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Edouard Fritch demande à Macron un « Grenelle du nucléaire »

Le président du Pays, tout en relativisant les apports de la récente enquête sur les conséquences des essais, a estimé qu’elle devait tout de même « rappeler à l’État toute sa responsabilité »Il a écrit au président de la République pour demander une table ronde, rassemblant tous les acteurs du dossier, y compris l’Armée, et ainsi mettre « tout à plat ».

Le président du Pays est revenu, devant l’assemblée ce matin, sur la publication du livre Toxique sur les conséquences sanitaires des essais nucléaires en Polynésie. Un long discours à double tranchant. D’un côté, Édouard Fritch dénonce un « tapage médiatique » alimenté par ceux qui « veulent se faire de la publicité sur le dos des victimes » malgré le peu de « nouvelles informations » de cette enquête. De l’autre, le président espère que l’ouvrage « aura le mérite de rappeler à l’État toute sa responsabilité et le devoir de transparence qu’il doit à tous les Polynésiens qui ont souffert dans leur chair, qui souffrent encore, et qui veulent connaître la vérité ».

Il a d’ailleurs annoncé avoir écrit au Président de la République Emmanuel Macron pour lui demander l’organisation d’un Grenelle du nucléaire. L’idée : rassembler tous les acteurs du dossier – Pays, État, associations de victimes, mais surtout les ministères centraux des Armées, de la Santé et de l’Économie – autour d’une table pour « mettre tout à plat ».

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« Sur les conséquences sanitaires, mais aussi sociales ou économiques », précise le président. Bref, pour « enfin aller de l’avant » sur un dossier, le fait nucléaire, qui « reste le caillou dans la chaussure qui nous gêne à chaque fois que nous voulons faire un pas en avant ».

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Un Grenelle qu’Édouard Fritch « espère » pouvoir obtenir avant la présidentielle de 2022. Mais qui demandera une « grosse préparation » côté polynésien, reconnaît le président, qui compte tout de même sur les questions « toujours d’actualité » posées lors de l’atelier spécifique des états généraux de l’Outremer en 2009.

« Je n’ai rien caché »

Édouard Fritch est aussi revenu sur une révélation centrale de Toxique : le rapport « confidentiel » qui lui aurait été remis en février 2020 et qui parle notamment d’un « cluster de cancers » aux Gambier. Ce qui avait amené les auteurs de l’enquête à s’interroger sur le rôle du gouvernement local dans le maintien de l’opacité autour des essais. Des interrogations relayées par le Tavini qui a plusieurs fois dénoncé, comme récemment le député Moetai Brotherson, la « posture de déni » du gouvernement d’Édouard Fritch. « Non, je n’ai rien caché, le gouvernement n’a rien caché », a répondu le président. La note en question, déjà publiée par Mediapart, a été rendue officiellement publique ce matin. Rédigée par le médecin chef du Centre médical de suivi, elle aurait été commandée par la présidence dans l’optique d’une commission de suivi des conséquences des essais, et se limiterait à faire une synthèse de données déjà publiques.

Elle n’aurait d’ailleurs « pas alimenté la réflexion du gouvernement », par « l’absence de nouvelles informations ». « Tout le monde sait dans cette assemblée que le nuage radioactif a touché Rikitea dès le premier tir en 1966, précipitant le départ des autorités nationales et locales qui étaient présentes sur l’île, dont le général Billotte, qui était ministre de l’Outremer, et un certain Gaston Flosse », a pointé le président, rappelant que le rapport de la commission d’enquête de 2006 insistait déjà sur les conséquences sanitaires aux Gambier. « A l’époque, avant le Covid, ce mot cluster m’a paru faible : cet archipel, on le sait, a été entièrement sinistré », renchérit Édouard Fritch. Réactivation de la délégation au suivi, reconnaissance du fait nucléaire, suppression du risque négligeable… Le président verse à sa défense les initiatives – jugées timides par les associations de défense des victimes – prises depuis son accession au pouvoir sur le dossier nucléaire. Et l’assure : c’est la « recherche de vérité et de transparence qui guide notre majorité ». « Je l’ai dit publiquement dans cette enceinte, il y a eu mensonge, propagande et dissimulation sur la réalité des conséquences des essais nucléaires, a-t-il ajouté. La confiance des Polynésiens a été flouée, le poison de la défiance s’est installé dans les esprits. Seule la connaissance peut être son antidote ».