Paris (AFP) – François Fillon a assuré dimanche qu’il ne se laisserait pas « intimider », défendant avec émotion son épouse Penelope, soupçonnée d’emplois fictifs, et a décliné son programme libéral pour lutter contre « le chaos français ».
En meeting à Paris, sous les encouragements des « Fillon, président » et « on va gagner » scandés par les militants, le candidat de la droite à la présidentielle a assuré qu’il avait « le cuir solide », mais a demandé « qu’on laisse (sa) femme en dehors de ce débat politique », après les révélations cette semaine du Canard enchaîné sur des emplois supposés fictifs de son épouse.
« Plus que ma personne, qui est dans le viseur », « c’est une haute idée de la France qu’on veut abattre en vol », a lancé l’ancien Premier ministre au tout début d’un discours de plus d’une heure, devant plusieurs milliers de personnes (plus de 15.000 selon le candidat) lors d’un grand meeting à La Villette, à Paris.
« À travers Penelope, on cherche à me casser. Moi, je n’ai peur de rien, j’ai le cuir solide. Si on veut m’attaquer, qu’on m’attaque droit dans les yeux, mais qu’on laisse ma femme en dehors de ce débat politique », a poursuivi M. Fillon.
À leur arrivée main dans la main dans la salle bondée, M. et Mme Fillon avaient été ovationnés par les militants Les Républicains. Aux cris de « Penelope, Penelope », Mme Fillon, les yeux embués, s’était vu offrir un bouquet de fleurs.
« On ne m’intimidera pas », a assuré le candidat, après avoir fait applaudir Alain Juppé, son adversaire de la finale de la primaire, assis au premier rang, et exprimé une « pensée » pour Nicolas Sarkozy.
Critiqué pour la radicalité de son programme économique et social, qualifié de « thatchérien » par ses détracteurs, M. Fillon a revendiqué son credo libéral tout en prenant soin de s’adresser « à tous les Français ». « Je veux parler pour les chômeurs, pour les sans-grade, les sans carnet d’adresses, les courageux, tous ceux pour qui le changement est une opportunité de casser le plafond de verre qui fige leur destin. »
Affirmant vouloir « le meilleur pour la solidarité », il a promis de revaloriser les petites retraites, une promesse développée le jour même dans un entretien au Journal du Dimanche.
– Non à ‘l’assistanat universel’ –
Le candidat LR a récusé les critiques les plus virulentes sur sa volonté de supprimer 500.000 postes de fonctionnaires et de réformer l’assurance maladie. « Je suis l’ennemi de la bureaucratie, mais je ne suis pas celui des fonctionnaires », a-t-il assuré. Quant à la Sécurité sociale, il a répété qu’il « agirait en concertation avec les professionnels de la santé », sans s’étendre sur le sujet.
M. Fillon n’a pas manqué de tacler le « revenu universel », socle du programme de Benoît Hamon, favori face à Manuel Valls du second tour dimanche de la primaire organisée par le PS. « C’est l’assistanat universel », a-t-il jugé.
Le candidat de la droite a aussi réclamé dimanche « une justice ferme et rapide », avec une règle « parfaitement claire pour les délinquants »: « un délit » nécessite « une sanction ».
Ce meeting s’est tenu alors que la très discrète épouse du candidat est soupçonnée d’emplois fictifs comme collaboratrice parlementaire de son mari, puis de son suppléant, et comme salariée de la Revue des Deux Mondes, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière, ami de l’ex-Premier ministre.
Des « boules puantes » selon M. Fillon, qui veut que l’enquête ouverte par le parquet national financier puisse faire taire « les calomnies » et qui assure qu’il n’y a « pas le moindre doute » sur la réalité du travail de son épouse, dont personne ne semblait pourtant être au courant.
Et M. Fillon pourrait être inquiété par une autre affaire, celle des caisses occultes de sénateurs de l’ex-UMP.
Avec ce « Penelopegate » potentiellement dévastateur dans l’opinion, la situation du candidat de la droite est devenue carrément périlleuse, alors que les portes de l’Élysée lui semblaient grandes ouvertes il y a quelques semaines encore. En coulisses, certains dans son camp se demandent même s’il pourra aller jusqu’au bout.
M. Fillon s’est cependant félicité dimanche de la « démonstration de force » manifestée par les militants LR lors de son meeting parisien.
© AFP Eric FEFERBERG
François Fillon, le 29 janvier 2017 à Paris