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En panne physique à Paofai, le centre culturel choisit la voie numérique

Le consortium Parc architectes / A. Maramarama / Polynésie Ingéniérie / F. Casanova / Peutz / Neoenergie avait été retenue pour mener le projet en mai 2017.

Le pays a chargé la Maison de la culture de développer deux plateformes numériques, le portail culture.pf ainsi qu’un « Netflix des archives patrimoniales », TahitiVOD. Une façon d’anticiper la naissance du Centre culturel de la Polynésie, dont la construction à Paofai continue de buter sur des complications juridiques.

Une « préfiguration numérique ». C’est ce qui attend le Centre culturel de la Polynésie. Un temps annoncé pour une ouverture en 2021, ce projet devait sortir de terre à quelques pas du parc et du temple Paofai, le long de la rue du Commandant Destremeau, à la place de l’ex-parking de TNAD et des magasins voisins. Dans les 3 700 mètres carrés de colonnades et d’ombrières du projet retenu, des espaces d’exposition pour « dynamiser la création et l’expression artistique », des lieux de rencontre et de travail pour « développer une réelle économie autour de la culture en Polynésie », un auditorium… Mais surtout une grande médiathèque et bibliothèque, qui « triplerait » les superficies dédiées de la Maison de la culture, et permettrait de « garantir à tous un accès vivant, ludique et connecté à la lecture et à l’ensemble des supports de connaissance et d’information ».

Projet bloqué : « ça ne nous empêche pas de travailler »

Sauf qu’outre le parking et bureaux administratifs, trois magasins sont toujours en activité sur le site de construction. Le Pays est bien propriétaire, mais il avait dû racheter aux exploitants les années de baux commerciaux restants. Et l’un d’eux, un magasin de meubles, a contesté ces démarches, « à la dernière minute » d’après le gouvernement. Résultat : une procédure judiciaire qui dure et un « grand projet » en panne sèche. « Je trouve dommage que ce projet soit aujourd’hui bloqué, mais ça ne nous empêche pas de travailler », tempère le ministre de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu. L’idée : développer dans la sphère numérique, en attendant que le site physique soit dégagé, le contenu que ce centre doit promouvoir. Le Pays ne part pas de zéro en la matière. Les programmes de numérisation des ouvrages et des archives ont été lancés voilà plusieurs années, un travail d’identification des contenus audiovisuels a permis de recenser 8 000 heures de contenus disponibles. « On est allé chercher tout ce qui est libre de droit pour partager ces contenus avant même de poser la première pierre, reprend le ministre. Là, par exemple, j’ai missionné quelqu’un qui est en train de travailler sur les archives de métropole, aux Archives nationales de l’outre-mer notamment. Il faut qu’on continue ce travail d’alimentation ». 


Portail de la culture et Netflix du patrimoine

Reste à partager et à mettre en valeur ces contenus numériques. La Maison de la culture – TFTN, partenaire logique du projet de centre culturel même si l’articulation des deux sites n’est pas encore précisée, dispose pour ça d’une plateforme existante, et assez mal connue du grand public : mediatheque-polynesie.org. Un site lancé en 2016 – déjà dans l’optique de la création du Centre culturel de la Polynésie – mais dont l’architecture serait déjà « obsolète ». Le conseil des ministres a donc acté, mercredi, l’idée de faire d’une pierre deux coups : refonder cette base de données pour la transformer peu à peu en grand portail d’entrée virtuelle dans le monde de la culture polynésienne. « Culture.pf », c’est son nom, doit être lancé en fin d’année, voire même dans « le courant du deuxième semestre » si la préparation continue à bon rythme. D’après Yann Teagai, directeur de TFTN et donc pilote du projet, la plateforme permettra de venir « brancher » des podcasts, des webradios, d’autres outils numériques ainsi que des sites tierces. Comme celui du Hiro’a, journal d’information culturelle financé par le Pays et qui gagnerait lui aussi à être plus visible en ligne. Culture.pf devrait aussi être « interconnectable » à d’autres bases de données, dont celle de l’UPF, qui utilisera la même architecture.

Dans le même temps, le Pays a chargé TFTN de lancer, dès le mois d’avril cette fois, une plateforme spécialisée dans la vidéo. TahitiVOD doit être un « Netflix polynésien des archives patrimoniales », assure le directeur de l’établissement. On pourra y trouver des vidéos anciennes de l’Institut de la communication audiovisuelle de Polynésie française (Ica), de RFO ou des films réalisés par des personnalités du monde de la culture comme Henri Hiro ou John Mairai. « Tout ce qui fait partie de notre patrimoine audiovisuel », résume Yann Teagai.

Quant au centre culturel physique, rien n’indique que le projet puisse être relancé rapidement. Le gouvernement ne s’avance pas sur l’issue des procédures judiciaires, mais surtout, beaucoup de temps et d’inflation sont passés depuis les appels à projet de 2016/2017. La construction du centre, hors taxes et équipement, était un temps estimée à 2 milliards de francs. Elle coûterait aujourd’hui beaucoup plus pour le même projet. Pour éviter des ennuis contractuels, le Pays a gelé tous les appels d’offres liés au projet. Et commencé à approcher l’État pour « actualiser » sa participation, chiffrée en 2019 à 480 millions de francs.

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