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Développement de Moorea : après les manifs, le tribunal

©CP/Radio1

L’Association des habitants de Temae-Moorea porte devant la justice administrative deux sujets qui n’ont trouvé de réponse ni dans la contestation, ni dans la concertation. Elle demande d’une part l’intégration de la route du motu dans le domaine routier public, et d’autre part l’annulation des modifications récentes apportées, illégalement selon elle, au PGEM et au PGA de Moorea. Son président, Alain Bonno, était l’Invité de la rédaction de Radio1 ce mardi.

Deux requêtes ont été déposées par l’Association des habitants de Temae-Moorea  (AHTM) devant le tribunal administratif. La première concerne la route du motu. Si depuis le mois d’août dernier la portion de route qui traverse l’emprise du golf de Moorea a été incorporée au domaine public, et devrait faire l’objet de travaux cette année, le problème de la portion la plus longue de cette route qui court le long de la piste de l’aéroport n’est pas résolu, il s’est même aggravé. Car il s’agit non seulement de la desserte des habitations, mais aussi de l’accès à la seule page publique aménagée de Moorea. Depuis l’acquisition par le Groupe Wane du domaine Enany, la mairie qui assurait l’entretien de la route a informé les résidents « que la mairie n’interviendra plus sur la route parce qu’elle traverse une propriété privée et que son propriétaire est contre l’utilisation de cette route et les interventions de la mairie sur cette route » résume Alain Bonno, président de l’AHTM.

C’est pourquoi l’association présidée par Alain Bonno veut que l’intégralité de la route soit intégrée au domaine public. La date d’audience n’est pas encore fixée.

« Bidouillage » du PGEM et du PGA

Autre sujet de discorde, le PGEM, qui en juillet dernier, au terme de 7 ans de réflexion, enquête publique comprise, a finalement été modifié pour permettre la construction sur l’aire marine protégée – en l’espèce de construire des bungalows sur pilotis – dans le cadre d’une « zone d’aménagement et de développement prioritaire », qui elle-même n’a jamais été discutée au niveau communal.

En fin d’année dernière, deux requêtes en référé contre cette modification avaient été rejetées par le tribunal administratif qui estimait que la condition d’urgence n’était pas remplie – aucune demande de permis de construire n’a fait surface pour l’instant, même si l’hôtelier a confirmé son intention d’agrandir l’hôtel. Une nouvelle requête, au fond cette fois, a été déposée, contre ces modifications qui n’auraient pas été faites dans les règles.

Le conseil municipal du 29 mars dernier, dit Alain Bonno, a également apporté une nouvelle mauvaise surprise : « le projet de désinscrire du PGA une parcelle réservée pour un projet de jardin public », une emprise de plus de 3 hectares  que les usagers connaissent comme « la cocoteraie » et qui représente une façade maritime de 550 mètres. L’AHTM accuse la mairie de faciliter ainsi l’extension de l’hôtel au détriment de la population et de l’environnement.

« Le Pays et la commune ont clairement décidé de ne pas traiter avec nous autres »

« On souffre d’un manque de communication » avec les pouvoirs publics, dit Alain Bonno, qui estime que les efforts de Jean-Christophe Bouissou venu en décembre expliquer les intentions du Pays sont louables mais pas suffisants. Il souligne aussi que parmi les 9 associations conviées, 2 avaient été invitées (sur recommandation de la mairie) à intégrer un « comité d’orientation stratégique », mais pas AHTM. Et Rahiti Buchin, de Tāhei ‘autī ia Moorea, qui avait été pressenti pour intégrer ce comité, a été écarté jeudi dernier pour être « remplacé par une autre personne, qui sauf erreur de ma part est agent communal », dit Alain Bonno. « Le Pays et la commune ont clairement décidé de ne pas traiter avec nous autres. Et le maire affirme en conseil municipal que ce n’est pas lui qui décide. »

Enfin Alain Bonno, au-delà de Temae, s’inquiète de « l’avalanche de projets » qui dégringole sur Moorea, et « qui ne sont pas destinés à la population » alors que « l’effet AirBnB » a déjà considérablement restreint le marché locatif à long terme, et que les infrastructures de l’île sont sous-dimensionnées. Les projets du gouvernement en termes de logements sociaux lui semblent difficilement crédibles, mais ne résoudront de toute façon pas les problèmes des habitants de Moorea qui n’y sont pas éligibles.

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