Un peu plus d’un an après son lancement, la nouvelle compagnie domestique « navigue à vue mois après mois », comme le confirme son directeur général délégué Raitini Rey dans une lettre adressée aux salariés. Des retards de paiement ont été accumulés à la CPS, le versement des salaires du mois de mars a dû être décalé et, après une réunion des délégués du personnel ce mardi, le conseil d’administration devrait être convoqué pour parler de l’organisation de la direction, de stratégie et de restructuration de capital.

« Nous sommes confrontés à une situation qui retarde notre capacité à procéder au paiement des salaires avant le 31 de ce mois ». C’est l’annonce qu’a faite le directeur général délégué d’Air Moana, Raitini Rey, à l’ensemble des salariés, dans une lettre datée du jeudi 28 mars. La missive, révélée par nos confrères Tahiti Infos, officialise ce que beaucoup, dans le milieu de l’aérien et au delà savaient déjà : la nouvelle compagnie « navigue à vue mois après mois ». Pour preuve : seuls 50 000 francs a pu être versés avant le weekend de Pâques aux salariés du fait d’un manque de trésorerie. « Nous travaillons sans relâche pour régler le solde restant des salaires dans les meilleurs délais, et nous espérons achever ce processus au plus tard le lundi 8 avril » précise dans sa lettre l’ancien Président directeur général de la compagnie.

Un conseil d’administration en préparation…

Difficile d’estimer la gravité de la situation de la société, entrée en opération en février 2023, tant ses dirigeants sont discrets depuis le milieu d’année dernière. D’après nos informations, Air Moana a aussi accumulé des retards de paiement de cotisations auprès de la CPS, et l’état de ses déficits oblige les actionnaires à envisager une nouvelle restructuration du capital. Un conseil d’administration est prévu à la de cette fin de semaine, durant lequel doit aussi être abordée la question de la direction de la société. Depuis le mois d’octobre, Raitini Rey est directeur général délégué à l’exploitation, au développement et aux ressources humaines, aux côtés de Christian Vernaudon, directeur général délégué aux finances et au marketing commercial, sous la présidence de Olivier Jean Bréaud, aujourd’hui PDG d’Air Moana.

La situation de la compagnie anime les discussions depuis de longs mois dans le milieu économique. Sur le plateau de Radio1 la semaine passée, Manate Vivish, qui n’est plus, depuis ce 1^er avril, directeur général d’Air Tahiti, estimait que le nouvel opérateur et ses deux avions avait enregistré, sur l’année 2023, « des pertes équivalentes » à la compagnie historique et sa douzaine d’appareils, à savoir entre « 1,5 et 2 milliards de francs ». Le dirigeant sur le départ ne prédit que deux issues possibles à la guerre des prix actuelles sur le marché domestique : une réduction de flotte et donc un plan social chez Air Tahiti, ou une disparition pure et simple d’Air Moana.

…Et des rencontres avec les représentants du personnel dès ce mardi

Pas de commentaires sur cette vision de l’avenir, ni de démenti des chiffres, depuis, du côté du jeune concurrent. La direction semble réserver ses premières déclarations officielles à ses salariés. Ce devrait être pour ce mardi. Raitini Rey a invité les délégués du personnel dans l’après-midi pour « faire le point sur notre situation actuelle et les perspectives pour l’année à venir ». Le futur d’Air Moana est aussi un sujet hautement politique, puisque Moetai Brotherson et son ministre des Finances Tevaiti Pomare ont plusieurs affirmé que le gouvernement ferait tout pour « favoriser la concurrence » dans le transport aérien interîles.