Le chef du service d’aide médicale, taote Vincent Simon, affirme que dans le drame survenu ce week-end aux Marquises, « l’utilisation de l’hélicoptère (NDLR de la Marine) n’a aucun sens ». Il explique que l’hélicoptère aurait mis plus de temps que Air Archipels. Il assure que « toute la chaîne de secours a été correctement organisée (…). Malheureusement cet enfant est décédé parce qu’il était dans un état très grave ».
Le décès du nourrisson de trois mois a bouleversé bien au-delà de l’archipel des Marquises. Le chef du service d’aide médicale, le docteur Vincent Simon, affirme que
« malheureusement, des patients qui décèdent dans les îles, cela arrive quand les pathologies sont trop importantes, trop graves et trop urgentes » et rajoute que dans ce cas précis « effectivement c’est terrible car c’est un enfant de trois mois ».
De la fièvre et une petite diarrhée à une infection pulmonaire
Selon les informations recueillies auprès de l’hôpital de Taiohae, ce nourrisson avait de la fièvre et une petite diarrhée depuis quelques jours. Samedi, il a été à nouveau examiné par l’un des deux médecins de Ua Pou, qui avait décidé de le garder en observation à l’infirmerie. Son état se serait dégradé aux alentours de 3 heures du matin dans la nuit de samedi à dimanche, cette fois avec un problème respiratoire.
Le médecin urgentiste a alors fait une radio à l’enfant et découvert une infection, qu’il a ponctionnée avant son évasan en bateau. L’enfant est arrivé à 8 heures à l’hôpital, après une traversée dans des conditions de mer difficiles. L’hôpital a alors demandé l’évacuation par Air Archipels dont l’appareil est arrivé à midi.
« En ce qui concerne les Marquises (…) l’utilisation de l’hélicoptère n’a aucun sens »
Le Haut-commissariat rappelle que tout ce qui a trait à la santé relève de la compétence du Pays. L’État est, lui, responsable de la sécurité des personnes. Et le docteur Vincent Simon précise que « les moyens de l’État ne viennent qu’en deuxième position après les moyens civils. On ne se tourne vers les moyens de l’État que lorsque les civils n’ont pas de moyens disponibles ». Le Dr Vincent affirme que dans ce cas précis, et notamment aux Marquises, les moyens de l’État n’y auraient rien changé puisque l’hélicoptère Dauphin aurait mis plus de temps pour arriver aux Marquises que Air Archipels.
« C’est probablement un enfant qui a été suivi (…) mais à mon avis cela s’est probablement aggravé brutalement dans la nuit »
Taote Vincent Simon affirme que l’offre de soins aux Marquises est « bien répartie sur toutes les îles ». Ua Pou dispose d’un second médecin depuis quelques semaines. Il précise qu’aux Marquises les médecins et infirmiers sont « extrêmement dévoués (…) Ils sont en postes isolés et ont des conditions d’exercice très compliquées ». Il rappelle que la problématique de l’isolement des Marquises se retrouve aussi aux Australes, notamment à Rapa où le bateau ne va qu’une fois par mois, ou encore dans certaines îles des Tuamotu où il n’y a aucune piste d’atterrissage. Selon lui, « toute la chaîne de secours a été correctement organisée (…). Malheureusement cet enfant est décédé parce qu’il était dans un état très grave ». Il affirme que quand une urgence « avérée et vitale » se déclenche dans les archipels éloignés où il y a des « difficultés d’évacuation, c’est forcément compliqué ». Mais il assure que pour cette évasan, « le médecin ne prend pas le risque de garder un patient sur son île alors qu’il pense qu’il y a un critère de gravité »
« Il y a un problème de desserte intra archipels»
Le Dr Vincent Simon rappelle que jusqu’en 2007, un hélicoptère faisait la navette entre les îles « cela favorisait considérablement les échanges entre les différentes îles » et qu’actuellement « il y a un problème de desserte intra archipels qui n’est pas réglé ». À l’hôpital de Taiohae, on rappelle qu’une dizaine de décès par an aux Marquises sont attribuables à l’absence de moyen de transport rapide entre les îles de l’archipel.
Le président du Pays a demandé à ce qu’une enquête soit ouverte « afin de faire toute la lumière sur les circonstances et les responsabilités éventuelles » de ce décès. L’enquête a été confiée à l’Agence de régulation de l’action sanitaire et sociale (Arass) dirigée par Pierre Frébault.
Du côté de l’assemblée de la Polynésie, les rapporteures de la mission d’information relative aux conditions de prise en charge des patients evasanés inter-îles soulignent que tout est mis en œuvre pour « redéfinir l’organisation de l’aide médicale d’urgence et la prioriser sur tous les transports sanitaires afin que plus jamais de tels évènements puissent survenir dans de telles conditions au Fenua ».