Le président de la République a reçu jeudi les quatre parlementaires calédoniens à l’Élysée. Au programme des discussions : la situation actuelle de l’archipel, la reprise des discussions courant septembre entre le chef de l’État et les forces politiques calédoniennes, ou encore un éventuel report des élections provinciales. Les précisions de notre partenaire Outremers 360.
Deux députés et deux sénateurs. Deux indépendantistes et deux loyalistes. Emmanuel Macron a reçu ce matin, à l’Élysée, la nouvelle représentation parlementaire de Nouvelle-Calédonie : les sénateurs Georges Naturel et Robert Xowie, premier indépendantiste élu au Sénat en septembre dernier, et les députés Nicolas Metzdorf et Emmanuel Tjibaou, premier indépendantiste élu à l’Assemblée nationale depuis 1986.
Parmi les sujets évoqués : la situation sécuritaire et les entraves à la liberté de circulation qui demeurent dans certains lieux de l’agglomération nouméenne. « Ils regrettent que la liberté de circulation ne soit pas effective et que les barrages ne la permettent pas », a expliqué l’entourage du président. « Le point prioritaire, et c’est ce que demande tout le monde, nos concitoyens comme les chefs d’entreprises, c’est effectivement de retrouver la liberté de circulation », abonde le sénateur LR Georges Naturel. « L’État y a mis les moyens, c’est vrai, mais ça ne suffit pas. On a notre rôle à jouer, nous, en tant qu’élus sur le terrain pour avoir un discours apaisant (…). L’État et le président de la République, politiquement, doivent faire quelques annonces. Ils nous en ont parlé aujourd’hui. Ça va permettre de calmer le jeu », a ajouté le sénateur, soulignant également les risques liés au chômage, à l’humanitaire et à l’accès aux soins. « On fait appel éventuellement à la réserve sanitaire pour nous accompagner dans cette période parce que ça devient crucial ».
Reprise des discussions en direct avec le chef de l’État
Sur un volet plus politique, le chef de l’État dit souhaiter recevoir « une délégation de calédoniens d’un nouveau rang politique », au mois de septembre, « afin d’aborder les enjeux politiques de sortie de crise ». « Ce qu’il nous a proposé, il va y réfléchir, c’est de réunir au mois de septembre les forces politiques de Nouvelle-Calédonie », détaille Georges Naturel, qui cite aussi « les parlementaires » et « les maires ». « C’est important (…) pour reprendre les réflexions et définir un cahier des charges d’une mission du dialogue qui sera chargée de travailler avec les différents partenaires calédoniens, pour trouver une solution pour l’avenir institutionnel ».
S’ils saluent la reprise des discussions « en direct avec le président de la République », « c’est un point qui est intéressant pour nous dans la mesure où aujourd’hui, les ministères en place sont juste chargés des affaires courantes », Emmanuel Tjibaou et Robert Xowie rappellent toutefois qu’ils ne sont « pas mandatés pour aller en discussion ». « C’est le FLNKS qui est mandaté pour discuter sur les perspectives de sortie de crise. Notre contribution est rattachée au soutien du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie dans les réformes, et être son relais auprès des autorités », explique Emmanuel Tjibaou.
Une nouvelle mission de dialogue
Quant à la mise en place d’une nouvelle mission de dialogue, qui doit résulter d’une éventuelle réunion en septembre, « nous espérons de tout cœur qu’elle soit impartiale », prévient le sénateur Robert Xowie membre du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologie – Kanak, qui au passage, salue une prise de conscience du chef de l’État : « on ne peut plus déléguer ce dossier à d’autres personnes autres que lui ». Georges Naturel espère, lui, « que le Premier ministre qui sera nommé prendra en charge le dossier calédonien, comme ça a toujours été le cas ».
Le sénateur Georges Naturel souhaite aussi que « quelques élus se déplacent en Nouvelle-Calédonie pour sentir ce qui se passe et être à l’écoute. Les Calédoniens ont besoin aujourd’hui de sentir l’État. (…) On a l’impression d’avoir été abandonné ces deux derniers mois. Donc ça aussi, c’est une demande forte de la population calédonienne ». Georges Naturel a salué cette « rencontre essentielle » et « constructive », dont il serait « à l’initiative ».
« Je souhaitais qu’on puisse avoir ce moment d’échange avec le président de la République et les quatre parlementaires. On représente les deux légitimités et c’est exceptionnel, dans l’agenda du président de la République avec les Jeux, de nous écouter et échanger. On sent que le président de la République suit le dossier calédonien », conclut le sénateur.
Autre sujet évoqué : le report des élections provinciales
Les élections provinciales avaient déjà été reportées de mai à décembre, à travers l’adoption d’une loi organique défendue par Paris pour les organiser sur la base d’un corps électoral dégelé. Mais pour la représentation parlementaire calédonienne, la tenue de ces provinciales avant le 14 décembre est aujourd’hui « impossible » en raison de la crise provoquée par l’adoption du projet de loi constitutionnel visant au dégel du corps électoral, en mai dernier. « Le président de la République va étudier sérieusement l’idée de proposer un report de ces élections à l’année prochaine », assure Georges Naturel.