ACTUS LOCALESJUSTICE DJ Fred condamné à sept ans de prison Pascal Bastianaggi 2019-11-06 06 Nov 2019 Pascal Bastianaggi ©P.Bastianaggi/Radio1 À l’issue de deux jours de procès, Wilfred Atapo alias DJ Fred a été condamné à sept ans de prison. Ce procès a mis en lumière la dangerosité des réseaux sociaux pour les mineurs, proies de choix pour les prédateurs en tous genres. « Pour l’auteur, une partie de ses actes sont virtuels. Mais les conséquences sur les victimes sont réelles », lance la procureure de la République Audrey Gambin, en fixant l’accusé. Celui-ci la regarde, traits tirés et yeux rougis, sans montrer de signes de nervosité. Elle poursuit son réquisitoire. « Plus de 1 500 photos collectées et archivées. Plusieurs centaines d’identifications et de mots de passe volés. Les faits sont reconnus. Voyeurisme avec pénétration par effraction dans les comptes FaceBook, atteinte à l’intimité de la vie privée. » Et de faire remarquer, « Ce qui est marquant, c’est son approche structurée et répétée. Une signature que l’on retrouvera tout au long du dossier. » Elle marque un temps avant de décortiquer son mode opératoire : « Premier temps, une prise de contact et une mise en confiance. » Elle évoque les fautes d’orthographe qu’il faisait sciemment dans ces messages pour se faire passer pour une ado. « Deuxièmement, il oriente la discussion sur des sujets à connotation sexuelle, et au bout du troisième ou quatrième contact, échange et demande de photos. D’abord anodines, puis au fur et à mesure, un peu dénudée, puis nue. » Elle précise, « Si ces demandes n’aboutissaient pas, il passait aux menaces et au chantage. C’est nauséabond car nombre de ses victimes se sont mutilées car elles ne se supportaient plus. » Pour la procureure, l’homme a créé autour de ses victimes un climat d’insécurité, de culpabilité et d’isolement. « Une démolition identitaire », martèle-t-elle, « dont les conséquences sont réelles. Deux de ces jeunes filles ont vu leur nom et leur image jetés en pâture au vu de tous. » Ainsi, s’adressant à la cour, « le risque de récidive est prégnant, il apparaît larmoyant, mais il s’apitoie sur sa maladie. Je requiers à son encontre sept ans de prison ferme avec maintien en détention ainsi que 5 ans de suivi socio-judiciaire avec soins, et son inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ». « Ce procès est un symbole de la déliquescence émotionnelle sociétale » L’heure est à la défense, l’avocat se lève pesamment comme s’il portait sur ses épaules le poids des dossiers des 77 victimes entassés devant le juge et ses assesseurs. Il sait que sa plaidoirie, aussi brillante soit-elle, se heurtera aux convictions du tribunal. Son client est coupable, il a reconnu les faits. Tout au plus peut-il espérer que le tribunal n’aille pas au-delà de la peine requise par la procureure. Il attaque : « C’est un procès hors norme car c’est un symbole de la déliquescence émotionnelle sociétale. Les jeunes sont livrés à eux-mêmes sur les réseaux sociaux et sans contrôle parental. Une enfant de 9 ans n’a rien à faire sur FaceBook. » Pour lui son client souffre « d’une réelle pathologie et son addiction me donne l’impression qu’elle est semblable à l’addiction au jeu. On fait du mal à son entourage et l’on ne s’en rend pas compte. » Avouant qu’il s’attendait à des réquisitions plus sévères, il s’adresse au juge, « je vous demanderais de ne pas aller au-delà. » « Je ne trouve pas les mots pour m’excuser » Arrive le moment attendu par tous, celui où l’accusé prend la parole avant le délibéré. « La procureure m’a traitée de personnage horrible. Cela me choque. On m’a reproché de ne pas avoir versé de larmes pour les victimes, mais je n’étais pas au courant de ce qui s’est passé pour elles. » Il reprend son souffle, avale un sanglot et poursuit : « J’ai versé des larmes, hier dans ma cellule, à l’écoute des témoignages des parents à la télé. Mes codétenus pourront vous le dire…. Je ne trouve pas de mots pour m’excuser. » Le tribunal a suivi à la lettre le réquisitoire de la procureure. À l’énoncé du délibéré un applaudissement a retenti dans la salle, vite interrompu par le juge Bonifassi qui a pris la parole, avertissant les parents de « prendre en compte la dangerosité des réseaux sociaux. » Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)