ACTUS LOCALESSOCIÉTÉ

En attendant la réouverture des bars, Hoa brasse du monde et des idées

La brasserie a été ouvert dans un ancien hangar qui était à l’abandon depuis plusieurs années. ©C.R.


Collaboration avec des artistes, des associations, vente à emporter et exposition… Lancée voilà quelques mois, la brasserie Hoa n’a toujours pas pu ouvrir son bar, Covid oblige. Mais ses bières, elles, sont déjà sur le marché, et son grand espace de Fare Ute commence déjà à se faire mousser. 

Un peu de passage, des discussions, et beaucoup de rencontres… Si les tireuses à bière restent toujours sagement au sec, la brasserie Hoa fourmillait d’activité ce vendredi. Comme chaque semaine, le temps d’une après-midi, l’établissement a ouvert ses portes pour vendre sa bière artisanale à emporter. L’occasion de célébrer sa nouvelle bière éphémère, la « Pia IPA », née d’une double collaboration. Artistique, d’abord avec l’envoûtant ‘ura, dessiné par Sarah Viault (lire ci-dessous), qui décore l’étiquette. Associative, ensuite, avec le reversement à la SOP Manu, spécialisée dans la préservation des oiseaux du fenua, d’une petite partie des recettes de la bière. Ce vendredi, l’association et l’artiste en profitaientt pour faire découvrir leur activité ou leur imaginaire aux clients de la brasserie, avec des stands installés en face des cuves où fermentent la Tea, la Toru, la Marama.  Quelques pas plus loin, près du truck qui décore le grand espace de Fare Ute, on pouvait croiser le tatoueur Ariitea Noble qui exposait pour la première fois quelques une de ses toiles. Ou, plus près de l’entrée du hangar, où certains passent le nez par simple curiosité, Marine de « Nos bulles du fenua » qui présentait ses savons artisanaux, parfumés au monoï, au miel ou à la bière, justement.

Avant-goût d’un futur « lieu de vie » à Fare Ute

Tout un petit monde qui s’active sous le regard enthousiasmé des deux fondateurs de la brasserie Hoa. « Ca fait vraiment plaisir de voire l’endroit s’animer », sourit Thomas Slowinsky. « C’est exactement pour ça qu’on a fait ce lieu là », renchérit le gérant, Guillaume Desrez. L’après-midi  ne serait qu’un avant-goût de ce que veut être la brasserie : open-mic, expositions, prestations musicales, et même, pourquoi pas, théâtrales… « Ici, c’est un bar, bien sûr, mais l’objectif c’est aussi d’en faire un lieu de vie, un lieu d’échange ».

Guillaume Desrez (à d.) et Thomas Slowinsky (à sa d.), fondateurs Hoa, avec les deux premiers employés de la brasserie.

La vie est là, mais le bar attendra. L’établissement a obtenu sa licence en pleine période de fermeture administrative ordonnée par le Haussariat dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid. Seuls les établissements qui servent aussi à manger peuvent ouvrir. Frustrant, bien sûr. La prolongation de ces restrictions sanitaires, la semaine dernière, a repoussé, encore une fois, les plans d’inauguration de ces 700 mètres carrés de hangar, loués en juillet 2019 et patiemment réaménagés par Guillaume et Thomas et une petite armée d’amis et de volontaires. Les grandes tablées et les espaces plus intimistes, le billard ou la table de ping-pong en mezzanine patientent depuis plusieurs semaines déjà.

Mais la brasserie, elle, est bien en marche : depuis le milieu de l’année dernière, Hoa se vend chez les cavistes de Tahiti, dans quelques magasins des îles, et dans une quarantaine de bars-restaurants, dont certains commencent même à proposer ces bières artisanales à la pression. « Heureusement, on a un bon accueil du public, il y a du monde qui veut découvrir de nouvelles bières », reprend Guillaume. C’est pour entretenir cette envie que le duo, qui emploie désormais deux salariés côté brasserie, lancera périodiquement des bières éphémères, avec un chaque fois un artiste et une association mis en avant.

Du côté de la Société d’ornithologie de Polynésie (SOP) Manu, on salue l’idée. Plus que les fonds reversés (10 francs par bouteille) c’est l’exposition publique, et l’intérêt que peut susciter ce genre d’initiative qui intéresse son directeur. « Impliquer la société civile dans la sauvegarde des oiseaux du fenua, ça nous parait logique, évidemment », explique Thomas Ghestemme. D’autant que le ‘ura, disparu de dizaines d’îles de Polynésie mais protégé depuis toujours à Rimatara, est un « très bon exemple de conservation », explique-t-il.

Marine et ses savons artisanaux, fait à la main et avec des produits locaux, sont à retrouver sur la page Facebook « Nos bulles du fenua ».

Les « écologies utopiques » de Sarah Viault

Dans ses œuvres, les baleines à bosse s’envolent au dessus de la forêt, les raies manta qui croisent des montgolfières, ou le ‘ura, tout en fleurs, bat des ailes au fond du lagon. Une bonne dose d’onirisme, pourtant bien ancrée dans la réalité. Dans chacune de ses « écologies utopiques », qui se déclinent en affiches colorées, Sarah Viault décrit une espèce menacée ou en voie d’extinction, statut UICN à l’appui. Cohérence oblige, les affiches sont faites sur papier recyclées et imprimées à l’encre végétale et 10% du fruit de leur vente est reversé à des associations. Des oeuvres à découvrir sur le site de l’artiste et à retrouver en dépôt-vente (Kaly&Joy, Odyssée, Ecovrac…).

 

Article précedent

Miss Tahiti 2021 : qui succèdera à Matahari Bousquet ?

Article suivant

"Variants" du Covid : quarantaine obligatoire dans tout l'outre-mer... sauf en Polynésie

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

En attendant la réouverture des bars, Hoa brasse du monde et des idées