Washington (AFP) – La campagne de Donald Trump pour la Maison Blanche était secouée comme jamais samedi par la diffusion de propos tenus en 2005 et évoquant des comportements proches du harcèlement sexuel. Condamné immédiatement par des ténors républicains, le candidat a présenté des excuses.
« Je n’ai jamais dit que j’étais une personne parfaite », a déclaré Donald Trump dans une vidéo diffusée sur Facebook au milieu de la nuit de vendredi à samedi. « Ceux qui me connaissent savent que ces paroles ne reflètent pas qui je suis. Je l’ai dit: j’avais tort et je m’excuse ».
La vidéo en question fait partie de chutes d’images filmées par NBC en septembre 2005 pour une émission et divulguées vendredi par le Washington Post, puis par NBC. Alors homme d’affaires et vedette de télévision, Donald Trump est enregistré à son insu en train de décrire sa façon d’approcher les femmes qui l’attirent.
« Quand on est une star, elles nous laissent faire. On fait tout ce qu’on veut », dit Donald Trump. Un pouvoir qui inclut la possibilité d' »attraper » les femmes par le sexe, dit-il en employant un terme beaucoup plus cru.
A l’époque, il n’est qu’un milliardaire à la réputation de coureur de jupons, accusé mais jamais condamné pour harcèlement sexuel. Il a épousé sa troisième femme, Melania Knauss, huit mois plus tôt.
Donald Trump, 70 ans, avait présenté ses excuses plus tôt dans un communiqué, tout en citant Bill Clinton qui « m’a dit des choses bien pires sur des terrains de golf ».
Dans la vidéo de 2005, le magnat raconte aussi à son acolyte une tentative infructueuse de séduire une femme.
« J’ai essayé mais j’ai échoué », dit Donald Trump. « J’ai essayé de me la faire, elle était mariée », ajoute-t-il, en employant là encore un mot vulgaire pour l’acte sexuel.
Puis les deux hommes aperçoivent une actrice qui les attend à l’extérieur. « Il faut que je prenne des Tic-Tac au cas où je l’embrasse », dit Donald Trump. « Je suis automatiquement attiré par les belles… je les embrasse tout de suite, comme un aimant. Je les embrasse, je n’attends même pas ».
– ‘Ecoeuré’ –
Dans son message d’excuse, Donald Trump a organisé la contre-attaque en rappelant le passé du mari de son adversaire, Bill Clinton.
« J’ai dit des choses bêtes mais il existe une grande différence entre les mots et les actes d’autres gens. Bill Clinton a réellement maltraité des femmes, et Hillary a harcelé, attaqué, humilié et intimidé ses victimes. Nous en parlerons dans les prochains jours », promet le candidat.
Reste que son rarissime acte de contrition est à la mesure de la panique au sein du camp républicain. Les élections présidentielle et législatives ont lieu simultanément dans un mois et de nombreux républicains craignent que le milliardaire n’emporte avec lui tout le parti.
Toute la soirée, les condamnations de ténors se sont succédé, dont Jeb Bush, Mitt Romney, Ted Cruz, Marco Rubio et d’autres élus.
« Je suis écoeuré par ce que j’ai entendu aujourd’hui », a déclaré Paul Ryan, l’homme fort du Congrès, en annulant la participation de Donald Trump à un rassemblement dans son Etat du Wisconsin samedi.
Le gouverneur républicain de l’Utah, Gary Herbert, et l’élu du Congrès Jason Chaffetz sont allés plus loin en annonçant qu’ils ne voteraient pas pour Donald Trump, sans aller jusqu’à soutenir Hillary Clinton.
Mais très peu de personnalités républicaines ont appelé au retrait du candidat du scrutin, une éventualité de toute façon peu réaliste car le vote anticipé a déjà commencé dans plusieurs Etats.
Donald Trump pouvait compter sur quelques défenseurs, dont le présentateur de Fox News Sean Hannity, qui a accusé à l’antenne Hillary Clinton d’avoir été complice pour dénigrer les accusatrices de son mari.
Mais la vidéo renforce les arguments du camp démocrate, qui s’est fait une spécialité de produire des compilations de déclarations de Donald Trump parlant des femmes.
Ces événements ont fait de l’ombre à la publication par WikiLeaks vendredi de 2.060 e-mails attribués à l’actuel président de l’équipe de campagne d’Hillary Clinton, John Podesta. Une fuite attribuée par l’intéressé à Moscou dans le but « de donner l’élection à Donald Trump ». Quelques heures plus tôt, Washington avait accusé Moscou d’essayer d’interférer, grâce à des piratages informatiques, dans le processus électoral américain.
Dans ces documents figurent un secret bien gardé: des extraits de discours rémunérés prononcés par Hillary Clinton en 2013 et 2014 devant des banques d’affaires dont Goldman Sachs. La candidate a toujours refusé d’en publier le texte.
© AFP Mary Schwalm
Donald Trump, ici en meeting dans le New Hampshire le 6 octobre 2016, a présenté ses excuses après la découverte de propos vieux de 11 ans mais particulièrement dégradants sur les femmes