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Énervé de ne pas avoir sa paie, ni de paka, il se défoule sur sa femme

Heimana T., un résident du quartier Erima à Arue, a été condamné aujourd’hui en comparution immédiate à 12 mois de prison dont 6 mois de sursis probatoire assorti d’un mandat de dépôt. Samedi, énervé de ne pas encore avoir perçu son salaire et en manque de paka, il a passé ses nerfs en frappant violemment sa conjointe qu’il a ensuite menacé de tuer avec un couteau de cuisine. 

« Il n’y a pas eu de dispute. Je m’étais énervé tout seul car je n’ai pas touché mon salaire. Je suis le seul, mes collègues ont été payés. Et comme je suis à sec…je me suis énervé. » Si Heifara a le poing leste et des difficultés à communiquer autrement que par la violence, il faut lui reconnaître la franchise comme une de ses qualités. « Vous avez reconnu les faits et sans les minimiser, c’est rare« , note la présidente du tribunal. « L’audition de Monsieur est encore plus effrayante que celle de Madame. »

Samedi, à Erima, Heimana T. auto-alimente sa tension en raison de son salaire qui n’a pas encore été versé, et parce qu’il n’a pas de paka sous la main. « Quand je ne fume pas de la drogue, je suis énervé », explique-t-il à la barre du tribunal. « Vous avez arrêté de fumer pendant 5 ans parce que vous aviez signé à la croix bleue, et madame se faisait quand même taper« , note la magistrate. Reste que la cocotte-minute finit par exploser. La présence de sa sœur, enceinte de 7 mois, son frère handicapé et de son fils de 9 ans n’empêche Heimana T. d’utiliser son punching-ball préféré quand il a besoin de se défouler : sa conjointe. Après un coup de pied aux fesses, il la tire par les cheveux pour la jeter au sol où il lui assène plusieurs coups de poings au visage : « je frappais fort, elle avait mal », a-t-il détaillé aux gendarmes, et des coups de pieds dans les côtes. La victime s’est vu prescrire une ITT de 20 jours en raison de deux côtes fracturées, une entorse cervicale et plusieurs contusions au visage. Pas de quoi calmer Heifara qui part en cuisine chercher un couteau avant de venir se positionner au dessus de sa moitié en la menaçant « Je vais te tuer », joignant le geste à parole en mimant des coups de couteaux sur sa bien-aimée. Tout cela sous les yeux des témoins : « Ils étaient dans un coin, ils avaient peur et pleuraient, alors j’ai arrêté. »

« La loi est plus forte que toi »

Si Heimana n’a pas un casier chargé, avec des condamnations anciennes et sans rapport avec ces violences, sa conjointe explique la récurrence des coups reçus, « parfois plusieurs fois par semaine » , »parfois avec un tuyau ou un bout de bois« . Elle n’est pas la seule à subir les crises de nerfs violentes de Heifara. Son fils, son frère handicapé, sa grande sœur ou sa nièce ont déjà essuyé des coups. Sa femme n’a jamais porté plainte et ce sera la dernière fois, elle est décidée à retourner vivre avec ses enfants dans son île natale aux Australes. « Je ne vais plus recommencer, cela m’a fait réfléchir à toutes mes bêtises. Il faut que j’arrête de fumer de la drogue. Je veux réparer tout, je veux redevenir le meilleur de moi-même« , promet Heifara.

« Ce dossier est bien affligeant et bien malheureux, pas seulement pour ces faits où la violence a culminé mais pour le comportement de Heifara depuis des années. Il est dommage qu’il n’y ait pas eu de plainte plus rapidement. Il aurait fait un stage pour apprendre à communiquer avec sa femme et savoir qu’il risquait d’aller à Nuutania. La justice ne découvre cela qu’aujourd’hui et 20 jours d’ITT, c’est très sérieux. Quand on commence à casser les os de sa femme, on dépasse un stade« , remarque le procureur, agacé par les victimes choisies par le prévenu. « Tu ne t’es pas attaqué à un taure’are’a supérieur à ta force. La loi, elle, est plus forte que toi. »  Selon le magistrat, les violences subies par Heifara durant son enfance ne sont pas une excuse et auraient même du servir de leçon. « Pourquoi tu crois que ton enfant à des difficultés à l’école, qu’il n’arrive pas à suivre ? C’est à cause de cela. » Et il requiert 12 mois de prison dont 6 avec sursis et la possibilité de d’être placé en semi-liberté pour continuer à profiter de son CAE à la mairie de Arue.

Des réquisitions suivies par les juges qui ont obligé Heifara à suivre des soins avec un psychologue et qui a désormais interdiction de se rendre au domicile de la victime.

 

 

 

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