En 2005, l’ouragan Katrina en frappant La Nouvelle-Orléans, en Louisiane aux Etats-Unis, a fait 1.800 morts et a provoqué plus de 150 milliards de dollars de dégâts.
Entre sons endiablés des fanfares et cérémonies solennelles, La Nouvelle-Orléans aux Etats-Unis a marqué samedi le dixième anniversaire de l’ouragan Katrina, se souvenant des disparus et célébrant la renaissance de la ville de Louisiane. »Même si l’ouragan Katrina nous a mis à genoux, nous n’avons pas laissé cette tempête nous détruire. C’est grâce à notre esprit de résistance », a déclaré le gouverneur de Louisiane, Bobby Jindal, lors d’une cérémonie de dépôt de couronnes en présence de centaines de personnalités et de proches des victimes.
Hommage pour les corps jamais identifiés. À 8 heures 29 du matin, l’heure où la première digue a cédé, les autorités ont déposé des couronnes de fleurs dans le quartier du Lower Ninth Ward, l’un des plus pauvres de la ville, majoritairement noir, et aussi le plus durement frappé par les inondations. Une fanfare y a mené une « fête de la résilience », et d’autres concerts étaient prévus partout dans la ville tout au long de cette journée forte en émotions.
La cérémonie au cimetière de la Charity Hospital, qui vient culminer une semaine de commémorations en tous genres, a aussi rendu hommage aux victimes dont les corps n’ont jamais été identifiés. Ailleurs, à Biloxi notamment, dans le Mississippi, également fortement touché, les cloches ont sonné samedi matin à l’heure exacte où l’ouragan avait atteint les côtes américaines.
« Tous ceux d’entre nous en âge de nous en souvenir n’oublierons jamais les images de nos concitoyens dans une mer de misère et de ruines », a déclaré l’ancien président George W. Bush en visitant une école de La Nouvelle-Orléans vendredi. Vivement critiqué à l’époque pour sa gestion de la crise, il a confié avoir été touché par la détermination de la ville à se reconstruire, avec « un esprit encore plus fort qu’avant l’ouragan ».
Une habitante se recueille au mémorial où 100 corps de victimes non identifiées ont été enterrés. (JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
Un million de sans-abris en 2005. Lorsque l’ouragan de catégorie 5 Katrina a frappé la côte sud des Etats-Unis le 29 août 2005, La Nouvelle-Orléans, en partie construite sous le niveau de la mer, a coulé. Sous la pression de la montée des eaux, des dizaines de digues mal entretenues ont cédé, laissant passer des flots boueux qui ont inondé 80% de La Nouvelle-Orléans. L’eau est montée si vite que des habitants sont morts noyés. Des centaines d’autres se sont réfugiés sur leurs toits, isolés par les flots. Les rares endroits restés au sec ont sombré dans le chaos, des dizaines de milliers de personnes désespérées attendant pendant plusieurs jours des vivres et de l’eau.
Au total, plus de 1.800 personnes sont mortes, la plupart dans cette ville, et un million d’habitants ont dû quitter leurs maisons. La facture totale a dépassé les 150 milliards de dollars.
Plus de tourisme, moins de délinquance. Depuis le drame, des maisons colorées sur pilotis ont remplacé des carcasses pourries rongées par les eaux stagnantes des inondations. La ville s’est si bien relevée que l’industrie du tourisme a explosé, avec neuf millions de visiteurs l’an passé. La criminalité baisse, jusqu’à atteindre le plus bas taux d’homicides en 43 ans en 2014. Des start-ups s’installent dans la ville, où une réforme du système scolaire porte déjà ses fruits, avec plus de diplômés et un meilleur niveau.
Critiquant l’attitude de l’administration Bush, le président Barack Obama, qui s’y est rendu jeudi, a salué la « résilience extraordinaire » de ceux qui sont revenus à La Nouvelle-Orléans pour réparer maisons et commerces détruits.
« Notre travail ne sera pas terminé tant que, dans cette ville, une famille moyenne noire gagnera moitié moins qu’une famille moyenne blanche », a-t-il toutefois souligné.
100.000 habitants en moins qu’en 2005. La ville à l’identité multiculturelle (afro-caribéenne, créole et américaine) s’est pourtant en partie diluée dans la tempête, selon certains habitants. Beaucoup ne sont jamais revenus : la ville compte aujourd’hui 100.000 habitants de moins qu’avant Katrina, et ce malgré l’arrivée de nombreux nouveaux résidents. La part de la population noire a nettement baissé, passant de 68% en 2000 à 60% en 2013. Samedi, des habitants de La Nouvelle-Orléans faisaient d’ailleurs part d’une certaine colère rentrée. « Je pense que nous devrions nous rappeler qu’il y a tant de gens qui n’ont rien dans notre communauté, qu’ils sont perdus. Il est important que nous fassions tout ce que nous pouvons pour les aider eux aussi », relevait Kathleen Whalen, une habitante.
Source : Europe1 avec AFP