ACTUS LOCALESSOCIÉTÉ École de santé des armées : ces jeunes Polynésiens qui visent la médecine sur tous les fronts Charlie Réné 2024-04-02 02 Avr 2024 Charlie Réné Des élèves polynésiens de Terminale ont passé la nuit dernière le concours de l’École de santé des armées. Une filière alternative pour devenir médecin, dentiste ou pharmacien, en bénéficiant d’un accompagnement, d’un encadrement et de formations complémentaires militaires pendant ses études. Mais attention : les admis devront tout de même passer le redoutable concours de première année, et surtout ils devront à l’armée une vingtaine d’années de service – études comprises. Une perspective qui ne décourage pas les candidats : ils étaient une douzaine au fenua et près de 1 800 au niveau national à espérer être convoqués pour l’oral à Lyon… Et obtenir une des 130 places ouvertes cette année. Soirée studieuse à la base militaire d’Arue. Devant une salle du centre de recrutement du RSMA, une poignée d’élèves de Terminale, tous accompagnés de leurs parents, se font « briefer » sur le programme de leur nuit. De 20h30 à 5h30, suivant les mêmes horaires que les autres candidats de métropole, des outre-mer, et même de l’étranger, ils passeront les épreuves écrites de l’École de santé des armées (ESA). Français, anglais, maths, physique, SVT… Le niveau est celui du Bac, dont les épreuves finales auront lieu d’ici quelques mois, mais la douzaine de Polynésiens doivent donner le meilleur d’eux-mêmes pour surnager parmi les 1 755 candidats en lice de cette année. Seul un huitième de cet effectif environ sera convoqué pour les oraux, début juillet, à Lyon. Et 130 d’entre eux deviendront des « Santards », les élèves de l’Esa, dans la foulée. Cursus civil et formations militaires supplémentaires Relativement méconnue au fenua, l’École de Santé des Armées propose de suivre des études de médecine et de pharmacie, entre autres, dans un cadre militaire. Pour les candidats il ne s’agit pourtant pas d’éviter la redoutable premières année de médecine : ils la subiront comme les autres, quoiqu’il arrive, et devront avoir des résultats au moins aussi bons que le dernier « civil » du numerus clausus pour poursuivre leur cursus. Mais ils bénéficieront, au sein de l’ESA, d’un encadrement complet, d’un soutien pendant toute l’année, et pendant l’ensemble de leurs études, qui se feront à cheval entre les universités classiques et cette institution militaire. Les taux de réussite en médecine sont ainsi nettement plus forts dans l’école que pour les candidats civils. « On effectue l’ensemble du cursus médical dans les universités de médecine de Lyon, rappelle le médecin-chef Nicolas Vertu, directeur adjoint du service de santé des armées de Polynésie. On poursuit tout notre cursus en étant rattachés à des hôpitaux militaires, mais aussi à une faculté civile, et on devra assurer le programme de formation normal pour être médecin généraliste, en plus d’un cursus militaire qui se rajoute avec des formations techniques ou de terrain. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/04/MEDECIN-1-ARMEE-cursus.wav Pendant leurs six premières années de formation, les futurs médecins, dentistes ou pharmaciens sont ainsi « nourris, logés et blanchis » et reçoivent ensuite, au cours de leur formation, une solde. En échange de quoi ils « doivent » au service de santé des armées un engagement de 21 à 26 ans – années d’étude comprises. Tout départ avant l’heure, par renonciation à la carrière militaire, ou échec dans la formation, aboutit à une obligation de remboursement des frais engagés par l’État. L’Esa fait même signer, dès la première année, un contrat d’engagement au long terme à ses étudiants. Jusqu’en première ligne Nicolas Vertu, qui est aussi chef de l’antenne médicale des armées à Arue, a passé plusieurs mois en opérations extérieures avant son affectation en Polynésie, et il sait combien cette carrière de médecin militaire peut être diverse… Et engagée, dans une armée française qui contrairement à beaucoup d’autres, « médicalise » ses premières lignes. 70% des médecins formés à l’ESA sont ainsi envoyés en mission dans les deux premières années d’exercice, même si certains choisissent, après trois ans de pratique, de retourner vers les études et passer un DES supplémentaire, pour avoir une spécialité médicale ou faire de la recherche, toujours dans l’armée. « On a des prérogatives et des missions qui peuvent beaucoup évoluer, reprend le médecin-chef. Il y a la médecine de soin, la médecine d’expertise – c’est nous qui nous assurons que les gens qui intègrent l’armée soient en bonne condition médicale et le restent – on a le soutien de terrain à des activités à risque, la médecine de guerre, on est projeté en opération avec les militaires et parmi eux, on les soutient au plus près des combats… Toutes ces expertises différentes font que c’est un métier à part entière. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/04/MEDECIN-2-ARMEE-metier.wav Parmi la douzaine de candidats qui ont passé la nuit au camp d’Arue hier, la plupart avaient conscience de ce niveau d’engagement. Comme Anaïs, qui est en Terminale au lycée Gauguin et qui a entendu parler de l’école de santé des armées dans une plaquette d’orientation. « J’ai toujours voulu être dans le médical, et je pensais à faire la réserve pendant mes études, explique-t-elle. Quand j’ai vu que je pouvais faire les deux, je me suis dit que c’était parfait pour moi. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/04/MEDECIN-3-ARMEE-candidate.wav Après une nuit d’épreuve, les lycéens sont retournés à leur préparation du Bac, dont les épreuves finales ont lieu dans quelques semaines. Les résultats de l’ESA, eux, tomberont d’ici le mois de mai. Il est à noter que l’École de santé des armées recrute aussi des infirmiers : le concours était organisé il y a quelques semaines, et malgré l’absence de promotion à l’école locale ces trois dernières années, seuls deux élèves locaux ont postulé. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)