ACTUS LOCALESSOCIÉTÉ En Nouvelle-Calédonie, la vie en tribu diminue au profit des zones urbaines Outremers360° 2023-01-04 04 Jan 2023 Outremers360° L’ISEE a réalisé une enquête sociale, démographique et économique sur la vie en tribu. On en retient que si un Calédonien d’origine kanak déclare vivre en tribu, ce mode de vie qui fonde la société mélanésienne, est en train d’opérer un profond changement. Détails de nos partenaires d’Actu.nc/ NC NEWS et Outremers 360°. « En trente ans, depuis les accords de Matignon et la provincialisation », nous dit l’ISEE, « la population sur terres coutumières s’est développée trois fois moins vite que dans les zones urbaines ou rurales. Ainsi, le poids des tribus a diminué de 29 % à 22 %. En 2019, la moitié des Kanak vit en tribu contre 62 % en 1989 ». Au total, 60 000 des 270 000 personnes habitant la Nouvelle-Calédonie vivent en tribu, de manière générale on constate au fil des ans que les Kanak sont de moins en moins nombreux à vivre en tribu. L’emploi, cause première Essentiellement, c’est la recherche d’un travail et d’une source de revenus fixes qui conduisent à quitter la tribu pour la ville ou l’agglomération. « L’emploi des personnes qui vivent en tribu n’a que peu progressé depuis trente ans, souligne l’enquête, et l’écart s’est nettement creusé avec le reste du pays : le taux d’emploi n’a en effet augmenté que de 2 points (40 % en 1989 contre 42 % en 2019) pour les résidents en tribu, contre + 8 points sur l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie ». Dans le même temps, en trente ans, le taux de chômage en tribu a augmenté de 2 points. « Les habitants des tribus rencontrent des difficultés spécifiques pour accéder à l’emploi formel », précise l’enquête qui détaille : « l’éloignement des bassins d’emploi et les contraintes liées au déplacement qui en découlent, la complexité du développement de projets économiques sur les terres coutumières, mais l’absence de qualification reste le principal facteur d’exposition au chômage ». Et des chiffres confortent cette appréciation, ainsi 4 chômeurs sur 5 en tribu n’ont pas le baccalauréat, et surtout la moitié des jeunes de 16 à 29 ans qui vivent en tribu ne sont pas en emploi, ni en études ni en formation ! Dans ces conditions, les jeunes ayant suivi des études et en particulier les filles et les femmes, sont les plus nombreux à quitter la tribu pour s’installer en ville. Ce qui a pour conséquence que « les tribus se caractérisent également par leur sur-masculinité », souligne l’enquête. « En effet, au sein de la communauté kanak, les femmes sont majoritaires hors tribu (53 %) et minoritaires en tribu (48 %). Les jeunes femmes kanak, très souvent plus diplômées, quittent davantage le milieu tribal que les jeunes hommes kanak ». A toutes ces considérations s’ajoute la question de l’équipement des tribus. Il a certes progressé depuis 30 ans, toutefois un quart des ménages vivant en tribu, soit 4 500 familles n’ont ni eau ni électricité ! Ces données peuvent donc marquer un changement intervenu au sein de la société kanak sur ces trois dernières décennies, en particulier dans le fait que la coutume ne s’exprime pas, plus ou mal dans un environnement urbain. Ce qui n’est pas sans poser de réels problèmes et doit conduire les institutions coutumières, davantage que les politiques d’ailleurs, à questionner la société kanak sur son devenir et celui de sa culture. Une tribu L’enquête a cela d’intéressant qu’elle apporte des données géographiques et démographiques sur ce qu’est une tribu. « Une tribu », précise l’ISEE, « abrite en moyenne 180 personnes mais les situations sont très diverses. Ainsi, environ un tiers des tribus compte moins de 100 habitants, un autre tiers entre 100 et 200 habitants et le dernier tiers plus de 200 habitants. Une cinquantaine de tribus comptent moins de 50 habitants. Ces très petites tribus sont en général situées dans des zones éloignées des bassins d’emploi et difficiles d’accès ». Si l’on excepte Saint-Louis (1 500 habitants), située dans l’agglomération de Nouméa et dont le statut coutumier n’a jamais été clairement défini, une quinzaine de tribus est habitée chacune par 500 habitants ou plus, et regroupe 17% de la population tribale totale. En partenariat avec Outremers 360°. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)