La ministre assure ne pas avoir eu d’informations sur « la date, la durée et le contenu » des écoutes visant Nicolas Sarkozy et ne compte pas démissionner. Mais…
Le démenti… raté. Tel est pris qui croyait prendre. Christiane Taubira a décidé de taper du poing sur la table mercredi. Accusée par l’UMP d’avoir menti sur sa connaissance des écoutes visant Nicolas Sarkozy – Jean-François Copé réclamant même sa démission – , la ministre de la Justice a pris la parole après le Conseil des ministres. « Non, je n’ai pas menti », a-t-elle assuré…. montrant des documents qui prouvent l’inverse.
Ce que dit Christiane Taubira. « Non, je n’ai pas menti », assure la ministre et donc elle ne « démissionnera pas », même si elle veut bien reconnaitre « un malentendu. » « Je n’ai pas d’information » sur « la date, la durée et le contenu » des écoutes, a ainsi promis la garde des Sceaux. Alors que Manuel Valls a assuré mercredi matin que le président de la République n’avait été mis au courant que le 4 mars, Christiane Taubira, qui dit l’avoir été le 28 février, a confirmé qu’elle « n’a pas informé le président », mais simplement le Premier ministre. « Je n’ai pas de synthèse de contenu d’écoutes », démentant les informations du Canard enchaîné. Aucun procès-verbal n’est remonté à la Chancellerie. » Et « avant le 26 février, ni mon cabinet ni moi n’avions connaissance de ces interceptions »
Pour prouver son honnêteté, Christiane Taubira a montré aux caméras deux documents, présentés comme « ce qui est remonté à la Chancellerie ». « Pensez-vous vraiment qu’il y a le contenu des écoutes téléphoniques dans l’épaisseur de ce dossier? », s’est-elle interrogée.
Ce que révèlent les documents. Le hic, comme le relate Le Monde, qui révèle le script de ces deux documents, c’est que le premier document est une lettre que lui a adressé l’avocat général près la Cour d’appel de Paris, le 26 février, et non le 28, comme le prétend la ministre. Et le second, un courrier de Eliane Houlette, procureur financier, évoque clairement la date et le contenu des écoutes.
« Les policiers ont intercepté entre le 28 janvier et le 11 février 2014, des conversations téléphoniques entre Monsieur Nicolas Sarkozy utilisant une ligne téléphonique souscrite sous un nom d’emprunt (Paul Bismuth) et M. Thierry Herzog, avocat se servant d’une ligne téléphonique souscrite le même jour et au même endroit que la première », peut-on d’abord y lire. Et ensuite : « ces communications mettent également en évidence que ce magistrat aurait fait part à Thierry Herzog de son souhait d’être nommé conseiller au tour extérieur au Conseil d’Etat de Monaco et que Nicolas Sarkozy aurait assuré qu’il l’aiderait dans ce projet ‘avec ce que tu fais’ (selon Thierry Herzog) ».
INTERVIEW E1 – « J’ai informé Christiane Taubira le 26 février »
INFO – Non, Thierry Herzog n’était pas sur écoute
REACTION – « Pas d’immixtion de l’exécutif », dit Ayrault
REACTION – Taubira refuse « l’impunité pour les avocats »
ZOOM – Écoutes téléphoniques : que dit la loi ?
RÉSUMÉ – Sarkozy sur écoute : une nouvelle affaire en six actes