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« En Polynésie, on retrouve vraiment du sens à notre métier »

Mathieu Desetre, DG de la Polynésienne des Eaux, Didier Vallon, directer général outre-mer de Suez, et son successeur Renaud Camus.

Le nouveau directeur général Outre-mer de Suez Eau France, et président de la Polynésienne des Eaux, son prédécesseur Didier Vallon et le directeur général de La Polynésienne des Eaux à Tahiti, Mathieu Desetres, ont fait le point sur les activités et les projets du groupe Suez en Polynésie.

Eau potable, assainissement et traitement des déchets : La Polynésienne des Eaux est sur tous les fronts, et compte bien y rester. Avant que Didier Vallon, directeur général Outre-mer de Suez Eau France, ne prenne sa retraite, il a accompagné son successeur Renaud Camus dans une grande tournée de deux semaines des activités de l’entreprise. Présente au fenua depuis 1992, la Polynésienne des Eaux travaille de plusieurs façons : délégations de service public, concessions, affermage ou encore prestations externes pour des régies communales, et formations des équipes locales.

Des solutions plus modernes pour l’eau potable

L’eau potable est encore un luxe dans beaucoup de communes. La Polynésienne des Eaux espère remporter le marché de potabilisation du réseau de Atuona, à Hiva Oa, dont l’attribution devrait être connue dans trois semaines. L’entreprise propose des « unités compactes décentralisées » de traitement, quasiment préfabriquées, comme celles de Moorea que les responsables marquisiens ont visité, explique Didier Vallon.

Aux Tuamotu, la problématique est celle de l’éparpillement, « Il y a une nécessité d’avoir une approche globale, sur un plan économique et surtout dans l’organisation de l’exploitation », poursuit Didier Vallon, car l’organisation par commune qui découle du CGCT est un obstacle. Sur le plan technique, « les technologies ont évolué » vers les osmoseurs solaires, qui « ne sont plus aussi gourmands en énergie » et facilement modulables. Pour citer un exemple, sur les Kiribati, nous avons remporté un appel d’offres pour 27 unités de ce type. »

Assainissement : « Les 4/5es des Polynésiens sont raccordés à un système non conforme »

La Polynésienne des Eaux veut à présent « s’attaquer essentiellement à l’assainissement non collectif (83% des foyers, ndr) qui est forcément extrêmement complexe à remettre aux normes et qui devra s’étaler sur un grand nombre d’années. Aujourd’hui, les quatre cinquièmes des Polynésiens sont raccordés à un système d’assainissement non conforme, qu’il soit collectif ou non collectif, ce qui engendre des impacts sur le milieu naturel important. 43% des plages sont non conformes à la baignade », rappelle Renaud Camus.

La première étape serait de faire un vrai bilan. Dans l’assainissement non collectif, il y a trois enjeux, poursuit-il : la conformité des installations, avec « des drains qui n’ont pas la bonne longueur, ou rien du tout et on rejette directement dans le caniveau. Deuxième sujet, c’est l’entretien des fosses individuelles, pour lequel on est absolument convaincu qu’il y a besoin d’organiser un service industriel pour que ce soit fait de façon régulière et à un coût compétitif. Et le troisième point qui est extrêmement important, c’est ce savoir ce qu’on fait avec les produits de curage de ces fosses. L’autre point à régler, c’est ce que doit faire l’autorité compétente, à quelle fréquence doivent être faits le contrôle et l’entretien ? Pour l’instant, c’est très flou. On dit que la collectivité a la charge de faire le contrôle, mais on ne dit pas comment, on ne dit pas avec quels moyens. » 

Gestion des eaux pluviales : « éviter de bétonner partout »

La gestion des pluies et leur rétention est « très compliquée, en raison de la forte pluviométrie. Ça nécessiterait des infrastructures phénoménales, des réservoirs, des canalisations de très gros diamètre. Pour moi, la meilleure solution localement, c’est de réduire l’imperméabilisation des sols, donc d’éviter de bétonner partout, et d’entretenir préventivement les réseaux », dit Mathieu Desetres.

Par ailleurs, La Polynésienne des Eaux a noué un partenariat avec Mama Natura qui souhaite la mise en place à titre expérimental d’un filet de capture des déchets dans une embouchure ; ce type de dispositif « va nécessiter beaucoup d’études » notamment pour évaluer le risque d’inondation en amont si le filet se remplit trop vite lors des fortes pluies.

Déchets : des projets de « valorisation énergétique »

La Polynésienne des Eaux, qui gère le CET de Bora Bora et est sous-traitante d’Enviropol pour les lixiviats du CET de Paihoro, a aussi « des projets de valorisation énergétique avec des nouvelles technologies ». Car elle estime qu’on peut faire mieux que le recyclage local du verre et des pneus. Avec toujours le problème d’échelle : en dehors de la zone urbaine de Tahiti, les unités de valorisation actuelles, surdimensionnées, ne seraient pas rentables. Un projet pilote en métropole pourrait changer la donne en Polynésie, dit Didier Vallon.

Face aux défis que représentent les collectivités ultramarines, Renaud Camus estime que « en prenant la direction de l’outre-mer, on retrouve tout le sens de notre métier. » Il met en avant la palette de solutions que peut apporter l’entreprise : « Dès qu’on nous sollicitera, on répondra présent. La Polynésie nécessite énormément de sur-mesure et de flexibilité, que ce soit sur les schémas contractuels ou les solutions techniques. »

 

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