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En Nouvelle-Calédonie, les entreprises « ne pourront pas toutes se relever »

Si le bilan des saccages causés par les émeutiers est en cours, les premiers chiffres ont de quoi donner le tournis. Près de 150 sociétés totalement détruites, des dizaines de milliards de dégâts et probablement plus d’un millier d’emplois perdus temporairement ou définitivement. Dans ce contexte, l’économie calédonienne ne pourra jamais se relever sans « soutien extérieur » estime le Medef. Un reportage de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

Ces carcasses de voitures brûlées à perte de vue, Marie les connaît trop bien. Pourtant, impossible de détourner son regard de ce spectacle de désolation. « Je n’arrive même plus à réfléchir. Je n’ai plus les mots. J’ai tout vu partir en fumée en vidéo depuis chez moi, glisse cette salariée d’une concession automobile ravagée par les émeutiers. Entre collègues, on est une famille, mais elle est détruite aujourd’hui. On essaie de se remonter le moral mutuellement, mais on fait face à l’incertitude pour nos emplois. On pense à toutes ces sociétés qui sont dans notre situation. »

En une poignée d’heures, des centaines de millions de francs de dégâts ont été causés au sein de ce concessionnaire. Et ce n’est que l’une des innombrables entreprises détruites ou pillées lors de ces exactions qui n’en finissent pas.

S’il est trop tôt pour quantifier l’ampleur de ces destructions, qui se poursuivent encore en ce sixième jour d’émeutes, le secteur économique n’a pas attendu pour créer une cellule de crise et s’est déjà réuni avec les institutions pour tenter de commencer à évaluer l’ampleur de la crise qui s’annonce. Selon le Medef, entre 100 et 150 sociétés ont d’ores et déjà été « totalement détruites » dans l’agglomération, sans même prendre en compte celles pillées et dégradées. Une seule certitude : la situation est « inédite » dans le pays et aura des « effets ravageurs » pour toute la Nouvelle-Calédonie.

© Anthony Tejero / LNC

« On ne pourra pas tous se relever »

Certains représentants du secteur, dont la CCI (Chambre de commerce et d’industrie), estiment que les dégâts pourraient, pour l’heure du moins avoisiner les 25 milliards de francs. Un montant qui semble réaliste pour Mimsy Daly, estimant entre 100 millions et 2 milliards de francs le coût des destructions pour chaque entreprise. « La brutalité de ce qui s’est passé est inimaginable. Le préjudice matériel et moral pour tous ces employés et entrepreneurs est énorme. On commence tout juste à réaliser tant il y a de sidération, confie la présidente du Médef, selon qui au moins un millier d’emplois ont été touchés, dont une partie définitivement perdus. On est conscients qu’on ne pourra pas tous se relever de ça. »

Ces émeutes, qui éclatent alors que le pays traverse sa crise du nickel la plus grave, menaçant déjà des milliers de travailleurs, ne vont que précipiter davantage encore le Caillou dans un marasme économique, mais également social. Car ces saccages auront également des conséquences indirectes très lourdes sur les comptes de la Nouvelle-Calédonie, déjà dans le rouge. « Ces pillards viennent de priver le pays de ressources fiscales essentielles en réduisant drastiquement l’impôt sur les sociétés, les cotisations sociales et patronales, sans oublier la TGC qui va s’effondre s’il n’y a plus de consommation, liste, on ne peut plus inquiète, Mimsy Daly, pour qui « l’économie calédonienne ne pourra jamais se relever sans intervention extérieure. »

« On repart d’une page blanche »

C’est la raison pour laquelle, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, réunira les assureurs « la semaine prochaine » afin de « garantir une indemnisation rapide et juste » des dégâts causés par les violences sur le Caillou, a annoncé vendredi son cabinet, qui tenait également à affirmer le « soutien » de Bercy aux élus et au monde économique.

Toujours est-il, « on repart d’une page blanche en Calédonie et tout est à reconstruire, conclut Mimsy Daly. Les prestations ne pourront plus être les mêmes. Il faut s’attendre à des modifications profondes du fonctionnement de la Nouvelle-Calédonie. »

Anthony Tejero pour les Nouvelles Calédoniennes

© Anthony Tejero / LNC

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