Les résultats du couvre-feu « ne sont pas au rendez-vous » a pointé ce matin le président du pays depuis la mairie de Pirae. Les autorités observent que les rassemblements, nocturnes ou en journée, seraient encore trop nombreux. Et pour Édouard Fritch, « les transgressions ont pour raison l’alcool ». Il doit s’entretenir avec le Haut-commissaire Dominique Sorain « dans les jours à venir » pour parler d’un « renforcement des mesures sanitaires ».
La mairie de Pirae présentait ce matin son plan de sauvegarde communal (PSC), destiné à accompagner et faire respecter les mesures de lutte contre l’épidémie. Le tavana Édouard Fritch avait invité, entre autres officiels, le Haut-commissaire Dominique Sorain, qui insiste sur l’importance des communes dans l’applications des règles sanitaires et l’information de la population.
Les deux responsables, qui avaient demandé à exclure la Polynésie du reconfinement national il y a quelques jours, avaient aussi annoncé qu’ils réétudieraient leur stratégie à la lumière du premier bilan du couvre-feu mis en place le 24 octobre. Ils doivent donc discuter « dans les jours qui viennent » d’un éventuel renforcement des mesures sanitaires. Et c’est ce qui semble se profiler. Après presque deux semaines d’application du couvre-feu, « les résultats ne semblent pas être au rendez-vous », explique Édouard Fritch, qui se dit « inquiet » de la trajectoire toujours aussi soutenue de l’épidémie.
Le reconfinement, « pas exclu », mais pas sur la table
Il pointe du doigt les rassemblements encore trop nombreux qui ont lieu sur la voie publique, mais aussi, plus fréquemment, dans la sphère privée. Dominique Sorain partage l’analyse : « Organiser des évènements sportifs, festifs, et des rassemblements privés qui peuvent participer à la propagation du virus, ça n’est aujourd’hui pas tolérable, et pas responsable compte tenu du contexte », insiste le Haut-commissaire. Le représentant de l’État promet donc « une application plus rigoureuse » des interdictions de rassemblement et le « renforcement » du dispositif. Il dénonce au passage les oppositions au couvre-feu qui ont abouti, il y a quelques jours, à des caillassages de policiers, « qui ne resteront pas impunis ».
Si un reconfinement n’est « absolument pas exclu », il est toujours suspendu aux chiffres des hospitalisations, qui, contrairement aux contaminations, semblent marquer le pas cette semaine. Les autorités paraissent donc, pour ce qui est des jours à venir en tout cas, plus enclines à renforcer les mesures existantes, les contrôles et la prévention que de rebasculer vers un confinement.
Les tavana « favorables » aux restrictions d’alcool
En revanche, une autre mesure déjà prise au premier semestre pourrait faire son retour : les restrictions de vente d’alcool. Car pour Édouard Fritch, aucun doute, les « transgressions » aux interdictions de rassemblement ou au couvre-feu « ont pour raison l’alcool ». L’analyse serait partagée par « beaucoup d’élus » et notamment de nombreux tavana, assure le maire de Pirae, de retour des îles-sous-le-Vent. Le président du Pays sait que « le sujet est sensible » – « les commerçants ne sont plus trop nos amis », note-t-il – mais considère sérieusement la limitation de la vente d’alcool.
Interdiction complète ? Restrictions horaires ou quantitatives ? À voir. L’idée n’est « pas encore une décision prise » expliquent les autorités. Dominique Sorain et Édouard Fritch doivent s’accorder sur une réponse à l’accélération épidémique d’ici le début de semaine prochaine.