Des centaines d’éleveurs normands protestent contre les prix trop faibles de la viande et du lait.
3′ CHRONO – La tension monte dans les campagnes normandes. Des centaines d’éleveurs ont engagé depuis ce week-end des actions coup de poing. Ils protestent contre l’effondrement des prix de vente de leurs produits et appellent le gouvernement à agir. Mais les acteurs de la filière se rejettent la faute. Europe 1 vous explique cette crise.
• Pourquoi les éleveurs sont-ils en colère ?
Ils s’indignent des prix de vente au consommateur de leurs productions, jugés trop faibles pour qu’ils puissent en vivre. Le prix du lait a ainsi chuté de plus de 15% sur un an. Quant aux montants versés aux producteurs pour la viande bovine, ils n’ont pas significativement augmenté ces derniers mois. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, estimait vendredi dernier que 10% des exploitations d’élevage étaient « au bord du dépôt de bilan ».
• Où en est la contestation ?
Les manifestations paysannes engagées ce week-end dans le Calvados se sont poursuivies lundi. Quelque 300 tracteurs bloquaient les accès à Caen, obligeant les autorités à fermer l’autoroute Paris-Caen aux poids lourds. La colère s’est propagée à la Manche, où des engins agricoles paralysaient l’autoroute A84 entre Rennes et Caen. Des éleveurs ont même bloqué les routes d’accès au Mont Saint-Michel et menacent de rester sur place jusqu’à jeudi, selon France Info. La fronde pourrait s’étendre à la Bretagne, où les syndicats annoncent des actions ces prochains jours.
• Que réclament les éleveurs ?
Mi-juin, la filière de l’élevage a conclu sous l’égide du ministère de l’Agriculture un accord visant à augmenter les prix payés aux producteurs. Or, aucune hausse significative n’a eu lieu depuis. Les éleveurs normands réclament la venue sur place de Stéphane Le Foll pour obtenir des résultats concrets.
• A qui la faute ?
La grande distribution est souvent accusée de faire pression à la baisse sur les prix. Mais elle rejette la responsabilité sur les industriels chargés de la transformation, c’est à dire les abattoirs et les laiteries. « Nous avons accepté d’augmenter les prix d’achat de manière importante », a assuré sur iTÉLÉ Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution, qui défend les intérêts des principales enseignes. « Visiblement cet argent ne va pas dans la poche des éleveurs ».
• Que compte faire le gouvernement ?
Un médiateur des prix désigné par Stéphane Le Foll doit rendre mercredi un rapport sur le sujet au ministre de l’Agriculture. Son avis est très attendu, puisqu’il doit désigner qui des industriels ou des distributeurs freine les hausses de prix. Stéphane Le Foll ne compte pas se rendre en Normandie, mais il a proposé aux éleveurs de les recevoir jeudi à Paris. « La porte du bureau du ministre de l’Agriculture est ouverte en permanence », assuré lundi le Premier ministre Manuel Valls. Samedi, François Hollande avait lancé un « appel » à la grande distribution « pour qu’elle offre aux consommateurs la qualité et aux agriculteurs un prix ». Une équation compliquée.