Une collaboratrice de l’assemblée s’en était pris à la maîtresse de son tane pendant plusieurs semaines, jusqu’à l’agresser à l’aide de son véhicule 4×4. Mécontente de la décision de première instance qu’elle estimait influencée par le fait que sa mère soit une figure publique, elle avait fait appel. La cour d’appel a confirmé la peine d’un an de prison avec sursis, ne réduisant que l’amende.
En 2020, cette jeune femme d’une trentaine d’années découvre que son tane a une liaison depuis deux ans avec l’une de ses subordonnées. Plutôt que de s’en prendre à lui, elle s’attaque à l’autre femme : pendant deux mois, elle la harcèle d’appels téléphoniques et de SMS, imprime et distribue des flyers sur le parking qu’utilise sa rivale, sur le modèle de ceux des professionnelles du sexe et sur lesquels on peut lire « Je suis une grosse p…, j’ai une bouche de p… », et dira plus tard « Je ne regrette rien parce que ce que j’ai écrit correspond à la stricte réalité ». Elle la suit en 4×4, percute le petit véhicule de l’autre femme et la coince contre la barrière de son domicile. Elle ira même jusqu’à écrire à l’avocat de sa rivale pour lui reprocher son choix de clientèle.
En mai dernier, en première instance, la jalouse maladive est reconnue coupable de violence avec usage ou avec menace d’une arme suivie d’ITT de moins de 8 jours, injure publique, appels téléphoniques malveillants réitérés, et violence avec usage ou menace d’une arme sans ITT. Elle est condamnée à 12 mois de prison avec sursis et un million de Fcfp d’amende.
« Vos regrets affichés sont bien tardifs »
Elle avait interjeté appel et à l’audience de la cour d’appel du 19 août dernier, la jeune femme est restée fière, mais tentait de se justifier, des sanglots dans la voix. « Peu importe, on s’en fiche de ce qui se passe dans votre tête. Un comportement pareil, c’est complètement irresponsable ! » lui lançait la présidente du tribunal. Changement de ton de la prévenue : « Je regrette ce qui s’est passé, on fait tous des erreurs et je suis là pour les assumer. » À quoi l’avocate générale rétorquait : « Vos regrets affichés aujourd’hui sont bien tardifs. Vous avez une façon de présenter les choses qui ne correspond pas à ce qu’il y a dans le dossier. (…) Je pense sincèrement que la décision de première instance n’était pas exagérée. »
Oui mais voilà, la prévenue pensait le contraire, car pour elle la première décision de justice avait été déterminée non pas par ce qu’elle avait fait, mais par qui elle est. Sa mère est une femme politique influente de la majorité présidentielle, elle-même est collaboratrice du groupe Tapura à l’assemblée de la Polynésie française. « Une fonction qui devrait la conduire à agir avec pondération », note le premier jugement.
À l’audience en appel son avocat jouait la carte de la relation passionnelle avec un homme qui prétend mettre fin à sa liaison mais qui la poursuit (il est aujourd’hui en couple avec son ancienne maîtresse), estimait que sa cliente est « pénalement responsable, mais pas moralement » et la comparait à la femme de Tiger Woods. La décision de la cour d’appel a été rendue ce jeudi matin : les 12 mois de prison avec sursis sont maintenus, l’amende est réduite à 200 000 Fcfp, et son permis de conduire est annulé pour un an.