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Économie : reprise fragile au 3e trimestre

Durement impactées par la crise sanitaire mondiale, les exportations de biens et services locaux diminuent au troisième trimestre en dépit de la reprise des vols vers l’extérieur. Fragilisée au deuxième trimestre, l’économie reprend partiellement à la suite du déconfinement. L’activité des secteurs du transport aérien et des services d’hébergement demeure bien en deçà du niveau de 2019. 

L’Institut de la statistique de la Polynésie française publie son point de conjoncture du 3e trimestre 2020. Le déconfinement a permis le rebond relativement rapide d’une partie de l’activité économique. Au mois d’août, le secteur du commerce est à 99 % de son niveau de 2019 et l’industrie rattrape son retard alors que les entreprises de soutien aux entreprises et celle liée à l’information et la communication sont en difficulté. Plus globalement l’économie polynésienne tourne à 89 % de son rythme de 2019 et aurait comblé la moitié de l’écart qui la séparait, au creux du confinement, de son niveau d’avant crise. Signe d’un retour de la confiance, l’indicateur du climat des affaires se reprend (+ 18,5 points) au troisième trimestre et se rapproche de sa moyenne de longue période.

©ISPF

Le tourisme sinistré malgré la réouverture du ciel polynésien

L’absence de plusieurs compagnies aériennes et la fermeture des frontières de plusieurs pays se traduisent par un nombre de sièges offerts à l’arrivée qui diminue de 55% entre juillet et septembre, par rapport à 2019. La crise sanitaire et la baisse d’offre en sièges pèsent sur le tourisme avec une diminution de 70 % du nombre de touristes, soit 47 400 touristes internationaux de moins qu’au troisième trimestre 2019. Le repli des marchés américain et européen (hors France) contribue pour 18 points et 16 points à la baisse (12 400 et 11 100 touristes de moins respectivement). Le marché français devient le premier marché émetteur de touristes en Polynésie française avec 12 000 touristes (- 44 %).

Tous les types d’hébergement sont touchés. L’hébergement terrestre payant concentre la plus forte baisse avec 34 700 touristes de moins. L’hébergement flottant décroît de 75 % et l’hébergement gratuit de 63 %. Le nombre de nuitées diminue de 58 % et s’établit à 456 800 unités contre plus d’un million au troisième trimestre 2019. Dans l’hôtellerie, le nombre de chambres offertes diminue de 84 % à 37 522.

Ainsi, les entreprises du secteur des transports aériens et de l’hébergement ne réalisent que 25% de leur activité de 2019 en juillet, et 50% en août et septembre. Avec des conséquences sur l’emploi, puisque ces deux secteurs regroupent 9 emplois sur 10 supprimés au mois d’août.

La reprise de la contamination au covid-19 en août, menant à des restrictions sanitaires plus strictes (fermeture des bars, limite du nombre de convives au restaurant, couvre-feu).  Ces nouvelles mesures ne faciliteront pas la reprise de l’activité économique et touristique locale pour le dernier trimestre de l’année, d’autant que les marchés émetteurs, ont eux aussi fait face à une recrudescence de l’épidémie.

Une reprise de la consommation grâce aux aides et à l’épargne accumulée des ménages

Le rebond de la consommation par rapport au deuxième trimestre permet au secteur du commerce de retrouver la quasi totalité de son volume d’activité d’avant crise dès le mois d’août. Cette bonne tenue de la consommation des ménages peut aussi s’expliquer par l’épargne accumulée depuis le confinement (près de 15 milliards de FCFP dont 2,3 milliards en juillet et août) qui serait dépensée et participerait à la reprise de l’activité, dans un contexte de prix en baisse (- 0,9 % sur le troisième trimestre 2020 sur un an).

Les importations de la Polynésie française reculent de 11 % sur le seul troisième trimestre en glissement annuel, un recul qui concerne à la fois les produits à destination des ménages et les produits à destination des entreprises.  Si l’ensemble de ces produits sont moins importés depuis le début de l’année, les importations de biens intermédiaires (ciment, verre, fer. . .) progressent sur le troisième trimestre en glissement annuel, alors que les importations de biens d’équipement diminuent. La bonne tenue des importations de biens intermédiaires laisse penser à des anticipations positives dans la construction, soutenue par l’investissement des ménages et de la collectivité. . À l’inverse, la baisse des importations en biens d’équipement peut signaler un attentisme des chefs d’entreprise dans le développement ou le renouvellement de leur appareil de production.

Les exportations reprennent doucement.  Ainsi les produits de la perliculture se sont exportés pour 600 millions de FCFP contre 1,1 milliard de FCFP au troisième trimestre 2019. Les exportations des produits issus de la pêche baissent de 47 % par rapport à 2019, soit 208 millions de FCFP de moins.

Avec communiqué