Emmanuel Macron a reçu plus de 200 maires à l’Élysée mardi, pour leur afficher son soutien après les émeutes qui ont embrasé la France. Après avoir pris le temps d’échanger avec eux, le président français a annoncé une loi d’urgence pour accélérer la reconstruction des bâtiments, du mobilier urbain et des moyens de transports touchés lors des violences urbaines.
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Emmanuel Macron a annoncé mardi devant des maires de villes touchées par les émeutes de la dernière semaine une projet de « loi d’urgence » pour accélérer la reconstruction après les destructions qui ont visé des bâtiments, du mobilier urbain et des moyens de transports. « On a un problème de délais. Nous allons présenter une loi d’urgence pour écraser tous les délais, avoir une procédure accélérée pour reconstruire beaucoup plus vite », a déclaré le chef de l’Etat, selon un participant.
Interrogé, son entourage n’a pas précisé dans l’immédiat quand serait présenté et examiné ce texte.
Pas « d’unanimité dans la salle »
Le président a aussi promis un accompagnement des collectivités « pour très vite pouvoir réparer » le matériel de vidéosurveillance cassé, ainsi que des aides financières aux villes pour les réparations concernant « la voirie, les établissements communaux, les écoles ». « On va être extrêmement ferme et clair avec les assureurs commune par commune », a-t-il encore dit lors de cette réunion à l’Elysée. Après avoir longuement écouté un grand nombre des quelque 250 maires présents, Emmanuel Macron a reconnu qu’il n’y avait pas « une unanimité dans la salle » sur les solutions à apporter après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d’un contrôle routier, qui a été suivie de plusieurs nuits d’émeutes, de destruction et de pillages.
Souvent mis en cause pour avoir enterré, en 2018, le plan de l’ex-ministre Jean-Louis Borloo pour les banlieues, le président a reconnu avoir été « maladroit », tout en affirmant avoir pris néanmoins de nombreuses mesures en faveur de la politique de la ville.
Plusieurs chantiers
Il a esquissé plusieurs chantiers, promettant de « travailler » pendant l’été « pour déboucher sur des solutions très concrètes ». « On ne doit pas laisser la pâte retomber », a-t-il lancé, évoquant un « point d’étape » avec les maires à « la fin de l’été ». Parmi ces chantiers, il a évoqué de « mieux accompagner, mieux responsabiliser et parfois mieux sanctionner » les parents d’enfants auteurs de violences. Il a aussi plaidé pour un changement de méthode dans la construction des politiques publiques, et pour davantage de « décentralisation » et de « simplification » pour clarifier les responsabilités des divers échelons territoriaux.
Même nécessité de « clarifier les compétences » sur le logement: selon l’édile socialiste de Fleury-les-Aubrais dans le Centre-Val-de-Loire, Carole Cannette, il a proposé de « remettre les maires au cœur des décisions d’attribution des logements sociaux de leurs villes ». Il a aussi appelé « à construire des logements », a précisé un autre élu. Sur les réseaux sociaux, largement pointés du doigt par l’exécutif pour leur rôle pendant les émeutes, Emmanuel Macron a déploré qu’ils aient « accéléré » l’embrasement, selon un participant. Il a évoqué « une volonté de vengeance » les deux premières nuits, et « un sentiment très désinhibé ».
Le chef de l’Etat a rappelé avoir évoqué récemment un processus de « décivilisation » à l’œuvre selon lui. « Nous l’avons vu lors de ces événements, tout ce que notre civilisation a échafaudé se dissout », a-t-il martelé.