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« En Polynésie tous les coups ne sont pas permis » répond Virginie Bruant à Éliane Tevahitua

©MB/Radio1

La loi sur l’emploi local votée en 2019 a fait l’objet d’une question orale de l’élue Tavini, Éliane Tevahitua, à l’assemblée lors de la séance de ce jeudi. Elle y fait allusion à une « immigration » croissante de « métropolitains expatriés ». C’est la ministre du Travail elle-même, en poste depuis le mois de février, qui y a répondu avec fermeté. « Vous ne pouvez pas inventer des chiffres, qui plus est en période électorale » a déclaré Virginie Bruant, accusant Éliane Tevahitua d’user « d’amalgames et de mensonges » et de « s’autoproclamer madame la vertu »

Lire aussi : Loi sur la protection de l’emploi local : le gouvernement se hâte lentement 

L’élue du Tavini à l’assemblée Éliane Tevahitua a posé une question orale au gouvernement mardi 10 mai au sujet de la loi sur l’emploi local, en soulignant que celle-ci n’est toujours pas applicable alors qu’elle a été votée en novembre 2019, soit juste avant la crise Covid. En préambule de cette question, elle évoque un phénomène d’immigration dont l’ampleur « ne cesserait de croître » en faisant référence à des « métropolitains qui s’expatrient ». Ce matin la ministre du Travail lui a répondu en séance plénière. Précisant « qu’elle n’est pas raciste », l’élue Tavini restait sur sa position à la sortie de l’hémicycle : « vous constatez comme moi au magasin ou partout ailleurs, qu’il y a quand-même beaucoup de popa’a qui sont arrivés chez nous avec des familles entières ». Un discours alarmiste, remis en question par les chiffres erronés qu’il contient comme l’a souligné la ministre du Travail.

« La réalité des chiffres ne vous intéresse pas »

« Tout n’est pas permis en Polynésie française », dit Virginie Bruant. Elle estime qu’Éliane Tevahitua fait usage « d’amalgames et de mensonge » en inventant des chiffres, l’assimilant à Marine Le Pen. Elle reprend donc ces chiffres en les précisant : ce sont seulement 9 150 personnes venues de métropole qui se sont installés en Polynésie entre 2012 et 2017 et non 12 000 comme l’écrit Eliane Tevahitua, y compris des enfants de couples polynésiens. Elle interpelle aussi l’élue Tavini qui ne parle pas des départs de la Polynésie dans son propos : « ils s’élèvent à 1 100 personnes par an entre 2012 et 2017 soit 5 500 en cinq ans » précise Virginie Bruant. Pour en finir avec les chiffres, elle rappelle que le solde migratoire de la Polynésie est négatif, ce qui signifie qu’il y a plus de personnes qui la quittent que de personnes qui s’y installent. Une tendance qu’on pourra vérifier avec le recensement de la population cette année. « Mais la réalité des chiffres ne vous intéresse pas » conclut-elle. « Vous ne pouvez pas inventer des chiffres », qui plus est « en période électorale forte » assène la ministre qui a pris ses fonctions seulement au mois de février. Elle estime qu’il s’agit d’une « manipulation grossière ».

Une question politique 

Concernant la volonté du Tavini de « protéger les Polynésiens les plus démunis et de leur assurer un avenir dans notre Pays », la ministre a tenu à rappeler que son interlocutrice n’avait « pas le monopole de la défense des Polynésiens » mais que le gouvernement avait une approche « diamétralement opposée » à la sienne. La ministre du Travail a terminé en revenant sur leurs multiples actions pour soutenir la reprise économique – « plus de 7 milliards d’aides à l’emploi « – pendant la pandémie et ainsi créer de l’emploi avant de penser à le protéger. Elle assure que tous ses services s’emploient à ce que cette loi puisse entrer en application « dans les délais qu’ils se sont fixés ».

« Madame la vertu prise en flagrant délit de mensonge et de manipulation » 

Pour conclure sa réponse qui a duré plus de 5 minutes, la ministre du Travail a insisté sur la notion d’éthique : « En Polynésie j’ai le regret de vous dire que tous les coups ne sont pas permis, alors respectons-nous un minimum. En tout cas mon éthique m’interdit ces bassesses. Vous, si prompte à sans cesse donner des leçons à tout le monde, ou à vous autoproclamer madame la vertu, prise en flagrant délit de mensonge et de manipulation : c’est moche et cela ne vous honore pas ». Virginie Bruant a également rappelé que les gouvernements du Tavini lors de la période du Taui, ont eux aussi recruté des « cadres issus de l’État »… signifiant à Éliane Tevahitua que ses collègues étaient « plus ouverts d’esprit qu’elle ».

La question posée au gouvernement fait également allusion à la directrice de cabinet de la ministre du travail, cadre d’Air France « débauchée à 20 000 km », une question à laquelle la ministre rappelle avoir déjà répondu au mois de mars. Deux personnes se disant PNC de la compagnie sont venues interpeller la ministre avec véhémence à la sortie de l’hémicycle, celle-ci n’a pas souhaité leur répondre face aux caméras.

 

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