POLÉMIQUE – Le chef de l’Etat a également réclamé « toute la vérité » sur les événements qui ont conduit à la mort de Rémi Fraisse, à Sivens, dans le Tarn.
Trois jours après le drame, l’exécutif a enfin réagi. François Hollande a réclamé « la vérité, toute la vérité » sur la mort, ce week-end, de Rémi Fraisse, opposant à la construction du barrage de Sivens, dans le Tarn. « Quand un jeune disparaît, la première des réactions, c’est celle de la compassion », a déclaré le président de la République mardi, indiquant avoir appelé le père du jeune homme décédé. « La seconde réaction », c’est « la vérité, toute la vérité sur ce qui s’est passé durant cette manifestation qui a été violente, j’y veillerai personnellement », a-t-il insisté.
>> ON RÉCAPITULE – Le point sur l’affaire du barrage de Sivens
Le chef de l’Etat a aussi implicitement recadré les écologistes et notamment Cécile Duflot, qui a parlé de « bavure » à propos de la mort du manifestant. « Il y a une responsabilité que chacun doit avoir, dans son expression », a déclaré le chef de l’Etat. « Je n’accepte pas qu’en France, on se déchire sur un drame humain ».
>> LIRE AUSSI – Cazeneuve dénonce « l’instrumentalisation » de la mort de Rémi Fraisse
Des « propos excessifs » pour Valls. Quelques minutes plus tard, Manuel Valls a tenu des propos d’une teneur similaire a ceux du chef de l’Etat. Appelant à « faire preuve de compassion, de solidarité et de dignité », le Premier ministre a regretté les « propos excessifs » tenus plus tôt, faisant lui aussi clairement allusion aux déclarations de Cécile Duflot.
« Après la mort d’un jeune homme, avec ces manifestations particulièrement dures, il faut être responsable. Tout propos public doit être dans la mesure, dans la retenue. On peut comprendre l’indignation, le questionnement, dans une démocratie, cela est tout à fait normal. Mais il faut faire preuve d’une très grande responsabilité. Tous les propos publics excessifs ne contribuent pas à l’apaisement », a déclaré Manuel Valls, qui a dénoncé « des mises en cause qui ne sont pas à la hauteur du drame que nous connaissons ».
Plus tôt, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait lui aussi recadré Cécile Duflot, dénonçant « l’instrumentalisation sans vergogne » de la mort du manifestant. « Un certain nombre de propos tenus ce matin m’ont choqué. Cela n’est pas acceptable et doit être condamné », a-t-il affirmé.
Un drame « sans doute évitable » pour Duflot. De son côté, Cécile Duflot, contactée par Europe 1, a justifié ses propos. « Les écologistes ont toujours condamné les violences et ne s’abaisseront pas à de la polémique politicienne, mais ils ne veulent pas non plus se taire face à un drame qui est non seulement inacceptable, mais qui était sans doute évitable », a-t-elle estimé.
Mamère : « on ne construit pas un barrage sur un cadavre ». De son côté, le député écologiste Noël Mamère a appelé François Hollande et Manuel Valls à arrêter la construction du barrage de Sivens car « on ne construit pas un barrage sur un cadavre ». Il s’est indigné « des propos scandaleux et indignes du ministre de l’Intérieur » Bernard Cazeneuve, qui « voudrait faire croire que nous serions les complices » de la mort du manifestant.
>> LIRE AUSSI – Mort de Rémi Fraisse à Sivens : les scénarios possibles