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Électricité : un record de production solaire à Tahiti


Avec près de 21 MW de puissance en milieu de journée vendredi dernier, les panneaux solaires installés sur les toits de Tahiti ont fourni ponctuellement un quart de l’électricité de l’île. Des pics de production qui représentent un défi en termes de gestion du réseau électrique pour EDT-Engie.

Entre 11h30 et 12h00, vendredi dernier, les panneaux photovoltaïques de Tahiti ont fourni sur le réseau une puissance de 20,97 MW. Un chiffre qui représente peu ou prou la puissance de deux des groupes thermiques de la centrale de la Punaruu et qui est à comparer avec les 81 MW que nécessitaient, au même moment, les consommateurs de l’île. En l’absence de véritable ferme solaire au fenua, la production solaire provient justement des toits de certains de ces usagers : 2 400 « petits producteurs » au total, dont des particuliers, des administrations et des entreprises. « En application des règles de placement des énergies renouvelables, cette production photovoltaïque a été injectée en priorité dans le réseau électrique, par les équipes du dispatching de la centrale de la Punaruu », précise EDT-Engie en charge d’assurer l’équilibre permanent entre production et consommation électrique.

Des variations très forte en cette saison

Une mission parfois délicate vu les variations de puissance fournie par le solaire. Saisonnalité, moment de la journée, et bien sûr couverture nuageuse, particulièrement changeante en saison des pluies… « En saison fraiche il nous arrive d’avoir des journées parfaites, avec une production qui est exactement la même que la production théorique, explique Yann Wolff, le directeur d’exploitation d’EDT-Engie. Mais au mois de janvier, sur Tahiti, avec les sommets, les orages, on arrive à des variations très fortes ». Ce jeudi midi, par exemple, la production solaire est passée de 15 à 5 MW en moins de 25 minutes avant de remonter à la faveur d’une éclaircie. Autant de variations qui doivent être compensées, en temps réel. Pour ça, le concessionnaire utilise quand c’est possible la puissance des barrages, ou, pour les variations minimes, les « petits » groupes électriques, comme ceux de la centrale Vairaatoa à Papeete. À défaut, il faut lancer ou éteindre les puissants groupes de la centrale de la Punaruu, toujours en phase de transition entre le fuel et le gasoil.

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Courbe de la production solaire le vendredi 22 janvier. ©EDT

Le record de vendredi dernier veut donc dire deux choses : les entreprises et particuliers polynésiens ont continué à s’équiper en panneaux solaires, et l’intégration des énergies renouvelables sur le réseau est de mieux en mieux gérée. EDT-Engie développe d’ailleurs des projets faciliter cette intégration. Putu Ira, d’abord, consiste à installer « une batterie de secours de la puissance d’un groupe thermique » près de la centrale de la Punaruu. Mise en chantier « dans les semaines à venir » elle « permettra d’accueillir 5 MW complémentaire de photovoltaïque dans 18 mois ». “Ça va être beaucoup plus simple de solliciter une grosse batterie pendant 15 minutes le temps de voire passer un nuage que de démarrer un gros groupe électrogène dont ce n’est pas la la mission première », explique Yann Wolff. Mata Ara, ensuite, doit démarrer là encore dans quelques semaines. Ce système de caméras sophistiqué doit permettre de réaliser des prévisions à court terme (30 minutes) de production photovoltaïque et donc d’anticiper les variations rapides de puissance.

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À noter que le gouvernement prévoit, aux termes de la réforme du Code de l’énergie, de transférer la mission de « dispatching » aujourd’hui assuré par EDT vers Transport électrique de Polynésie (Tep). Un projet auquel se prépare la Tep mais qui est jugé risqué par la filiale d’Engie. Des discussions doivent avoir lieu sur le sujet dans les mois à venir.

 

Une production solaire à relativiser

Le photovoltaïque en toiture représente aujourd’hui, à pleine puissance, 33,5 MW, soit 15% de la puissance installée de Tahiti. Mais moins de la moitié de la production est réellement injectée sur le réseau (le reste est autoconsommé par les producteurs) et cette puissance maximale n’est jamais atteinte longtemps, ni au même moment autour de l’île. En 2018, l’énergie photovoltaïque effectivement livrée sur le réseau ne représentait que 2,3% de la production d’électricité à Tahiti, un des taux les plus bas de l’Outre-mer français. Le gouvernement espère relever ce niveau par un appel à projets pour de véritables fermes solaires avec batteries. Attendu depuis longtemps par le secteur et plusieurs fois retardé, cet appel, de 30MW crète au total, doit être lancé d’ici septembre.