un loyer à payer depuis 1966 qu’ils n’ont pas réglé, c’est d’abord ça qu’il faut faire ». 

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Discussions en cours avec les ayant-droits et la mairie

Une délégation de l’Armée et de l’État, qui comprend notamment le haut-commissaire Dominique Sorain et le contre-amiral Jean-Mathieu Rey, est effectivement en déplacement aux Tuamotu ce mercredi. Une visite de terrain pour parler de la surveillance géologique de Moruroa, de la décontamination de Hao, ainsi que des chantiers entrepris à Tureia, dont l’essentiel du conseil municipal a été invité à suivre la délégation. Mais le devenir du bunker, lui, ne serait pas directement au programme. Déjà envisagé en 2007, laissé de côté pour cause d’opposition de certains ayant-droits, la destruction de la structure, construite sur un terrain privé en indivision, est aujourd’hui « en discussion ». « Rien n’est acté », précise-t-on du côté du Haut-commissariat, où on rappelle que les discussions menées avec les élus locaux et les propriétaires fonciers portent avant tout sur la sécurité du site.

Le blockhaus, qui a un temps fait l’objet d’un arrêté municipal de péril imminent, a été abandonné et n’est plus entretenu depuis 1983, et présenterait aujourd’hui un risque d’effondrement. Si son avenir « ne doit pas faire l’objet de discussions lors de cette visite », elle a tout de même été l’occasion de réaliser des prélèvements pour étudier la présence de plomb et d’amiante. Quant aux loyers, l’État assure qu’ils ont été régulièrement payés pendant toute la période d’utilisation du site. Un débat serait en revanche né, toujours d’après le Haut-commissariat, sur les bénéficiaires de ces paiements, avec certains des propriétaires en indivision.