L’affaire avait fait grand bruit en début de semaine et ému les autorités tant de l’État que du Pays. Une vingtaine de tombes du carré militaire au cimetière de l’Uranie avaient été vandalisées. Interpellé, le SDF auteur de ces faits a été condamné ce jeudi à huit mois de prison avec sursis, et à un travail d’intérêt général de 240 heures, ainsi qu’une obligation de soins.
C’est un militaire chargé de faire l’état des lieux du carré militaire, pour estimer les travaux de réfection à entreprendre avant les cérémonies du 11 novembre, qui a découvert les dégâts. Ornements, décorations, pots de fleurs et emblème de la légion étrangère gisaient sur le sol. Il a déposé plainte au nom de l’armée et estimé les dégâts à environ 360 000 Fcfp.
Le gardien du cimetière a mis la gendarmerie sur la piste du vandale. « J’ai des soupçons sur un SDF qui traîne depuis deux ans. Je l’ai vu un jour proférer des insultes en tahitien sur une tombe. Il disait ‘tu es le diable’. Il n’a pas toute sa tête. »
Interpellé, l’homme a reconnu les faits et être saoul lors du passage à l’acte. Interrogé par les gendarmes sur les raisons de son geste, il a déclaré les ignorer. L’homme n’est ni antimilitariste, ni antinucléaire. « C’est une bonne chose, ça a donné des sous à la Polynésie », a-t-il déclaré lors de son audition. Il aurait effectué son service militaire à Moruroa.
« J’étais en colère contre ma vie»
À la barre, le SDF de 43 ans à la longue silhouette et au visage émacié s’exprime bien et se tient droit et digne. « J’étais en colère contre ma vie (…) j’ai préféré m’en prendre à des biens matériels plutôt qu’à quelqu’un. » Il explique que ce dimanche, il avait bu un litre de vin et deux bouteilles de bière. Il a déclaré vouloir travailler au cimetière pour réparer le mal qu’il a fait.
Pour le procureur de la République, Hervé Leroy, ces explications sont un peu courtes. « Votre acte a provoqué un émoi profond au sein de la population. Il s’agit de profanation de tombes, et qui plus est de militaires qui ont servi les armes de la République. Ici au fenua, on a encore le respect de certaines valeurs et des autorités. Au regard de vos antécédents, je réclame à votre encontre 12 mois de prison dont six mois avec sursis avec obligation de soins et mandat de dépôt. »
Pour elle, son client est quelqu’un qui n’a pas eu de chance. « Vous avez posé des questions pour savoir s’ il était en colère après la France, l’armée etc… et il vous a dit non. Il a eu un coup de blues un dimanche après-midi, mais cela sans en vouloir à quelqu’un. Juste après sa vie. On s’attendait à un sale type et on a affaire à quelqu’un, peut-être pas tout à fait sain d’esprit, mais qui n’a pas eu de chance dans la vie. »
Après avoir délibéré, le juge Léger l’a déclaré « coupable, mais compte tenu de votre situation et que vos actes sont liés à un état d’alcoolémie et non à un acte raciste, je vous condamne à huit mois de prison avec sursis à un travail d’intérêt général de 240 heures plus des obligations de soins. »