ACTUS LOCALESJUSTICE Deux pyromanes au tribunal Pascal Bastianaggi 2019-10-21 21 Oct 2019 Pascal Bastianaggi ©Pascal Bastianaggi Ce lundi, au tribunal de Papeete, deux affaires avaient pour point commun des accusés qui pensaient régler leur problème par le feu. L’un pour se venger de sa concubine en mettant le feu à son domicile et périr dans les flammes, et l’autre pour voir ses problèmes psychologiques s’envoler en fumée. Terii, 27 ans, comparaissait pour avoir voulu incendier son fare, dans l’intention de mettre fin à ses jours. À l’origine, une dispute avec sa concubine qu’il avait retrouvée depuis deux mois après une séparation de 4 ans. Tout a commencé avec un compte FaceBook, celui de Terii, qu’il avait demandé à sa concubine de supprimer. Celle-ci méfiante, lui demande des explications, le soupçonnant « d’avoir des trucs à cacher. » La discussion s’envenime, et Terii pète les plombs. Il s’empare d’une barre de transmission d’un véhicule et poursuit sa copine avec. Elle se réfugie derrière une voiture et Terii ne parvenant pas à l’attraper, endommage le véhicule à coups de poing. Puis il se saisit d’un jerrycan d’essence qu’il déverse sur un sofa. Il gratte une allumette, qui, heureusement ne s’enflamme pas, puis est il est maîtrisé par des voisins et des membres de sa famille. L’homme visiblement éprouvé reconnait les faits. « L’essence c’était pour moi, j’ai dit que j’allais me brûler avec la maison pour leur faire mal, » déclare t-il la voix entrecoupée de sanglots. Et à la barre, il s’épanche. « Elle est trop jalouse, la vie avec elle est impossible. » Il avouera aussi avoir déjà fait une tentative de suicide en avalant du désherbant. Il racontera que, conscient de ses problèmes de couple, il avait rencontré un psychiatre avec sa concubine et que celle-ci avait copieusement insulté le spécialiste lors de cet entretien. « Pour moi, mon couple c’est fini » répètera t-il d’une voix affectée. Terii a déjà été condamné pour des faits de violences en 2016 et 2017. Sa concubine dira de lui à la barre que « quand il s’énerve, il est violent. ». Le juge Bonifassi lui demande alors s’il l’avait déjà frappée. La femme reste muette. Il insiste. Elle reste murée dans son silence. Pour le procureur de la république, Hervé Leroy, s’adressant au prévenu, « les faits qui vous sont reprochés sont passibles de 10 ans de prison. (…) Et cela pour un motif futile, supprimer un compte FaceBook. » Se penchant sur les antécédents de Terii, il note que « les faits de violence sont récurrents » et requiert à son encontre 18 mois de prison dont six avec sursis. Pour l’avocat de la défense, Me Des Arcis, « ses actes de violences sont quasiment dirigés contre lui. Il voulait brûler la maison, mais pour se suicider. Il a des attitudes suicidaires et la prison n’arrangera rien à cela. Je demande de la prison avec sursis» Le tribunal l’a condamné à deux ans de prison dont un avec sursis et son maintien en détention. Le feu pour « s’évader de ses problèmes » : 3 ans ferme L’autre cas était celui d’un homme de 29 ans, bien connu des services de police, interpellé par la DSP mercredi dernier. Il avait d’abord mis le feu à un commerce de l’avenue Prince Hinoi, Solarcom, au niveau du compteur électrique, puis à un tas de feuillages situé de l’autre côté de la rue. Les pompiers ont rapidement éteint ces feux. Des témoins à qui il avait tout simplement demandé un briquet avaient permis de l’identifier. Au tribunal, le jeune homme, d’apparence fluette, est agité. Il danse d’un pied sur l’autre, regarde ses mains, et de temps à autre jette par en-dessous un regard au juge. Il a 29 ans et en paraît à peine 18. « Je fume beaucoup de paka, explique-t-il, ma maman me rabaisse tout le temps et mon père est alcoolique, et j’ai plein de dettes avec la justice. » Ce soir-là, c’était de la cocaïne qu’il avait sniffé. « C’est la première fois que j’en prenais, et on se sent fort dans le cerveau. » Avec le feu, il indiquera « s’évader de mes problèmes. Depuis petit, je joue avec lui. Il me faut un lavage de cerveau. » Une expertise psychiatrique indique que le prévenu n’a pas de trouble psychologique et qu’il est accessible à une sanction pénale. Pourtant son casier comporte une condamnation de 12 mois de prison avec sursis pour avoir tenté de mettre le feu à un appartement en 2018. Quand un des assesseurs lui demande si en mettant le feu, il n’avait pas pensé qu’il risquait de tuer ou blesser quelqu’un, il répond oui. « Et vous l’avez quand même fait ? »« Oui. » Le procureur de la République, compte tenu de son passé, requiert trois ans ferme à son encontre et le maintien en détention. Pour son avocate, si elle avoue « qu’il est difficile de le défendre », elle estime que son client « à un mal-être profond, il est rabaissé par sa mère et met le feu parce que cela lui fait du bien. » Elle demande un complément d’information, à savoir une nouvelle expertise psychiatrique et demande un aménagement de la peine. Avant le délibéré, l’accusé prend la parole et s’adresse au juge. « Le procureur m’a donné trois ans. Cela ne sert à rien. J’ai juste besoin d’un travail pour rembourser les dégâts que j’ai commis. » Il a été condamné à trois ans de prison ferme et maintien en détention. 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