ACTUS LOCALESSOCIÉTÉ Bruno Barrillot, une vie de combats Vaite Urarii Pambrun 2017-03-26 26 Mar 2017 Vaite Urarii Pambrun © Lucie Rabréaud Le délégué au suivi des conséquences du nucléaire pour la Polynésie française, Bruno Barrillot, est décédé samedi des suites d’une maladie. Chercheur, journaliste, homme d’église et surtout militant engagé contre les essais nucléaires et pour la reconnaissance du préjudice des travailleurs et victimes des essais en Polynésie, Bruno Barrillot est décédé samedi à l’hôpital de Taaone des suites d’une maladie. Co-fondateur de l’association des anciens travailleurs du nucléaires en Polynésie, Moruroa e tatou, Bruno Barrillot assurait les fonctions de délégué au suivi des conséquences du nucléaire pour la Polynésie française depuis 2008. Bruno Barrillot a tout d’abord une formation en mathématiques et physique. Ensuite, Il a poursuivi des études de Philosophie et théologie à Lyon et a terminé par l’obtention d’un Master 2 en « Défense et sécurité internationale ». C’est un réel parcours initiatique qui l’a conduit à être l’homme de foi, l’homme humaniste et l’homme des savoirs que l’on connait. De 1972 à 1985, Bruno, le « Petit prêtre » comme on le surnommait et qui correspond à son mode de vie, est aumônier et responsable du mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne au diocèse de Lyon. En pleine guerre froide et lutte contre les euromissiles nucléaires, il soutient un mémoire « pointant les incohérences et les peurs de se positionner de l’Église catholique face à la menace nucléaire… ». Une incohérence qui va contribuer à son retrait de l’église. Bruno Barrillot recommencera ensuite sa vie en tant que journaliste pour le journal « Libération » à Lyon de 1985 à 1989. Durant cette période avec 3 amis, il participe à la création du CDRPC (Centre de documentation et de recherche sur la paix et les conflits). C’est d’une part l’attentat français contre le navire amiral de Greenpeace dans le port d’Auckland et d’autre part les divers témoignages « effrayants » sur les maladies et sur le déroulement des essais à Moruroa publiés par Greenpeace qui vont le conduire au Fenua. C’est en 1990, qu’il vient pour la première fois dans le cadre d’une enquête d’investigation journalistique pour vérifier ces témoignages sur les essais nucléaires. Il rencontre d’abord Marie-Thérèse Danielsson et Bengt Danielsson. Des amis qui vont le guider, le loger et pour qui il deviendra, comme il le dit, « un enfant adoptif de la famille ». Ses premiers contacts, sans surprise, étaient les gens du Tavini : Oscar Manutahi Temaru, Tea Hirshon, Vito Maamaatuaiahutapu… Bruno disait d’ailleurs qu’« il fallait les voir quasiment secrètement … les gens osaient à peine parler ». A son retour en France et par le bais des Danielsson, il fera une rencontre déterminante. Il rencontrera John Doom qui était à l’époque le directeur du bureau Pacifique du Conseil Œcuménique à Genève. Papy John, homme de foi comme lui, anti-nucléaire et homme de la Paix et Bruno vont se connecter. Ils deviendront « inséparables » dans ce combat. Pour la première fois, le vécu des populations et leur avis vont être couchés sur papier. Avec l’animatrice hollandaise, Madeleen Helmer, John Doom et d’autres, ils décident de demander l’avis des Polynésiens sur les essais nucléaires. Ce travail est effectué à Tahiti sous la direction de deux sociologues hollandais et grâce au dynamisme de Gaby Tetiarahi qui mobilisa une équipe de jeunes enquêteurs. L’Eglise protestante était en soutien avec son vice-président de l’époque, le pasteur Taarii Maraea. En 1998, l’enquête est publiée sous le titre en français « Moruroa et nous » et en tahitien « Moruroa e tatou ». Quelques années plus tard, en France, l’équipe autour de John Doom se concerte et décide de créer deux associations : l’Aven en France composée de vétérans militaires très inquiets à leur niveau et Moruroa e tatou en Polynésie. Les deux associations voient le jour en juin et juillet 2001. Bruno Barrillot est nommé expert et conseiller en nucléaire pour les deux associations… En 2002, Bruno est nommé par le Premier ministre de l’époque membre de la Commission nationale pour l’élimination des mines antipersonnel. En 2005, lors du Taui, il sera nommé expert de la Commission d’enquête de l’Assemblée de la Polynésie française sur les essais nucléaires aériens. Dès 2006, Bruno est nommé expert du Conseil d’orientation sur le suivi des conséquences des essais nucléaires (COSCEN). En 2009, il devient Délégué pour le suivi des conséquences des essais nucléaires, au nom du gouvernement de la Polynésie française. Il sera licencié du poste de Délégué de la DSCEN, suite au retour au pouvoir de Gaston Flosse. Septembre 2013 à 2014, Bruno poursuivra sa mission comme assistant du sénateur Richard Tuheiava. En août 2016, le gouvernement Fritch le remet dans ses fonctions de Délégué au suivi des conséquences des essais nucléaires. L’ensemble des équipes de Radio 1 et Tiare FM adressent leurs plus sincères condoléances à la famille et aux proches de Bruno Barrillot. Biographie Bruno, Henri Barrillot Né le 09 avril 1940, à Lyon. Fils de feu de Pierre, Marcel Barrillot et feue Yvonne, Gabrielle Roux. Il a vécu toute son enfance à Lyon, y a étudié, jusqu’à l’obtention de différents diplômes, notamment celui d’Etudes de Philosophie et de théologie à l’Université Catholique de Lyon en 1972, où par la suite il avait été ordonné prêtre animateur du Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne. En 1984, avec Patrice Bouveret et Jean-Luc Thierry, ils décidèrent de créer le CDRPC (Centre de Documentation et de Recherche sur la Paix et les Conflits) devenu en 2008, l’Observatoire des armements / CDRPC. Trois militants lyonnais qui décident de mutualiser leur documentation visant à mobiliser toute la société civile avec une information précise et des analyses des armements, notamment sur les essais nucléaires français. En 1985, il en deviendra le Directeur et ce jusqu’en 2005. Il écrivit un mémoire qu’il a alors soutenu, pointant les incohérences, les peurs de se positionner de l’Église catholique face à la menace nucléaire, et qui a contribué à ton retrait de cette institution…Il devient alors journaliste à l’édition lyonnaise de Libération. En 1990, en Polynésie française pour vérifier les témoignages recueillis par des médecins pour le compte de Greenpeace n’a pu que renforcer tes convictions. Il a alors décider avec le concours de ses collaborateurs, d’élargir leurs actions aux conséquences de ces essais pour les populations polynésiennes et algériennes à qui on n’avait rien demandé. En 2001, il fut nommé expert et conseiller en nucléaire pour les associations Aven et Moruroa e tatou. En 2002, il fut nommé par le 1er ministre, membre de la Commission nationale pour l’élimination des mines antipersonnel. En 2005 ; il fut nommé expert de la Commission d’enquête de l’Assemblée de la Polynésie française sur les essais nucléaires aériens ; 2006, nommé expert du Conseil d’orientation sur le suivi des conséquences des essais nucléaires, organisme gouvernemental de la Polynésie française ; en 2007, nommé expert du Conseil d’orientation sur le suivi des conséquences des essais nucléaires en Polynésie française. En 2009, il fut engagé par le Gouvernement de la Polynésie française, Délégué pour le suivi des conséquences des essais nucléaires, au nom du gouvernement de la Polynésie française. En 2013, il fut assistant du Sénateur Richard Tuheiava. En août 2016, rappelé par le gouvernement de la Polynésie française, pour diriger la Délégation polynésienne pour le suivi des conséquences des essais nucléaires. Depuis son premier séjour en Polynésie, il n’a eu de cesse de dénoncer, d’interpeller, de tisser un réseau, pour que Vérité et Justice soient rendues aux victimes des essais nucléaires. Un long travail d’investigation qui est à l’origine de la loi du 5 janvier 2010, dite loi Morin en faveur des victimes des essais nucléaires. Le « Nuclear Free Futur Award », ou prix de l’avenir sans nucléaire qui t’a été décerné en 2010, viendra honorer cet engagement sans faille que tu as poursuivi jusqu’à ces dernières semaines. 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